fendant n. m. (parfois écrit avec une majuscule)
1.◆ Chasselas à peau mince (variété de raisin blanc) ; cépage qui le produit. Des brantées* de fendant. Un plant de fendant. ⇒ amigne ; arvine ; humagne ; johannis(berg) ; païen ; rèze.
1 « On lui offrit des grappes de raisins verts encore mais déjà doux, aux grains allongés
comme les jolis petits orteils des danseuses dont parlait un poème dans l’un des livres
que le notable leur avait donnés. Il y avait aussi des grappes aux grains parfaitement
ronds et dorés. “C’est le chasselas !” dit-elle. “En Valais, on l’appelle le fendant. Vous le sulfatez combien de fois ?” – “Plusieurs fois”, fut la réponse. » C. Bille, Les Invités de Moscou, 1977, p. 97.
2 « Pendant longtemps, ces pieds de “fendant” n’ont été cultivés que dans le Bas-Valais, à la limite du Chablais vaudois. Ce n’est
qu’au milieu du siècle dernier, après le désastre du phylloxéra, que sa culture se
généralisa dans toute la haute vallée du Rhône. » J. Montandon, La Cuisine au fil du Rhône, 1977, p. 26.
3 « Pour les blancs, le recul du fendant (chasselas) est constant depuis dix ans et souhaitable, poursuit D. J. Il atteignait
2300 ha des surfaces cultivées il y a dix ans, il est descendu au-dessous à 1875 ha
aujourd’hui. On peut encore faire mieux, car c’est un vin qui est destiné surtout
à l’apéritif et que la transformation de la société va en diminuer encore la consommation.
Mais il n’est pas question de le faire disparaître. Diminuer dans une trop forte proportion
cet encépagement revient à minimiser la notoriété du plant. » 24 heures, 6 juillet 1994, p. 3.
2.◆ Vin blanc valaisan que l’on tire de cette variété de raisin.
★ Le fendant est le vin blanc de loin le plus répandu en Valais ; il y est considéré comme le
vin blanc ordinaire, par opposition aux vins blancs plus rares (⇒ amigne, arvine, humagne, païen, rèze) ; v. GPSR. Un ballon*, deux ou trois décis*, un demi* de fendant. Prendre un coup de fendant. Une bonne bouteille de fendant pour accompagner
la fondue, la raclette*.
4 « Et s’il fallait à ces curieux paroissiens une raison supplémentaire pour venir à l’église,
n’y a-t-il pas les demis* et les litres de fendant, le fameux blanc du cru, qu’on va boire après la messe, par tablées de quatre ou cinq,
dans les cafés […]. » G. Clavien, Les Moineaux de l’Arvèche, 1974 (1re éd. 1962), p. 70.
5 « Et j’ignore quand sont enfin arrivés chez eux les deux cuveurs de vin. Ils se réveillent.
Les haltes recommencent. Ils boivent. Ils tiennent des discours. Ils sont véhéments
et lilials [sic]. La douce pluie descend dans la poitrine, l’averse glissante du Fendant. Ils sont tout inondés. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 203.
6 « Quand ils redescendirent, la course les avait excités et elle mourait de nouveau de
soif. / – Nous irons jusqu’au village, dit-il. Tu boiras du fendant avec de la limonade, ça désaltère. / Jamais mélange ne parut si délicieux à la jeune
épouse qui penchait son visage pour recevoir les gouttelettes fines, projetées par
le gaz carbonique. » C. Bille, Juliette éternelle, 1971, p. 158.
7 « Mais il est, dans ce Valais si divers, une constante : elle s’appelle “fendant” ! Que ce soit dans les vergers de la plaine ou sur les plus hauts alpages*, dans le palace sophistiqué ou dans l’humble mazot*, le fendant est omniprésent. En channe*, en bouteille, en litre, ou tiré à même le tonneau, il représente le lien le plus
solide, le plus ferme, le plus permanent entre toutes ces régions diverses. Il est
le ciment, le commun dénominateur, le point de rencontre : le Valais, c’est lui ! » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 7.
8 « À tout seigneur tout honneur, débutons par le plus grand : le fendant [en italique dans le texte]. Ce grand vin est issu de la famille des Chasselas. Il a été introduit en Valais
au xviiie siècle. Gorgé de soleil, il est fruité et sec. Vin plein de tempérament, il convient
aussi bien à l’apéritif qu’à l’accompagnement de chaque repas. Chez nous, nous le
considérons avec autant de respect que le pain quotidien car il fait partie intégrante
de notre vie. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 131.
↪ V. encore s.v. amigne 2 ; arvine 2 ; ballon2 ; brisolée ; channe 1 ; dôle ; disposition (à ‑) ; foyard 2 ; guillon ; johannis(berg) ; reine 1 ; religieuse 1 ; rösti(s) 1 ; vacherin 2.
Remarques. Le mot du français général, chasselas, se rencontre à l’occasion (par ex. dans la langue des supermarchés) pour désigner le raisin ; mais le vin est toujours
appelé fendant.
Commentaire. Premières attestations : Montbéliard raisin fendant (fin xvie s., J. Bauhin, Historia plantarum cité dans M. Thom, Travaux de Linguistique et de Littérature 12/1 [1974], p. 137) ; Lausanne raisin fendant 1716, v. GPSR ; Vaud fendant n. m. “raisin” 1766, ibid. ; “vin tiré de ce raisin” 1899, v. Pier. Part. présent adjectivé et substantivé de fendre, ce type de raisin présentant une peau qui se fend sous la pression. Création autochtone
du français régional, reprise dans certains patois où elle constitue « un emprunt presque jamais adapté » (GPSR). Le mot a aussi été emprunté par les Suisses alémaniques (der Fendant).
Bibliographie. BonNeuch 1867 ; HumbGen 1852 ; LittréSuppl 1877 ; Lar 1901 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay
1910, p. 197a ; Pier ; Lar 1930 ; FEW 3, 549b, fĬndĔre ; Lar 1961 ; GLLF 1973 ; Lexis 1975 ; TLF ; Alpha 1982 ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; PLi depuis 1988 ; DudenSchweiz 1989 ; GPSR 7, 270b-271b ; Lexis 1992 ; NPR 1993 ; Lengert 1994
(qui interprète le mot à tort comme dialectalisme) ; GR 2001.
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