milice n. f.
1.◆ armée de milice n. f. Armée composée de citoyens soldats rapidement mobilisables grâce à de fréquentes
périodes d’instruction. ⇒ élite ; landsturm ; landwehr ; répétition (cours de ‑) ; tir I.
★ Le système de milice est une composante essentielle de la spécificité de l’armée
suisse. Chaque citoyen-soldat garde son équipement personnel (uniforme, matériel personnel,
arme à feu, munitions) à son domicile.
1 « L’engagement de près de 10 millions de francs, 18 500 hommes, 3200 véhicules, 300
chars de combat, 80 avions et 24 hélicoptères pour cinq jours de manœuvres se justifie-t-il
encore dans le cadre de l’entraînement d’une armée de milice “sous-équipée” ? » Le Nouvel Illustré, 24 novembre 1976, p. 10.
2 « Dans un discours à Olten, en décembre 1994, K. V. lui-même avait déjà envisagé de
descendre jusqu’à 300 000 hommes. Depuis, la réflexion à ce propos n’a jamais cessé.
À Paris et à Bonn où il s’est rendu en début de semaine, A. O. a pourtant fait comme
si de rien n’était. Il s’est livré deux fois à un plaidoyer vibrant pour l’armée de milice, “culturellement et politiquement irremplaçable dans un pays comme la Suisse” [en italique dans le texte]. Malgré ces propos convenus, le Département* sait qu’il doit s’attendre à des échéances difficiles. » L’Hebdo, 28 février 1996.
↪ V. encore s.v. tir III.
Remarques. En Belgique, la milice désignait le service militaire et milicien, celui qui accomplissait son service (HanseNChasse 1974 ; MassionBelg 1987 ; Belg
1994). Ces termes sont maintenant désuets, la Belgique n’ayant plus qu’une armée de
métier.
2.◆ (par anal.) de milice loc. adj. Formé de non professionnels (parlement, gouvernement, administration, organisation,
etc.) ; non professionnel (pompier, etc.).
3 « La qualité moyenne des politiciens fait souci. Encore plus mal outillés que le Conseil* fédéral face au changement, passant leur première année sous la Coupole [= dans les salles
du Conseil* national ou du Conseil* des États] à apprendre leur métier et la dernière à lutter pour une éventuelle réélection,
la majorité d’entre eux ne sont, au mieux, qu’à moitié efficaces. Faut-il prolonger
la durée de leur mandat ? Augmenter à la fois leurs moyens et nos exigences à leur
égard ? La Suisse, on le sait, rechigne à renforcer son “parlement de milice”. Douteux conservatisme. Alors que même l’armée a choisi de se professionnaliser davantage,
on continue de privilégier en politique un dilettantisme qui sert les lobbies les
mieux organisés. » L’Hebdo, 16 mars 1995.
4 « Un élément spécifique à Schwytz accroît la méfiance des citoyens : le gouvernement
de milice ne fonctionne pas à plein temps. » Le Nouveau Quotidien, 17 mai 1995, p. 10.
5 « Ces conseillers [membres de diverses commissions] font partie de ce que l’on appelle
– dans le jargon fédéral* – “l’administration de milices”. » Le Nouveau Quotidien, 26 juillet 1996, p. 9.
6 « Christophe, 15 ans, fait confiance aux pompiers de milice : “Ils assument les conséquences du moment qu’ils se sont engagés”. » La Liberté, 9 avril 1997, p. 13.
7 « Nous avions environ trois cents correspondants locaux. Beaucoup d’instituteurs, de
secrétaires municipaux. Cette organisation de milice ne répondant plus à ce qu’on attendait, les rédactions régionales furent créées avec
l’engagement de journalistes professionnels. » 24 heures, 10 avril 1997, p. 3.
Remarques. Le système de milice ne s’applique pas seulement au Parlement fédéral ; on le rencontre
aussi dans certains gouvernements cantonaux, dans l’exécutif de la plupart des communes,
etc. — Cf. encore le dér. milicien, milicienne n. m., f. “membre d’un parlement non professionnel” (« Le système de milice ne doit pas être démobilisé. Mais le milicien doit pouvoir disposer de moyens appropriés à la fonction à laquelle il a été élu. » Le Nouveau Quotidien, 23 novembre 1994, p. 16).
Commentaire. Emploi spécialisé et institutionnel d’un mot du français général. Le mot milice avec le sens de “organisation militaire qui tient lieu d’armée permanente et où les citoyens enrôlés
ne sont astreints qu’à des périodes d’exercice déterminées” est att. depuis Lar 1874 ; le synt. armée de milices l’est depuis Lar 1963 (v. FEW 6, II, 82b, militia 1 b). Cf. GLLF 1975 s.v. milice 5 ; « Auj. Armée de milices, armée composée de citoyens appelés à faire des périodes d’instruction fréquentes,
dans les pays qui n’ont qu’une faible armée permanente : L’armée suisse est le type d’une armée de milices. ». On remarquera toutefois que dans l’usage romand, le mot milice est au singulier. Cf. all. de Suisse Milizarmee n. f. et Milizparlament n. n. (ainsi que les traductions proposées par le PledariGrond pour le romanche, resp. armada da milissa n. f., et parlament da milissa n. m.).
Bibliographie. PLi depuis 1989 ; DudenSchweiz 1989 ; PledariGrond 1993.
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