verrée n. f.
1.◆ (rare) Contenu d’un verre (le plus souvent, d’une boisson alcoolisée). Une verrée de vin blanc, de kirsch dans la fondue.
1 « Dom Brice remuait le mélange, la narine palpitante, la lèvre frémissante, l’œil allumé
pour avoir lampé au passage une rasade de vin blanc et quelques verrées de kirsch plus limpide et plus fort que les meilleurs de ses sermons. » M. North, J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 79.
◇ (dans une comparaison)
2 « Vous déversez sur elles les baisers comme verrées de sirop, prunelle et sureau, cassis et groseille […]. » A.-L. Grobéty, La Fiancée d’hiver, 1984, p. 324.
2.◆ (par métonymie) Tournée, ensemble des consommations d’un groupe de personnes réunies pour prendre
un verre. Offrir, payer une verrée à tout le monde.
3 « Il y a trop de monde pour l’instant, avait répondu Martin. Je veux* vite faire un saut jusqu’au café d’en haut pour payer une verrée et puis on se retrouvera après à l’Auberge. » A.-L. Chappuis, Le Troupeau errant, 1972 (1re éd. 1962), p. 170.
4 « Ceux de la fabrique allaient arriver d’un instant à l’autre pour leur habituelle verrée de fin de journée et Julot s’empressa d’achever sa confession […]. » J. Follonier, La Sommelière, 1971, p. 36-37.
3.◆ (par ext.) Rencontre lors de laquelle du vin et d’autres boissons, souvent accompagnés de petits
hors-d’œuvre, sont offerts aux invités pour souligner un événement spécial. Verrée officielle. La verrée de Noël. La verrée de l’amitié. Une verrée aura lieu
après la soutenance. Une verrée d’adieu. Une verrée de clôture.
5 « Il était venu faire une conférence à Lausanne. À la verrée officielle qui suivit, il parla, très détendu, d’une chasse à l’ours qu’il avait
faite, l’hiver précédent, en Roumanie. » G. Duttweiler, Joyeusetés du Pays de Vaud, 1972, p. 79.
6 « [titre] La verrée bourgeoisiale* / […] Les deux nouveaux bourgeois* ont été reçus hier au sein de la communauté brigoise*, au cours de la traditionnelle “verrée”, pain, fromage et saucisse, qu’ils ont offerte à leurs nouveaux frères bourgeois*. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 1er juin 1976, p. 24.
7 « On se souvient qu’il y a quelques années Epalinges [VD] avait envisagé de transformer
les votations* en une petite fête populaire, avec bureau électoral à l’extérieur, fanfare et verrée. Le projet avait cependant dû être abandonné, le Château [= Conseil d’État] ayant
froncé les sourcils devant tant d’anticonformisme. » 24 heures, 12-13 juin 1976, p. 13.
8 « Elles sont fidèles au poste, les sommelières* du Grand Restaurant ou du Rond-Point, discrètes et efficaces, enrôlées aussi pour
les innombrables verrées et inaugurations officielles. » 24 heures, 15 septembre 1976, p. 21.
9 « Un rite convivial consiste à offrir une verrée lors d’événements spéciaux : naissance, anniversaire, décès, mise à la retraite,
avancement, départ volontaire, etc. C’est généralement très simple : du vin, du café,
de l’eau et quelques pièces* sèches. » CuenVaud, 1991, p. 175.
10 « M. G., qui avait participé le matin au Forum de Crans-Montana, a été reçu par les
autorités de la ville et du canton* qui ont marqué ce court passage en Valais par une cérémonie simple et amicale : brefs
discours, remise de cadeaux et verrée de blanc. » Le Matin, 21 juin 1993, p. 3.
11 « L’arrivée d’un nouveau chef de gare a été l’occasion d’une sympathique verrée. » L’Express, 21 janvier 1995, p. 15.
12 « [Ce qu’on a vu en 1994] Le Conseil emmené par notre maire F. oublier l’inauguration
de la place Béguelin, mais se rendre en bloc à la verrée du député toubib. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 18, 1995, p. 35.
13 « C’est aujourd’hui que les 500 employés […] auront, quant à eux, droit à leur verrée de Noël. Un apéritif, suivi d’un buffet froid et chaud, tout cela offert par la direction,
après l’incontournable allocution du “big boss” qui se voudra la plus informelle possible. » L’Express, 22 décembre 1995, p. 14.
Remarques. Dans des contextes plus formels, on dit plutôt vin d’honneur. — L’équivalent approximatif en français de France (dans le même registre) est pot n. m. “réunion autour d’une boisson, notamment dans une collectivité professionnelle” (inviter qn à un pot, faire un pot d’adieu NPR 1993).
Commentaire. Première attestation : 1889 (« Oh ! les bonnes nocettes [= bouchées] à deux ! les jolies verrées ! Bon pain noir, bon fromage, le tout arrosé d’une goutte de petit blanc numéro un,
tiré tout frais du guillon* » A. Ceresole, À la veillée, p. 182). Mfr. frm. verrée n. f. “ce que contient un verre” est attesté depuis Ronsard, mais les dictionnaires le donnent comme « peu usité » (Ac 1935), « inusité » (Rob 1964), « vieilli » (GLLF 1978, TLF), « vieux ou régional » (GR 1985). En France, il est encore vivant dans la région Poitou-Charentes, mais
les sens métonymiques sont des innovations proprement romandes. — Données à ajouter à FEW 14, 567b, vĬtrum I 2 a.
Bibliographie. « boire une verrée » CasaBevaix 1976, p. 126 ; Had 1983 ; RézeauOuest 1984 ; GR 1985, 2001 ; PLi depuis 1989 ; CuenVaud 1991 ; Lengert 1994 ; OffScrabble 1995.
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