les citations
humagne n. m. ou f. (parfois écrit avec une majuscule)
I.◆ 1.◆ humagne (blanc, blanche). Ancien cépage blanc valaisan. ⇒ amigne ; arvine ; fendant ; païen ; rèze.
1 « Ces dernières années, la surface des “spécialités” s’est considérablement étendue et représente désormais près de 9 % du vignoble valaisan. Si l’humagne blanc, dont il ne restait que quelque 4000 m2 dans les années trente, semblait voué à la disparition, il a aujourd’hui reconquis plus de 60 000 m2. » Le Nouveau Quotidien, 1er octobre 1993, p. II.
↪ V. encore s.v. amigne 1.
I. 2.◆ Vin blanc que l’on tire de ce cépage, réputé pour ses vertus fortifiantes (en particulier pour les femmes qui viennent d’accoucher). ⇒ johannis(berg).
II.◆ 1.◆ humagne (rouge). Cépage rouge valaisan, sans lien génétique avec l’humagne blanc mais dont le raisin produit un vin aux propriétés similaires.
2 « L’humagne rouge [en italique dans le texte], cet ensorceleur, est, aux yeux de nos vignerons, un cépage autochtone qui n’est pas l’homologue de son homonyme blanc. Certains ampélographes par contre, voient en lui un descendant du vieux plant Oriou. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 135.
3 « Originaire du val d’Aoste, l’humagne rouge […] fut introduit en Valais vers 1820 par un charbonnier ! L’idée lancée de le rebaptiser “oriou” pour éviter toute confusion avec l’humagne blanc, avec lequel il n’a aucune parenté génétique, est restée sans suite. Cépage tardif réservé aux sols chauds graveleux, schisteux et calcaires du coteau, il donne un vin typé et corsé, à caractère rustique et sauvage marqué, robe rouge violacé et arômes de violette sauvage, de cassis et d’épices. Il se prête admirablement au vieillissement. » Le Sillon romand, 15 septembre 1994, p. 30.
II. 2.◆ Vin rouge que l’on tire de ce cépage, réputé pour ses vertus fortifiantes (en particulier pour les femmes qui viennent d’accoucher). ⇒ dôle ; goron ; salvagnin.
4 « Les accouchements se faisaient toujours à la maison et pour cause ! Sitôt l’enfant né, on donnait à boire à la mère, un verre de très bon vin rouge, de la Dôle* ou de l’Humagne, dans un gobelet en bois réservé à cette occasion… On estimait que les jeunes mères perdaient beaucoup de forces pendant leur grossesse et au cours de l’accouchement. » M. Métrailler, La Poudre de sourire, 1980, p. 193.
5 « Exactement en 1945, de Leytron, on expédie à Zürich [sic] des bouteilles portant l’étiquette “humagne rouge”, vin récolté à Saillon. » J. Nicollier, Les Propos de l’Ordre de la Channe n° 29, 1985, p. 29
6 « Son vin fétiche ? “L’humagne rouge : c’est un vin à l’image du Valaisan, un peu rustique, mais tout en finesse.” » Le Nouveau Quotidien, 1er septembre 1995, p. 22.
7 « Côté vins, les commensaux ont retenu un magnifique humagne rouge de G. K. et Fils (Salquenen), et l’étonnant “Grain de Malice”, une composition en vin doux de quatre cépages […]. » Le Nouveau Quotidien, 4 septembre 1995, p. 18.
Localisation. Référent originaire du Valais, plutôt mal connu dans le reste de la Suisse romande.
Remarques. On relève la graphie umagne chez C.-F. Ramuz (Chant de notre Rhône, 1920, dans Œuvres complètes, t. X, p. 13 [1967]). — Dans plusieurs cas, le contexte n’indique pas si l’on a affaire à l’humagne blanche ou rouge ; nous en avons réuni ci-dessous quelques exemples :
(cépage)
8 « Et les raisins muscats, au goût de musc qui attire tant les abeilles, poursuivait le curé, ne peuvent mûrir que dans les pays chauds. Notre pays en est donc un puisqu’ils y viennent si bien ! Le tokay arrive de Hongrie, la malvoisie de l’île de Candie, la dôle* du Beaujolais, le fendant* ou chasselas d’Asie, mais souviens-toi, Virginia, que l’arvine* et l’humagne, qu’on donne aux mères pour leurs relevailles, ne poussent qu’en Valais. » C. Bille, Deux passions, 1979, p. 125.
9 « Je me rappelle avoir acclimaté des plants de Tokay et notre débat en faveur, en défaveur de ces plants, avoir assuré le premier îlot d’Humagne à l’emplacement d’un énorme bloc de rocher que l’ex-gérant très adroit et trop habile m’avait proposé de miner. » M. Chappaz, Le Garçon qui croyait au paradis, 1989, p. 45.
(vin)
10 « Quand les prêtres n’ont pas l’air qui rassure des bons vivants, quand ils ne sont pas apiculteurs ou vignerons et n’offrent ni le miel ni l’Humagne à nous autres bons amis, il semble qu’ils peuvent être dangereux. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 33.
11 « En examinant les tonneaux, on peut estimer l’étendue des vignes de Joseph. C’est un propriétaire enviable et qui sait aussi choisir ses variétés de vins. Successivement, l’œil lit sur le chêne ou le mélèze, bien écrit à la craie blanche : Humagne [en italique dans le texte], fine goutte que les maris des femmes accouchées viennent lui acheter pour aider aux relevailles. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 25.
12 « Mais la grande originalité de l’humagne vient du fait qu’il contient naturellement trois fois plus de fer que les autres vins. Ce que l’analyse a confirmé. Ce fortifiant sied bien aux personnes âgées et devient par excellence le “vin des accouchées”, qui apporte vigueur nouvelle et sève à la jeune maman et qui accentue la joie et la fierté du nouveau papa. » Cl.-H. Carruzzo, Cépages du Valais, 1991, p. 76.
↪ V. encore s.v. amigne 2 ; arvine 2.
Commentaire. Premières attestations : humagny 1313, forme francoprovençale dans un texte en latin médiéval (v. TLF) ; oumagne 1812 (H. Schiner, Description du Département du Simplon, p. 286 sqq.) ; humagne 1878 (Micheli) ; humagne rouge (1896, v. J. Nicollier, Les Propos de l’Ordre de la Channe n° 29, p. 51). L’hypothèse de P. Aebischer, qui voudrait faire remonter le mot à un *hylomanea (vitis) “(vigne) qui pousse tout en bois” (Elucubrations bachiques et étymologiques sur les noms des vieux cépages valaisans, Savièse, 1959, p. 18-28), pose des problèmes phonétiques et n’a pas été admise par SchüleMsCD ni par Wartburg, qui range le mot dans les matériaux d’origine inconnue du FEW.
Bibliographie. FEW 21, 497a (Hérém. umañǝ) ; TLF ; GR 1985 ; OffScrabble 1995 ; PLi 1998 ; GR 2001.
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