les citations
tir n. m.
I.◆ 1.◆ (t. milit.) tir (obligatoire) n. m. Exercices de tir annuels auxquels doivent participer les citoyens aptes au service militaire, et qui ont lieu en dehors des périodes normales de service. Aller faire ses tirs (obligatoires). L’affiche des tirs obligatoires. Exercices de tir obligatoire. Organiser les tirs obligatoires. Il y avait eu un tir ce jour-là. ⇒ école de recrues ; élite ; landsturm ; landwehr ; milice 1 ; place I ; répétition (cours de ‑).
1 « Mais ni ces fleurs, ni la vitrine des cigarettes, ni l’affiche des tirs militaires obligatoires ne me rassurent […]. » J. Chessex, Reste avec nous, 1967, p. 17-18.
2 « Pourquoi […] a-t-on séquestré le mousqueton de J. B. ? Parce qu’il s’est cru obligé d’effectuer encore ses tirs obligatoires et parce que, à cette occasion, il s’est trompé de stand de tir [v. ci-dessous III] et a confondu les cibarres* avec les agents du fisc. » La Dzapate (journal de carnaval, VS), 1977, éd. rouge, p. 4.
3 « La Société de tir des Sous-Officiers et Soldats organisera les tirs obligatoires samedi 10 juillet dès* 8 heures au stand de tir [v. ci-dessous III] des Plaines-Roches, à Neuchâtel. » Courrier neuchâtelois, 7 juillet 1993, p. 4.
4 « Dans un arrêt publié lundi, le Tribunal fédéral* a décidé que les allégements d’assainissement de ces installations [les stands de tir] ne doivent être accordés qu’à des conditions restrictives. Seuls les intérêts de la défense nationale, notamment la tenue des tirs obligatoires, justifient l’octroi de telles facilités, a décidé la Haute Cour. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 9 février 1994, p. 15.
↪ V. encore s.v. courber ; grader ; jouer 3 ; landwehr ; pilier public ; roi (du tir).
I. 2.◆ (t. milit.) livret de tir n. m. Document militaire individuel dans lequel sont consignés les exercices de tir effectués par son détenteur. ⇒ livret de service Remarques.
5 « Les tireurs sont priés de se munir du livret* de service et du livret de tir. » Le Pays, 22 mai 1976, p. 4.
6 « Les tireurs doivent se présenter munis des livrets de tir et de service* ainsi que de leur arme personnelle. » Courrier neuchâtelois, 7 juillet 1993, p. 4.
II.◆ tir n. m. (parfois écrit avec une majuscule). Manifestation de nature ludique et festive dont l’événement central est un concours de tir, et lors de laquelle on boit et mange, élit un roi* de tir, distribue des prix, participe à des bals et assiste à des concerts, etc. Fête de tir ; concours de tir ; société de tir. Tir en campagne ; tir de district* ; tir cantonal* ; tir fédéral*. Courir les tirs. Un trophée de tir. Tir au porc, où l’on peut gagner un porc bouchoyé*. ⇒ abbaye ; roi du tir.
7 « Au fur et à mesure que l’été éteignait ses feux pour céder sa place aux douceurs de l’automne, les fêtes, elles, commençaient à se faire rares. Alors qu’à l’époque des nuits chaudes et agréables après la touffeur du jour, il n’était pas un dimanche qui ne fût réservé à un tir, à une fête sportive, l’approche de l’automne diminuait le nombre de réjouissances dominicales. » A.-L. Chappuis, Quand la grêle et le vent, 1960, p. 52.
8 « Grande fête champêtre / Samedi 26 mai 1973 et dimanche 27 mai 1973 à l’occasion du Tir en campagne. » Le Démocrate, 26 mai 1973, p. 7.
9 « Dans ma jeunesse, je me suis mêlé, non sans mélancolie, à la foule. J’ai fréquenté les fêtes populaires, participé à des jeux, aux processions religieuses, aux offices pontificaux, aux concours de gymnastique et de tir. » G. Borgeaud, Le Voyage à l’étranger, 1974, p. 119.
10 « La Saint-Jean ne se fêtait que dans l’extrême nord du Jura vaudois, dans une zone qui descendait au sud jusqu’à Sainte-Croix, où la fête de tir locale continue d’avoir lieu le jour de la Saint-Jean. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 195.
11 « Les 7 et 8 août, quinze tireurs sont allés défendre les couleurs de la Société militaire de Blonay [VD] au Tir cantonal* nidwaldien* de Stans. » Feuille d’Avis de Vevey, 14 août 1976, p. 4.
12 « Tir en campagne du 3 au 5 juin 1977 / Morat-Burg [FR] / Programme / Vendredi dès* 20 h. Bal avec l’orchestre S. C. / Samedi Soirée récréative avec diverses attractions, suivie d’un bal […] / Tombola […] / Dimanche Concert-apéritif avec la Société de musique de la Ville de Morat. » La Liberté, 3 juin 1977, p. 6.
13 « Il sortit de sa poche un petit papillon de verroterie et le fit briller sous la lumière de la lune. […] – Je l’ai gagné au tir de la Fête des Croisettes, quinze jours avant de te connaître. Je voulais l’avoir ce papillon, sous les lampes je voyais étinceler ses perles… J’ai bien visé, tac… » C. Bille, Œil-de-Mer, 1989, p. 162.
14 « La section des sous-officiers du Val-de-Ruz s’est distinguée lors du tir cantonal* de Schwyz à Einsiedeln. » Courrier neuchâtelois, 7 juillet 1993, p. 3.
15 « […] les tirs fédéraux*, dont la fondation remonte à 1824 (à Aarau, d’ailleurs) et qui ont lieu depuis à un rythme annuel, bisannuel ou, au pire, trisannuel, obéissent déjà à un rituel assez complexe et quasi immuable. Pour simplifier, c’est le Comité central organisateur du dernier Tir qui en remet le drapeau au comité central organisateur du Tir suivant, lequel le remettra… » L’Hebdo, 9 septembre 1993, p. 98.
III.◆ stand [stɑ̃] 🔊 (de tir) n. m. Bâtiment aménagé pour le tir à la cible. Les stands de tir de la place* d’armes. On ne peut pas dormir ici le dimanche matin, on est toujours réveillé par le bruit des stands de tir. ⇒ cibar(r)e ; ciblerie.
16 « Il avançait lentement. Quand il passa devant le stand de tir, seule bâtisse au milieu des champs, il chassa involontairement une buse solitaire qui s’était posée sur le faîte du toit sitôt après le passage de la mère Rubattel et de Max. » A.-L. Chappuis, Quand la grêle et le vent, 1960, p. 218.
17 « Mais ici on a toujours aimé l’armée, et même lorsqu’on en rit on a le pincement de cœur quand la troupe défile, quand bat le tambour ou claquent les coups de mousqueton dans les stands, le dimanche matin, entre les chopes de Cardinal [= marque de bière] à la cantine* et l’odeur de poudre qui imprègne déjà le bon complet. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 73.
18 « Aucun souffle ne vient caresser la pente nue avec ses habits d’arbre par terre. Bientôt, des cibles s’y dresseront. Le crépitement des armes étouffera les bruits familiers, séculaires, des hommes. Au-dessous, le stand de tir, noir, cubique à toit plat. » A. Layaz, Malvallée, 1976, p. 66.
19 « [titre] Le plus grand stand du Valais / Après la construction d’un stand annexe pour courtes distances, sa capacité s’élève actuellement à 32 cibles à 300 m, 10 cibles à 50 m et cinq cibles à 25 m. Les constructeurs ont voué un soin particulier à l’esthétique et à la qualité phonique absorbante […]. Le stand de Vérolliez est doté d’un magnifique local qui recevra sans doute la visite aussi bien de celui qui fêtera sa réussite, que de celui qui a eu moins de chance. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 22 juin 1976, p. 15.
20 « Ancien géomètre cantonal*, M. F. C. est resté très attaché à la région montheysanne* et fréquente encore régulièrement les stands de tir de la région. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 22 novembre 1976, p. 3.
21 « Une bonne quinzaine des quelque 40 stands de tir du canton* de Neuchâtel sont visés par la législation fédérale* contre le bruit. Pour six ou sept d’entre eux, l’assainissement serait tellement coûteux ou problématique qu’une fermeture menace. » L’Express, 14 juin 1994, p. 11.
22 « Dès la sortie de Schwyz, la route serpente en direction de Muotathal [SZ]. Soudain une détonation claque dans la pluie et le brouillard. Un pneu éclaté ? Non : un coup de feu. Le stand de tir est en service. L’armée de milice* en civil s’exerce à défendre le pays en général et la Suisse centrale en particulier. » Le Nouveau Quotidien, 18 août 1994, p. 11.
↪ V. encore ci-dessus I 1 et s.v. approchant ; ciblerie ; lisier.
Remarques. La prononciation [stɑ̃] 🔊 s’emploie aussi pour les autres sens du mot.
IV.◆ (rare) tir-pipes ; (courant) tire-pipes n. m. Dans une fête foraine, stand où l’on tire à la carabine sur des pipes en terre (ou, de nos jours, sur toutes sortes de cibles) pour gagner des prix. Les tirs-pipes / tire-pipes des fêtes foraines.
23 « Elle voit […] des manèges de chevaux de bois, des baraques foraines, des tir-pipes [sic]. Ah ! c’est qu’on peut s’amuser ce jour-là ! » A. Rivaz, Sans alcool, 1961, p. 131.
24 « Ah ! la belle fête ! nous avons tout vu, tout fait, tout mangé, tout bu ! […] les gaufres, les nougats, la barbe-à-papa, les confettis, les tire-pipes, la voyante… » Fr.-Ch. Gehri, Un Sou d’or, 1974, p. 136-137.
25 « Et il y avait la musique clinquante et bariolée autant que les peintures sur le visage des grosses femmes qui distribuaient et tendaient les fusils en riant dans les tire-pipes. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 206.
26 « L’homme à la redingote avançait entre deux rangées de baraques pleines de bruits et de lumières, de claquements des fusils des tire-pipes. » C. Bille, La Maison Musique, 1977, p. 122.
27 « Dix-huit forains seront présents, précise le commissaire R., de la police municipale : carrousels*, manèges, autos, kartings, tire-pipes, et la sensation annoncée, la montgolfière de M. B., de Lyon, dont l’aire d’envol sera située derrière la caserne. » L’Est vaudois, 1er septembre 1977, p. 1.
28 « […] on entend la musique d’une foire, des carrousels*, des tire-pipes […]. » J. Chessex, Les Yeux jaunes, 1979, p. 127.
29 « Deux tirs-pipes exposent leurs statues de plâtre, leurs chromos épinard, les fleurs en papiers, leurs ours en peluche. » C. Bille, Le Pantin noir, 1981, p. 59-60.
30 « Les carrousels* voisinent avec le tire-pipes, les balançoires avec les jeux de massacre, la roue des millions avec les voltigeurs. » ChapuisBonfol, 1985, p. 13.
31 « […] les Poupées ! les douze ou seize poupées, géantes ou naines, solaires ou lunaires, paysannes endimancheés, voyageuses voilées, faces de cantatrices, poupées-chiens, grosses mariées en blanc d’une devanture de tire-pipes […]. » M. Chappaz, Le Livre de C, 1986, p. 95.
32 « […] comme il y a 2 ans, la salle sera utilisée et prolongée par une cantine*, ce qui donnera la possibilité aux carrousels*, balançoires, autos tamponneuses et autres tire-pipes, de s’installer sur la place du Collège. » Journal du Nord vaudois, 28 février 1995, p. 13.
(en contextes métaphoriques) tire-pipe n. m. Front, à la guerre ; (par ext.) carnage. Envoyer des soldats au tire-pipe.
33 « Personne ne peut raisonnablement s’apitoyer sur le sort de cet homme qui, durant près de quinze ans, a livré régulièrement des secrets militaires importants à l’une des plus grandes puissances étrangères. […] En conservant le commandement de 30 000 hommes qu’il aurait pu, en cas de guerre, envoyer allègrement au tire-pipe […]. » L’Illustré, 22 juin 1977, p. 22.
34 « Le scandale fut bruyant quand on se décida à demander aux chasseurs de jouer leur rôle essentiel, celui de prédateur. Mais tant dans le canton* de Neuchâtel que dans le canton* de Vaud, la chasse, limitée et très contrôlée, n’a pas dégénéré en un navrant “tire-pipe”. » Trente Jours, avril 1978, p. 43.
Commentaire. I.1. Statalisme pan-helvétique non attesté à date ancienne au fichier CD. Dans l’armée suisse, I 1 correspond à l’all. obligatorische Schiesspflicht n. f., à l’ital. tiro obbligatorio n. m. (v. Petralli 1990), et au romanche tir obligatori n. m. (PledariGrond 1993). – Had 1983 (> Nic 1990). — I.2. Correspond à l’all. de Suisse Schiessbüchlein n.n. — II. Premières attestations : 1849 (tir fédéral, v. LengertAmiel) ; 1860 (tir cantonal, ibid.). D’après le dernier exemple cité ci-dessus sous II, les tirs fédéraux existeraient depuis 1824. Il semblerait toutefois qu’anciennement, on connaissait plutôt ce type d’activité sous le nom de tirage (v. Pier s.v.). — III. Régionalisme de fréquence, originaire de SR mais intégré au français de référence depuis 1884 (v. FEW 17, 218b, stand II 1). Correspond à l’all. Schiessstand n. m. (v. PledariGrond pour les nombreux équivalents romanches proposés). – GuilleNeuch 1829-32 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; « nom, dans la Suisse, des endroits disposés pour un tir » LittréSuppl 1877 ; TappoletAlem ; Pier. — IV. Première attestation : 1907, sous la forme tir de pipes, seule attestée chez C.-F. Ramuz (« Auprès de ce carrousel*, les tirs de pipes étaient des endroits calmes. » Les Circonstances de la vie, p. 87 [éd. de 1967]). La forme tire-pipes est sans doute due à une analogie avec l’expression équivalente du français de référence casse-pipe(s) (v. TLF), le substantif tir ayant été réanalysé comme un verbe, dans une construction de type « verbe à l’ind. prés. 3e pers. du sing. + subst. COD ». On remarquera que casse-pipe connaît aussi les sens métaphoriques de “zone de combat”, “danger de mort au combat”, ce qui pourrait avoir influencé l’emploi romand.
Bibliographie. Pid 1983, 1984 (> Nic 1990) ; Lengert 1994 ; ArèsParler 1994.
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