merveilles n. f. pl. (rare au sing.)
![]() ![]() ◆ Pâtisserie à base d’œufs, de farine, de beurre et de crème, se présentant le plus
souvent sous la forme de disques très minces, boursouflés et très friables, frits
dans l’huile et saupoudrés de sucre glace. S’empiffrer de merveilles. ⇒ biscôme ; boule de Berlin ; bricelet ; carac ; cuchaule ; cuisse-dame ; salée ; striflates ; taillaule ; taillé aux greubons ; tresse.
1 « Les merveilles sont des gâteaux ronds, croquants, dorés, que l’on confectionne à la fin de l’hiver.
[…] Saupoudrées de sucre fin qui fait reluire leur or de grandes médailles frisées,
les merveilles éclairent les devantures des boulangeries, les bancs forains, la table des cuisines.
On les mange avec du thé, du vin blanc. » J. Chessex, Reste avec nous, 1967, p. 29.
2 « Ce qui, lors de la célébration du tir*, n’exclut pas les réjouissances, cortèges avec demoiselles d’honneur, banquets et
autres “verrées*” généreuses accompagnées de bricelets* ou de merveilles, offertes généralement par le roi* du tir, héros du jour ! » IttCons, 1970, p. 18.
3 « Chauffez la grande friture (qui doit si possible être composée de beurre fondu et
de graisse mélangés). Plongez-y les merveilles l’une après l’autre. Laissez-les bien dorer et sortez-les avec une écumoire. Laissez
égoutter quelques instants sur une grille. Saupoudrez de sucre glace et placez sur
du papier absorbant. Empilez les merveilles lorsqu’elles sont refroidies. » M. Vidoudez, J. Grangier, À la mode de chez nous, 1976, p. 173.
4 « Les “merveilles” ne se fabriquaient à l’origine que pour les fêtes de Carnaval, mais elles connaissent
un tel succès qu’on les vend aujourd’hui durant les six mois d’automne et d’hiver. » Rossel 1982, p. 97.
5 « Le dessert verra se succéder des pâtisseries d’une rare finesse : […] merveilles (ces dernières ont la particularité d’être étirées sur le genou des femmes), bricelets*, pain d’anis, etc. » La Liberté, 30 août 1991.
6 « Placez votre pâte dans un bol enfariné, recouvrez-la d’un linge propre et portez-la
à la cave où elle restera toute la nuit. Le lendemain, prenez avec une cuiller à café
de petites boules de pâte, de la grosseur d’une noix et formez, à choix*, des bandelettes que vous nouerez, des rectangles dentelés ou des ronds. La pâte
doit être étendue très mince. Si vous choisissez de faire des merveilles classiques, soit rondes, vous les étirerez encore sur votre genou, de façon qu’elles
soient fines, presque transparentes. » RecettesNeuch, 1993, p. 29.
◇ Merveilles genevoises, en forme de bandes de 15 à 20 cm de longueur, 2 cm de largeur, et quelques millimètres
d’épaisseur (v. M. Vidoudez, J. Grangier, À la mode de chez nous, 1976, p. 173).
Remarques. Dans le canton de Neuchâtel, on dit beignet au genou (« Quant au beignet au genou, c’est une spécialité très proche de certaines préparations vaudoises, fribourgeoises
ou valaisannes, cantons dans lesquels elles prennent généralement le nom de “merveilles”. » J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 211).
Commentaire. Première attestation en Suisse romande : 1761 (J.-J. Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse) ; première attestation en France : 1607 (Le Thresor de santé, ou Mesnage de la vie humaine, Lyon, J.-A. Huguetan, p. 36 ; att. communiquée par P. Rézeau). Technicisme du français général (terme de gastronomie,
de pâtisserie, de cuisine, etc. ; v. TLF), le mot appartient à l’usage courant dans
deux aires galloromanes où il est particulièrement répandu (mais correspond à des
référents légèrement différents) ; d’une part, en Suisse romande et en Savoie ; d’autre
part, dans le Centre-Ouest et le Sud-Ouest (où il est bien attesté dans plusieurs
parlers, v. FEW). Comme le signale P. Rézeau, « il est peu sûr que le mot et ses divers référents soient connus dans l’ensemble de
la France, mais les livres de cuisine contribuent à faire connaître les merveilles » (v. RézeauOuest 1984 s.v.) ; v. encore DRF. Dans la lexicographie française, seuls GR 1985 et 2001 donnent
le mot comme « rég. » ; GLLF 1975 le présente comme « vieux », marque inappropriée sans doute due à la citation de Rousseau. En Suisse, correspond
au suissal. Fasnachtschüechli n. n. pl. (all. de Suisse Fastnachtsküchlein), à l’ital. frittelle di carnevale n. f. pl., et au romanche patlaunas n. f. pl.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; HumbGen 1852 ; « Vaud » Bridel 1866 ; « pâtisserie génevoise [sic] » Littré 1867 (cite Rousseau) ; Lar 1874 (cite Rousseau) ; « les merveilles ne sont pas particulières à Genève ; on en fait aussi dans la Dordogne » LittréSuppl 1877 ; FrançJJRousseau, p. 53 ; OdinBlonay 1910, p. 345a ; Pier ; « terme suisse » Brunot 6, 1244 (cite Rousseau) ; Baldinger TraLiLi 4/1 (1966), p. 72 ; FEW 6, II, 144b, mĪrĀbilia I ; IttCons 1970 (> CuenVaud 1991) ; RézeauOuest 1984 ; GagnySavoie 1993 ; PledariGrond
1993 ; HDR ; DRF 2001.
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