carrousel [kaʀuzɛl] 🔊, [kaʀusɛl] 🔊 n. m.
◆ Manège de chevaux de bois ; (par ext.) tout manège de fête foraine. Faire un tour de carrousel. Les chevaux de bois, les autos tamponneuses d’un carrousel.
1 « Cette première foire amenait toujours la foule. On venait de loin, de Savoie, du pays
de Vaud ; les forains installaient leurs boutiques ; un carrousel tournait ; une odeur de châtaignes rôties flottait au-dessus des puanteurs. » M. Zermatten, L’Été de la Saint-Martin, 1962, p. 46.
2 « Les places ont perdu leurs carrousels à soufflets dont Auberjonois admirait si fort les panneaux peints. On les a remplacés
par des machines hurlantes aux micros stéréophoniques qui se combattent dans une monstrueuse
injure à tout plaisir. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 261.
3 « […] après les jeux de l’après-midi et les courses circulaires sur les carrousels aux chevaux de bois, la fameuse collation rassemblait la marmaille autour d’un bol
de thé servi à pleins arrosoirs. » M. North, J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 134.
4 « Elle se promena encore sur la place des fêtes. Elle avait perdu ses amies, mais elle
avait besoin d’être seule. Elle contempla les carrousels ; sur un voltigeur, tournoyaient les larges cotillons de taffetas de deux Dames de
Sion. » C. Bille, La Demoiselle sauvage, 1974, p. 165.
5 « Au bord du lac il y avait, je ne sais pas pourquoi, un carrousel qui ne tournait pas, il n’y avait pas d’enfants, et c’était atrocement triste ces
chevaux de bois peint qui riaient pour rien de toutes leurs grandes dents blanches
[…]. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 205.
6 « Les kermesses de village commençaient par un culte matinal, puis c’était l’animation
des boutiques et des carrousels, avec les plaisirs de la danse. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 194.
7 « Hier après-midi, aux environs de 16 h 15, plusieurs enfants étaient montés sur un
carrousel de soixante places qui avaient été installé à Rive, sur les quais de Nyon. » Tribune-Le Matin, 7 juin 1976, p. 1.
8 « Souvent M. J. reçoit des offres d’achat pour son carrousel ; hier encore, c’était un touriste anglais qui voulait absolument acquérir le manège
[v. rem. ci-dessous], mais comme il n’est pas à vendre… » 24 heures, 7-8 août 1976, p. 9.
9 « [titre] BRADERIE / La ville d’Aigle en est déjà toute imprégnée, mais c’est demain seulement qu’éclateront
les premiers morceaux de musique, que démarreront les carrousels et toutes les festivités préparées pour tout l’Est vaudois. » L’Est Vaudois, 1er septembre 1977, p. 1.
10 « La fin de l’école vaut-elle un cortège, avec carrousels, jeux et musiciens en uniformes ? Difficile de trouver un jeune enfant qui prétende
le contraire. » Le Nouveau Quotidien, 10 juin 1994, p. 7.
11 « Carrousels d’autrefois, montagnes russes, attractions foraines, dont une grande roue de 44 mètres
de haut près de la cathédrale, attendent des milliers de visiteurs. » Le Nouveau Quotidien, 31 octobre 1994, p. 24.
Remarques. Dans l’usage suisse romand, manège est aussi utilisé comme synonyme de carrousel (v. ex. ci-dessus). — La prononciation [-sɛl] 🔊 pourrait être due à l’influence de l’all. Karussel n. n., de même sens (les att. de cette prononciation proviennent de FR, NE et BE, en bordure de la frontière linguistique) ;
toutefois, cette prononciation est très bien attestée en France même (six témoins
[cinq Parisiens et un Savoyard] sur dix-sept chez MartWaltPron ; DFC 1971 ; Voillat
1971 pour la Haute-Savoie ; PR 1977, 1984), ainsi qu’en Belgique et au Québec (par
infl. de l’anglais carrousel, également prononcé avec une sifflante sourde ?). — Le mot désigne, en français de
référence, une parade de cavaliers ainsi que le lieu où se donnait cette parade. Les
syntagmes carrousel à diapositives et carrousel à bagages, connus en Suisse romande, le sont aussi dans les autres pays francophones ; mais
leur apparition dans la lexicographie est très récente (Hachette 1987 ; DQA 1992 ;
NPR 1993). Enfin, on relève quelques emplois figurés, connotant la succession rapide
d’objets ou de personnes.
Commentaire. Archaïsme du français de référence (« vieilli » Lar 1960 ; « vx » GLLF 1971 et GR 1985 ; déjà en 1890, le puriste Plud’hun recommande d’éliminer carrousel au profit de chevaux de bois, ce qui suggère que le vieillissement du mot en France pourrait être antérieur d’env. 70 ans à sa prise en charge par les dictionnaires) ; on le trouve encore, outre en
Suisse romande, dans le Nord, en Haute-Savoie, en Belgique et au Québec. Cf. aussi cette attestation des Côtes-du-Nord : « la coquette au sourire facile, qui ne craignait pas, paraît-il, d’aller sur les carrousels avec les garçons les jours de foire. » (H. Pollès, Sophie de Tréguier, 1983, p. 92 ; att. transmise par J.-P. Chauveau). Le contact avec, respectivement, l’all. Karussel, le néerl. carrousel et l’angl. carrousel, de même sens, a pu contribuer au maintien du mot en Suisse, en Belgique et au Québec
(cf. aussi la note sur la prononciation, ci-dessus).
Bibliographie. PeterCacol 1842 ; PludFranç 1890, p. 11 ; Pier ; « tend à disparaître » BoillotGrCombe 1929 ; FEW 2, 436a, carrus II 3 ; GPSR 3, 124b ; Lar 1960 ; DagenaisDiff 1967 ; Voillat 1971, p. 234 ; GLLF
1971 ; DupréEnc 1972 ; HanseNChasse 1974 ; TLF ; PR 1977 ; Bélisle 1979 ; Pid 1983,
1984 ; PR depuis 1984 ; Hanse 1983, 1987 ; GR 1985 ; ChapuisBonfol 1985, p. 13 ; MassionBelg 1987 ;
FuchsBelg 1988 ; Hachette 1987 ; DQA 1992 ; NPR 1993 ; Lengert 1994 ; Belg 1994 ;
ThibQuébHelv 1996, p. 338 ; GR 2001.
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