les citations
courber v. tr.
(arg. scol.) Manquer, ne pas assister à (un cours, une activité scolaire). Courber l’école, faire l’école buissonnière. Courber la gym, courber l’allemand, courber son cours de maths. ⇒ gatter.
1 « Il a courbé la leçon d’allemand pour assister à l’arrivée du Tour de France. » Enq. CD/II, juillet 1976 (BE Moutier).
2 « Le soldat M. H. de V. a froidement courbé le cours complémentaire qu’il devait effectuer avec son unité en 1976, de même que l’inspection d’arme et d’habillement et le cours de tir*. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 8 juillet 1977, p. 21.
3 « Le tournage se fait avec des caméras super 8 mm. et les auteurs peuvent, dès le lendemain, visionner leurs œuvres. De quoi courber l’école ! » Tribune-Le Matin, 23 mars 1979, p. 6.
4 « Les élèves fribourgeois peuvent “courber” les semaines sportives organisées par les écoles. Mais ils devront suivre les cours en lieu et place. » La Liberté, 18/19 juin 1983.
5 « Tu sais, Jacques, si mes élèves de 18 ans courbent tes cours, je m’en balance. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 17, 1994, p. 22.
6 « Son agresseur, condamné pour avoir “courbé” un cours de protection civile, avait comparu une première fois devant les juges en octobre dernier. » Le Nouveau Quotidien, 14 mars 1993, p. 3.
7 « À l’époque, je courbais neuf cours sur dix. Et alors ? J’avais des retenues, je n’y allais pas. Aucune importance. » L’Hebdo, 26 août 1993, p. 43.
8 « [titre] Miss Suisse 93 à l’école buissonnière / Pour remplir son nouveau rôle, P. F. devra courber les cours. » Le Nouveau Quotidien, 30 août 1993, p. 16.
9 « Et si je me faisais un mot d’excuse comme quand je courbais l’école ? » Le Nouveau Quotidien, 29 avril 1994, p. II.
↪ V. encore s.v. crevée ; dispersion.
(en emploi tr. abs.) Faire l’école buissonnière. Il n’était pas malade, il a courbé !
↪ V. ex. s.v. gatter.
(par ext.) Ne pas faire, ne pas respecter, négliger (une activité quelconque).
10 « Courber la sieste ? Vous n’y pensez pas ! » Tribune de Genève, 29 mai 1995, p. 44.
Localisation. Aux côtés de courber, connu dans toute la Suisse romande, on relève plusieurs termes équivalents dont l’extension est limitée à un ou deux cantons : Canton de Genève gatter (v. ce mot) ; Canton du Valais flûter (rare ; v. G. Clavien, Les Filles, 1973, p. 137) ; Canton de Neuchâtel biffer (Pier ; GottschalkSchülSpr ; aujourd’hui vieilli, v. AmezLex 1992, p. 51) ; Canton de Fribourg, Canton de Neuchâtel, Canton de Berne (Jura Sud) schwentser [ʃvɛntse] (« Là, juste à côté du café, au bord de la Sarine, il y a la ruelle […] où H. A. se cachait pour “schwänzer” les cours. » La Liberté, 23 août 1996, p. 11 ; v. encore Pier ; GottschalkSchülSpr ; GrafBern 1987) ; Canton du Jura (Jura Nord) biquer (« S’ils biquent, tu les inscris sur la feuille d’absence » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, Canton du Jura (Jura Nord) Ajoie], n° 17, 1994, p. 22 ; v. encore ChapuisMots 1988).
Remarques. Selon GR 1985 et 2001, le mot serait aussi un belgicisme ; or, si on le trouve effectivement dans HanseChasse, c’est en référence à l’usage suisse (Ø MassionBelg, FuchsBelg). Les étudiants belges brossent, les Français sèchent, et les Québécois lôfent ou skippent (BergeronQuéb).
Commentaire. Création de la langue scolaire ; première attestation : 1929 (v. EsnaultArg, qui cite un écolier vaudois). Motivation obscure ; le rattachement proposé par Esnault (courber “tuer”, sens attesté seulement en espagnol) ne convainc guère.
Bibliographie. GottschalkSchülSpr 1931 ; FEW 2, 1588b, curvare 1 ; EsnaultArg 1965 ; GPSR 4, 433a s.v. courber 4° (1965) ; IttCons 1970, p. 108 (> DFV 1972) ; TLF 6, 341b s.v. courber I C Rem. ; HanseChasse 1980, p. 70 ; BergeronQuéb 1980 ; Had 1983 ; GR 1985 ; PLi depuis 1989 ; NPR 1993 ; StRobert 1993, p. 43 ; GR 2001.
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