bouchoyer [buʃwaje] 🔊 v. tr.
1.◆ Abattre et dépecer (un porc, un veau, un lapin, etc.) pour en faire de la viande.
Bouchoyer un porc. ⇒ bouchoyade, bouchoyage.
1 « J’ai bouchoyé ce porc, je l’ai mis au sel pendant une semaine et voilà deux semaines que cette
viande est au fumoir. Hier, j’ai remarqué que cette viande avait une drôle d’odeur
et c’est pour cela que je vous demande une analyse du morceau annexé. » Le Sillon romand, 7 février 1975, p. 15.
2 « Le FC [= Football-Club] Soyhières organise son loto à l’Hôtel du Jura demain soir,
dès* 20 heures, et dimanche dès 14 h. 30. On a bouchoyé deux porcs. » Le Pays, 3 décembre 1976, p. 13.
3 « Une petite annonce insolite provoque quelque émoi du côté de Porrentruy depuis plusieurs
jours. Publiée dans Le Pays du mercredi 10 mars dernier, elle est libellée comme suit : “Je cherche des chats à bouchoyer. Tél…” Canular ? Il ne semble pas. Nous avons composé le numéro et demandé à notre interlocuteur
ce qu’il faisait des chats ainsi recrutés : “Mais je les mange, bien sûr !” La SPA, elle, a plus de mal à digérer l’histoire et a publié un communiqué indigné
dans la presse locale. » Tribune-Le Matin, 19 mars 1982, p. 3.
4 « Quoi qu’il en soit, à la mi-novembre, dans les fermes d’Ajoie, on “bouchoie”. Au lendemain de l’égorgement du cochon, on cuit poireaux et oignons auxquels on
ajoute un seau entier de sang de porc frais et un demi-seau de crème et d’épices. » Le Nouveau Quotidien, 12 novembre 1993, p. III.
5 « Dans la Broye, ils ne sont plus légion à “bouchoyer” à la ferme. Ceux qui pratiquent encore travaillent chez eux. » La Liberté, 15 février 1994, p. 9.
◇ (souvent à la voix passive)
6 « La viande offerte – trois génisses avaient été bouchoyées – a été achetée en un temps record. » 24 heures, 11 mars 1974.
7 « Chers amis tireurs, nous vous invitons à prendre part à notre traditionnel tir* de clôture. Afin de monter un magnifique pavillon de prix, un porc a été bouchoyé. » Le Pays, 8 octobre 1976, p. 5.
8 « INSPECTION DES VIANDES […] 3180 animaux furent bouchoyés dans l’abattoir de Delémont, dont 17 d’urgence. » Le Pays, 19 janvier 1977, p. 4.
2.◆ (en emploi absolu). Bouchoyer pour la Saint-Martin*. ⇒ (faire) boucherie.
9 « Les premiers jours de la semaine précédant Saint-Martin*, chaque famille paysanne “bouchoyait”, c’est-à-dire tuait un cochon que l’on avait engraissé à cette fin et dont le poids
variait entre 80 et 120 kilos. » J. Montandon, Le Jura à table, 1975, p. 55.
10 « [annonce] Pour vous, nous choisissons les plus beaux morceaux / parce que, pour vous
/ nous bouchoyons chaque semaine » Feuille d’Annonces du district de Boudry, 12 novembre 1976.
11 « Souvent, le paysan a passé une semaine chez un boucher pour y apprendre à bouchoyer lui-même, et il peut alors offrir ses services de boucher itinérant de ferme en ferme. » Coopération, 10 novembre 1983.
12 « Ayant appris son métier avec son père, M. Gilliéron allait bouchoyer de ferme en ferme pour l’entreprise familiale, ramenant son salaire à la maison.
[…] M. Gilliéron a bouchoyé (à peu de chose près) un porc par jour pendant plus de 50 ans. » Courrier du Vignoble, 29 novembre 1983.
3.◆ bouchoyé, ‑ée part. passé-adj. Dépecé et préparé (d’un animal que l’on a tué pour sa chair).
13 « Le porc, bouchoyé selon les prescriptions officielles, convenait parfaitement à ces estomacs oublieux
des lois mosaïques. » R. Molliex, Chantevin, 1972, p. 37.
14 « Vous plongerez dans ce bain les truites “bouchoyées” au dernier moment, et vidées. » J. Montandon, Le Jura à table, 1975, p. 120.
15 « À vendre / 1000 poules pour la soupe / Fr. 4.– pièce, Fr. 5.– le kilo bouchoyé. » Le Pays, 16 juin 1976, p. 12.
16 « Le chef boucher du Supercentre propose… / des quartiers de bœuf pour le congélateur
/ des porcs entiers ou en moitiés ou, mieux encore / bouchoyés / sur commande, évidemment. » Coopération, 4 novembre 1976.
Localisation. Très fréquent dans le Jura nord ; courant ailleurs en Suisse romande, sauf à Genève.
Remarques. En emploi absolu, moins fréquent que faire boucherie (v. s.v. boucherie).
Commentaire. Première attestation : 1561 (GPSR). Dérivé (suff. ‑oyer) original sur le radical de boucher, boucherie ; type également attesté dans les patois. Le français régional de la Grand’Combe
et de Pontarlier (Doubs) connaît aussi la forme bouchoyer, avec le même sens qu’en Suisse romande.
Bibliographie. GuilleDial 1825, p. 85 ; PeterVoc 1828 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; BonNeuch
1867 ; WisslerVolk 1909 ; Pier ; PierSuppl ; CollinetPontarlier 1925 ; FEW 1, 588a, *bucco- ; BoillotGrCombe 1929 ; GPSR 2, 593b-594b ; IttCons 1970, p. 40 ; GR 1985 ; ChapuisBonfol
1985, p. 51, 91, 93 ; Lengert 1994 ; GR 2001.
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