syndic, syndique n. m., f.
1.◆ Premier magistrat d’une commune, maire. ⇒ président ; syndicature.
1 « Il y a dans chaque commune une municipalité, composée d’un syndic, qui en est le président, et de conseillers* municipaux, dont la loi fixe le nombre. » Constitution du canton de Vaud, art. 86.
2 « On me paie à boire, je bois. Je regarde boire, je bois. Le représentant passe, on
boit un verre. Je bois avec le syndic, avec le conseil, avec le gendarme, avec tous. “La cirrhose est la maladie spécifique du cafetier” dit le journal, j’ai le foie tout décomposé. » J. Chessex, Reste avec nous, 1967, p. 50.
3 « Il ne côtoie rien que du sérieux, du conseiller, du colonel, du syndic, du boursier*, exceptionnellement du pasteur. Et aussi du client, parce qu’il faut bien vivre. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, Lausanne, 1975, p. 51.
4 « Il y avait là André. Un vrai syndic vaudois, tel qu’on le conçoit : un homme de la terre qui a de l’accent et du cœur. » Le Sillon romand, 1975, p. 13.
5 « […] l’assemblée – où l’on reconnaissait notamment le préfet* P. M., de nombreux syndics du Grand District* et les directeurs des stations touristiques – a vivement animé la discussion. » L’Est vaudois, 18 juin 1977, p. 1.
6 « M. A. J. était le type même du syndic vaudois tel qu’on l’imagine volontiers : une certaine rondeur, un attachement viscéral
à son village et un bon sens qui est toute la sagesse des Vaudois. » 24 heures, 22 juillet 1977, p. 20.
↪ V. encore s.v. abbé-président ; appointé 2 ; appondre III ; ascender ; assemblée de commune ; boiton 1 ; boucler ; bourgeois I 1 ; boursier ; bouteiller ; chambre 1 ; chédail ; confédéral 1 ; Conseil général 2 ; conseiller général 2 ; conseiller municipal II 1 ; courtine ; dicastère ; emmoder 1 ; flûte ; foutimasser ; juge informateur ; miseur 1 ; municipal ; païen 1 ; pinte ; régent ; schmolitz ; schwyzerdütsch ; syndicature.
◇ (pour désigner une femme)
7 « On va peut-être voir si Madame le syndic a reconnu cette dame. » RSR, 30 septembre 1976.
8 « Mme C. P.-G. […] est élue syndic à la place de M. J. T. […], qui se retire après douze ans de présidence* de la commune. C’est la première femme qui devient syndic dans le canton* de Vaud. » Feuille d’Avis de Neuchâtel, 12 janvier 1977, p. 9.
9 « De fait, la syndique de Lausanne défend aujourd’hui l’idée d’une région “à deux vitesses”, qui dans un premier temps regrouperait les communes les plus proches du chef-lieu. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 4 avril 1993, p. 14.
10 « Ainsi, la syndique C. N. garde bien entendu l’administration générale mais abandonne l’instruction publique,
ainsi que la prévoyance sociale et les affaires culturelles pour reprendre les finances,
la police (sans le service du feu*) et les services industriels. » La Presse, 7 janvier 1994, p. 7.
◇ (énoncés métalinguistiques)
11 « Souriantes et déterminées, dynamiques et compétentes, les syndics nouveaux sont arrivés. Hormis le particularisme décrété par Y. J. pour elle-même,
l’appellation reste cependant masculine. Mmes les syndics n’en ont cure : on peut bien les appeler comme on veut ! » Femina, 6 janvier 1991, p. 11.
12 « “Madame, vous avez bien voulu […] interroger l’Académie française sur la possibilité
d’utiliser un éventuel féminin du mot syndic. La réponse est très nettement négative”. […] La décision de l’Académie française va convenir à nos lecteurs puisque la majorité
d’entre eux était du même avis. En effet, 65 % avaient répondu qu’ils préféraient
dire Madame le Syndic, 16 % Madame la Syndic, 14 % Madame la Syndique. » Vevey-Riviera, 10 janvier 1991.
13 « Alors, syndic ou syndique ? À Lausanne, Y. J. a opté pour la seconde solution. À Genève, il n’y a ni syndics ni syndiques, mais, officiellement, des officières et des cheffes* : début 1989, le Conseil* d’État a voté un règlement de féminisation de tous les titres et professions. » L’Hebdo, 17 janvier 1991.
Remarques. Cf. encore le comp. député-syndic n. m. “député qui est aussi syndic” (« Comme député-syndic de Vallorbe, M. A. J. a causé la surprise en écrivant […] qu’il était opposé à la
construction de la N9b, l’autoroute de Chavornay » 24 heures, 13-14 novembre 1976, p. 28) ; construction analogue à celle du français de référence député-maire.
2.◆ Dans certaines communes bourgeoisiales* ou municipales du Valais, personne à qui l’on confie des responsabilités au service
de la communauté.
14 « La guerre entre Bagnes et le Levron a été déclarée même avant la construction du bisse*, puisque les syndics de cette commune se sont opposés de toutes leurs forces à la réalisation de cette
entreprise. » Cl. Bérard, Bataille pour l’eau, 1976 (1re éd. 1963), p. 137.
15 « Le syndic de Lens n’est pas le syndic au sens vaudois du terme […] le syndic de Lens encave la vendange pour les besoins de la commune, du ménage communal. » RSR, 18 mars 1976.
Localisation. 1. 〈Canton de Vaud〉 et 〈Canton de Fribourg〉 (pour les autres termes cantonaux, voir s.v. président). — 2. 〈Canton du Valais〉.
Commentaire. Archaïsme du français central d’Ancien Régime (« la fonction et le nom de syndic furent abolis [en] 1789 » Zumthor dans FEW, d’après Brunot). En SR, il est documenté depuis 1315 à Genève (Pier),
où il désigne jusqu’en 1847 (avec une interruption de 1798 à 1813) chacun des quatre
magistrats qui gouvernaient la ville. Il est aussi documenté au xive siècle dans VS et depuis le xve siècle au plus tard dans VD et FR (fichier GPSR), sans que l’on puisse déduire des
textes la nature précise des fonctions d’un syndic. De manière générale, il s’agit toujours d’une personne responsable des affaires ou
d’une partie des affaires d’une bourgeoisie* ou d’une commune d’habitants. En tant que synonyme du fr. maire, le terme était en usage jusqu’au xixe siècle dans le Valais savoyard, ainsi que dans la Béroche (NE), avant d’être remplacé
par président. Aujourd’hui, il conserve le statut de statalisme cantonal dans VD et FR. Le sens
1 est cité comme helvétisme par la lexicographie française depuis 1877 (LittréSuppl,
qui ne le documente cependant que pour VD ; c’est Gdf qui le signale en premier comme
statalisme fribourgeois). TLF s.v. syndic C donne une citation de R. Töpffer censée illustrer le sens 1. En réalité, ce texte
concerne la Savoie où, avant l’annexion par la France en 1860, les maires portaient
également le titre de syndic. Usage qui est d’ailleurs resté vivant au Val d’Aoste (à part la parenthèse du régime
fasciste 1926-1945, pendant lequel le maire s’appelait podestà) ; cf. MartinAost 1984 qui, à juste titre, n’interprète pas le fr. syndic comme emprunt de l’ital. sindaco, mais comme archaïsme du français. Au sens 2, les précisions concernant certaines responsabilités communales du syndic en Valais sont données aussi bien par la lexicographie française que par la lexicographie
dialectale du Valais. Littré 1872 (> Lar 1875) mentionne (sans indication de source)
le sens de “fonctionnaire chargé de diriger l’irrigation, dans le Dauphiné et le Valais”. En Valais, on trouve pour le mot patois des précisions comme “directeur des travaux publics” (DelaloyeArdon 1964, p. 102 s.v. santeco), “huissier” (FavreSavièse 1960, p. 430a s.v. sinde̩kïe) ou “caissier de la commune” (FankhauserVd’Illiez 1911, p. 200a s.v. sãtǝko). Bien que l’emploi correspondant du fr. syndic ne soit pas explicitement attesté dans ces sources, il paraît toutefois légitimé
par son apparition dans certains textes (cf. les ex. cités ci-dessus sous 2).
Bibliographie. Littré 1872 ; LittréSuppl 1877 ; Gdf 7, 613c ; FrançJJRouss, p. 49 ; Pier ; Brunot 9,
1019 ; AhokasGenève, p. 275 s.v. santique ; FEW 12, 496a, syndicus 1 a α ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; MartinAost 1984 ; GR 1985, 2001 ; TLF ; Lengert 1994.
Pierre KNECHT
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