foyard [fwajɑ:ʀ] 🔊 n. m., fayard [fajɑ:ʀ] 🔊
1.◆ Hêtre. Une forêt de foyards. Abattre un fayard. Des foyards au feuillage vert vif. ⇒ arolle ; verne.
1 « Ce jour, sous la pluie qui vient de faire leur toilette, mes sapins sont beaux et
fiers ; avec leurs pousses vert tendre, ils ressemblent à des trimardeurs en habit
des dimanches ; ils sont lumineux, frais et narguent les foyards à demi gelés, qui, comme des intrus perdus dans un cortège, voudraient s’échapper
de leur masse. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 42.
2 « […] tout à l’heure, après midi, Jonas a raconté son rêve de la nuit dernière. Il a
vu des chevaux, des flamands, deux pelotons qu’on amenait sur place, autour de l’arbre,
et qu’on attachait à la plus grande scie du pays, deux pelotons bien répartis qui
avançaient, qui reculaient, fouettés jusqu’au sang, qui arrachaient l’immense foyard à ses racines, et qui, l’ayant ébranlé, puis tout à coup rompant leurs attelles,
s’échappaient droit devant eux, chassés par la peur de l’arbre qui commençait à tomber. » J.-P. Monnier, L’Arbre un jour, 1971, p. 191-192.
3 « Je voulais bien sortir, mais avec des êtres supérieurs, forts, beaux, capables de
toutes les subtilités. Penser à ceux qui m’entouraient était plutôt décourageant.
Je préférais témoigner ma ferveur, ma tendresse au fût glacé des foyards de la forêt, à la tardive fleur d’un pré. » G. Borgeaud, Le Voyage à l’étranger, 1974, p. 348.
4 « “Vous voyez comme le foyard jaunit entre les sapins ?” me dit-il tout à coup. » Construire, 2 novembre 1994, p. 46.
5 « Il [le promeneur] se surprend, en montant la falaise, à voir dans la cascade de Môtiers
ou dans les formes biscornues d’un foyard, une œuvre d’art tout aussi vendable que celles de U. B., J.-L. M. ou J. B. » Le Nouveau Quotidien, 26 juin 1995, p. 19.
2.◆ Bois de hêtre (souvent destiné au chauffage). Chauffer au foyard. Cinquante stères de foyard en quartiers. Acheter du fayard pour
le potager*. Un manche en fayard.
6 « Je jette encore des bûches de hêtre, de foyard dans le petit poêle par le portillon supérieur impossible à faire basculer les doigts
nus […]. » R.-L. Junod, Une Ombre éblouissante, 1968, p. 140.
7 « Au retour du convoi, les foyards faisaient scintiller la braise, de bonnes bouteilles de fendant* débouchées attendaient d’être servies. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 18 mai 1971, p. 19.
8 « La commune de Posieux [FR] met en vente par voie de mises* publiques, le samedi 26 janvier 1974 / 25 moules [= mesure de bois de chauffage]
de foyard / 17 tas de rondins / divers lots de branches. » Feuille officielle du Canton de Fribourg, 19 janvier 1974, p. 82.
9 « Les bois du sommet des coteaux fournissaient de nombreuses essences propres à façonner
toutes sortes d’objets aratoires. Les manches étaient en fayard, l’osier poussait tout au long des ruisseaux […]. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 70.
10 « Je me permets de vous envoyer une de mes saucisses à analyser ; elles ont été façonnées
par le boucher […] et fumées dans une ancienne cheminée avec du fayard sec. » Le Sillon romand, 7 février 1975, p. 8.
11 « Après la fabuleuse montée en flèche des prix du bois pendant la crise du pétrole (au
cours de l’hiver 73-74, le moule [v. ci-dessus] de fayard était monté à 200 francs), l’intérêt pour le bois avait encore persisté jusqu’à l’année
passée, mais cet hiver-ci, il semble bien retombé. » Tribune-Le Matin, 5 décembre 1976, p. 22.
12 « Foyard sec pour cheminée de salon ou autre, livré à domicile. » Contact week-end, 6 octobre 1994, p. 4.
Localisation. La forme fayard couvre essentiellement le canton de Genève et les régions limitrophes du canton de
Vaud ; foyard se rencontre dans le reste de la Suisse romande.
Remarques. L’équivalent du français de référence, hêtre, est aussi connu et employé en Suisse romande, en particulier dans la littérature,
où il s’avère beaucoup plus fréquent que foyard / fayard.
Commentaire. Premières attestations (en SR) : foyar 1746 ; fayard 1764 (Pier). Emprunt au français régional des départements français voisins ; type dérivé en ‑ard sur un représentant de lat. fagus. En français régional de France, le type foyard se rencontre dans les départements de la Haute-Marne, de la Haute-Saône, du Doubs,
de la Côte-d’Or et du Jura, ainsi que dans l’est de l’Allier ; fayard est attesté en Champagne, dans l’Ain, en Savoie, en Isère, dans les Hautes-Alpes,
en Provence, dans le Rhône et la Loire, dans l’Allier (nord et ouest), en Auvergne
et en Ardèche. V. aussi DRF s.v. fayard. — Type « foyard » : BrunFrComté 1753 ; SchneiderRézDoubs 1786 ; DeveleyVaud 1808, n° 244 ; MulsonLangres
1822 ; GuilleDial 1825, p. 19 ; GaudyGen 1827 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ;
CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; Littré 1865 ; BonNeuch 1867 ; BeauquierDoubs 1881 ;
« fouayard » OdinBlonay 1910, p. 189a ; CollinetPontarlier 1925 ; Pier, PierSuppl ; « [fwɛjaʀ] » BoillotGrCombe 1929, p. 171 ; BiseHBroye 1939, p. 304 ; FleischJonvelle 1951 ; SchüleListeLar
1978 ; « en Suisse » Lar 1979 ; DoillonComtois 1980 ; « mot usuel, le seul qui soit employé pour désigner cet arbre » RouffiangeMagny 1983 ; RobezVincenot 1985 ; « Bourgogne » RézeauBibl 1986 ; DurafHJura 1986 ; « Suisse » PLi depuis 1980 ; RouffiangeAymé ; TavBourg 1991 ; DromardFrComt 1991 ; DuchetSFrComté 1993 ;
RobezMorez 1995 ; OffScrabble 1995. — Type « fayard » : « on appelle ainsi le hêtre dans le Lionnois » Trév 1721—1771 s.v. fayart ; VurpasDuPinLyon (env. 1750) ; MolardLyon 1803 ; Dumaine 1810, p. 237 s.v. fouine ; GaudyGen 1820 ; DeveleyVaud 1824 ; GaudyGen 1827 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ;
MègeClermF 1861 ; ConstDésSav 1902 ; VachetLyon 1907 ; OdinBlonay 1910, p. 189a ;
PrajouxRoanne 1934 ; ZumthorGingolph 1962, p. 260 ; BonnaudAuv 1976 s.v. fau ; ManteIzeron 1982 ; « constant » TuaillonVourey 1983 ; GononPoncins 1984 ; « très vivant ; certains ne connaissent pas l’équivalent “hêtre” » GermiLucciGap 1985 ; « Bretagne romane [sic ; H. Bazin, né à Angers] et Provence » RézeauBibl 1986 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; « Midi » PLi depuis 1989 ; ChambonHSaône 1989 [1812] ; MartinPilat 1989 ; « mot d’emploi courant » DucMure 1990 ; MazaMariac 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; TamineChampagne 1993 ;
GagnySavoie 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; VurpasLyonnais 1993 ; FréchetMartVelay 1993 ;
PotteAuvergne 1993 ; ChambonMatAuv ; « globalement usuel » FréchetAnnonay 1995 ; FréchetAin 1998.
Bibliographie. Sources traitant les deux formes : « nom vulgaire du hêtre » Lar 1901, 1930 ; WisslerVolk 1909 ; FEW 3, 371b, fagus 1 ; « nom usuel du hêtre » Lar 1960 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; « nom régional du hêtre » GLLF 1973 ; G. Tuaillon, ColloqueDijon 1976, p. 18 ; TLF s.v. fayard (foyard en rem.) ; GR 1985 ; GPSR 7, 217a-218a ; DubuissBonBerryB 1993 ; Lengert 1994 ; DRF 2001
s.v. fayard ; GR 2001 s.v. fayard et foyard.
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