les citations
guillon n. m.
◆ Petite cheville de bois dont on se sert pour boucher le trou fait au tonneau en vue de goûter le vin ; robinet installé à même le tonneau et permettant de régler le débit du vin qui s’en écoule. Boire (le vin, un verre) au guillon, tirer (le vin, un verre) au guillon ; vin, verre tiré au guillon. La Confrérie* du Guillon.
1 « Là-haut dans le foin, sous la poutre maîtresse, il y a le petit tonnelet de fendant* que Célestine lui fait monter en cachette par Justin ; il comprend bien ces choses-là, Justin, ayant un faible lui-même pour le fendant*. Juste un… se dit-elle en reposant le verre près du guillon. » G. Clavien, Les Moineaux de l’Arvèche, 1974 (1re éd. 1962), p. 129.
2 « Henri s’affairait de plus en plus autour du robinet qu’il oubliait parfois de refermer. Le vin coulait par terre comme une tache de sang et quand, finalement, le facteur s’en apercevait, en retournant le guillon, il criait : – Bon sang ! Il perd, ce tonneau ! C’est quand même dommage ce bon vin qui fout le camp. » M. Métral, L’Avalanche, 1966, p. 39-40.
3 « Quand un skieur s’effondre et ne peut plus se relever, il lui dépêche Barrique, fidèle saint-bernard, porteur d’un petit tonneau de génépi, avec guillon et un écriteau : self-service. » E. Gardaz, Oin-Oin et ses nouvelles histoires, 1973, p. 73.
4 « Après les gros travaux de la journée, mon bon oncle estimait que j’avais droit à mes trois petits verres tirés au guillon [en italique dans le texte], comme le veut la coutume. » IttÇà 1975, p. 88.
5 « Le vigneron a ses us et coutumes. À la cave, on ne tape pas contre un tonneau, qu’il soit vide ou plein ; c’est faire injure à son propriétaire. Quand on tire au guillon en goûtant les nouveaux [vins], le patron boit toujours le premier et tourne de droite à gauche ou de gauche à droite suivant le village ou la région. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 121.
6 « Samedi, les commerçants de la place du Midi, sur le rond-point, offraient un apéritif à qui voulait le prendre, servi très frais au guillon. C’est une initiative sympathique, même si la timidité instinctive des hôtes étrangers a voulu que les bénéficiaires soient plutôt des gens du cru, qui méritent d’ailleurs aussi ce plaisir. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 14 juillet 1975.
7 « Si, dans les vallées plus reculées, les verres à boire étaient souvent en bois, tournés par le boisselier du village, les channes* ont servi partout à tirer le vin au guillon. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 67.
8 « La soirée de la section radicale [= du Parti radical] de Bevaix et le traditionnel souper* aux chandelles ont eu lieu le 12 mars en présence d’une soixantaine de personnes. Après l’apéritif tiré au “guillon”, le président […] salua ses hôtes […]. » L’Express, 19-20 mars 1977, p. 3.
9 « Autrefois, lorsque le vigneron commentait les dernières vendanges en offrant un verre de “nouveau” [vin] au curieux, il devait manipuler avec soin une clef filetée en forme de T pour faire jaillir le vin. Les anciens guillons étaient en effet à ce moment-là, il y a quatre ou cinq ans, constitués d’un cône de plomb dans lequel on frappait au marteau pour obtenir une rasade de liquide. Cette entreprise exigeait beaucoup de doigté si l’on voulait empêcher les éclaboussures. » Lausanne-Informations, 16 novembre 1977.
↪ V. encore s.v. confrérie ; ressat 2.
(emploi fig.)
10 « Torrents et bisses* coulent à plein bord. Cette eau, tirée au guillon des glaciers, la terre la boira toute, par ses mille papilles. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 67.
Remarques. Seul terme utilisé en Suisse romande pour désigner ce référent ; l’équivalent du français de référence, fausset, est mal connu et plutôt inusité.
Commentaire. Première attestation : 1616. Dialectalisme ; dérivé du type mfr. guille n. f. “fausset” (Olivier de Serres, D’Aubigné ; v. FEW), bien représenté dans plusieurs parlers galloromans (Ille-et-Vilaine, Saintonge, Berry, Saône-et-Loire, Ain, Savoie, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche, Hautes-Alpes ; v. FEW) ; en français régional de France, on relève guillon à Poncins (Loire) et Annecy (Haute-Savoie), quillon à Mâcon (Saône-et-Loire), et guille dans l’Ain, en Savoie, en Isère, à Lyon, dans le Pilat, le Beaujolais et le Velay.
Bibliographie. « guille, guillonner » VurpasDuPinLyon (env. 1750) ; Merle d’Aubigné 1790, p. 128 ; « guille » MolardLyon 1803 ; GaudyGen 1820, 1827 ; GuilleDial 1825, p. 81a ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; ConstDésSav 1902 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 223a ; Pier, PierSuppl ; « quillon » Mâcon 1926 ; FEW 16, 308a, kegil I 2 a ; IttCons 1970 (> DFV 1972, CuenVaud 1991) ; « guille, Ain, Isère, Lyonnais, Savoie » RLiR 1978, p. 193 ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; TLF ; « guille » TuaillonVourey 1983 ; « guille, guillon » GononPoncins 1984 ; GR 1985 ; « guille » MartinPellMeyrieu 1987 ; « guille, mot usuel chez tous ceux qui connaissent la réalité, le mot français fausset n’étant pas connu ou employé » MartinPilat 1989 ; « guille » VurpasMichelBeauj 1992 ; « guille, mot-souvenir encore connu à 50 ans » BlancRouatVill 1993 ; « guille » FréchetMartVelay 1993 ; « guille, seulement au-dessus de 40 ans » VurpasLyonnais 1993 ; Lengert 1994 ; OffScrabble 1995 ; FréchetAin 1998 ; GR 2001.
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