initiative n. f.
I.◆
1.◆ (au niveau fédéral) initiative (populaire) n. f. Proposition d’une fraction du corps électoral (au minimum 100 000 citoyens) de procéder
à une révision de la constitution fédérale (all. Volksinitiative). Droit d’initiative. Projet d’initiative. Comité d’initiative. Lancer une initiative ;
le lancement d’une initiative. La récolte de signatures pour une initiative. Déposer
une initiative. Souscrire à une initiative. Se prononcer sur une initiative. Soumettre
une initiative à la votation*. Accepter, rejeter une initiative ; l’acceptation, le rejet d’une initiative. L’initiative
pour la semaine de quarante heures, pour une Suisse sans armée, pour l’encouragement
des transports publics, pour la limitation de l’immigration, pour la supression de
la vivisection. Les initiatives sont presque toujours rejetées par le peuple. ⇒ Neinsager ; référendum ; votation.
1 « Le droit de référendum* et d’initiative doit rester une prérogative fondamentale du souverain* en Suisse et il n’y a pas lieu de l’amoindrir. La fixation d’un délai est cependant
nécessaire vu la pléthore d’initiatives que nous connaissons. » Le Pays, 8 octobre 1976, p. 4.
2 « Mars 1975 : le Conseil* national, comme le Conseil* fédéral et les Êtats*, rejette l’initiative pour la décriminalisation totale de l’avortement. » Le Nouvel Illustré, 8 décembre 1976, p. 23.
3 « Hier matin, afin de clore la session des Chambres*, le Conseil* national a mis un terme au débat sur le droit d’initiative et de référendum*. Les députés se sont ralliés finalement à une augmentation de 30 000 à 50 000 du
nombre de signatures indispensable pour faire aboutir un référendum* […] et à celle de 50 000 à 100 000 du nombre de signatures pour l’initiative […]. » 24 heures, 18-19 décembre 1976, p. 5.
4 « L’initiative permet une collaboration de tous les citoyens au travail législatif. C’est le droit
qu’ont les électeurs de proposer le texte d’une nouvelle disposition légale (ou la
modification ou l’abrogation d’un texte existant). » GuideJuridSuisse, 1988, p. 23.
5 « L’initiative populaire consiste en une demande présentée par 100 000 citoyens suisses ayant le droit de
vote et réclamant l’adoption d’un nouvel article constitutionnel ou l’abrogation ou
la modification d’articles déterminés de la constitution en vigueur. […] Lorsque la
demande d’initiative est conçue en termes généraux, les Chambres fédérales*, si elles l’approuvent, procéderont à la révision partielle dans le sens indiqué
et en soumettront le projet à l’adoption ou au rejet du peuple et des cantons*. Si, au contraire, elles ne l’approuvent pas, la question de la révision partielle
sera soumise à la votation* du peuple […]. Lorsque la demande revêt la forme d’un projet rédigé de toutes pièces
et que l’Assemblée* fédérale lui donne son approbation, le projet sera soumis à l’adoption ou au rejet du peuple
et des cantons*. » Constitution fédérale de la Confédération suisse, art. 121.
6 « Une initiative populaire a été lancée hier : elle demande que la Suisse adhère à l’Espace économique européen. » Tribune de Genève, 3 février 1993, p. 11.
7 « Les répercussions économiques prévisibles provoquent un net rejet des initiatives contre la publicité pour le tabac et l’alcool. » Le Nouveau Quotidien, 29 novembre 1993, p. 4.
8 « L’acceptation de l’initiative des Alpes consterne les hommes politiques romands : à leurs yeux, l’attitude qui
domine en Suisse alémanique n’a absolument pas évolué depuis la votation* du 6 décembre sur l’Espace économique européen. » Le Nouveau Quotidien, 21 février 1994, p. 9.
9 « De la démocratie directe, Rousseau disait qu’elle convenait pour un peuple de dieux.
Si on laisse de côté cette fondamentale question théologique […], un fait demeure :
à tort ou à raison, les Suisses considèrent que le référendum* et l’initiative populaire sont consubstantiels à leur identité nationale. » Le Nouveau Quotidien, 5 avril 1994, p. 15.
Remarques. On dit parfois simplement initiative fédérale pour désigner les initiatives populaires fédérales (par opposition aux initiatives
populaires cantonales, v. ci-dessous II).
I. 2.◆ (au niveau fédéral) initiative (cantonale) n. f. Proposition d’un canton de procéder à une révision de la constitution fédérale (all. Standesinitiative). L’initiative du canton de Bâle-Ville auprès de la Confédération.
10 « Par voie d’initiative cantonale auprès de la Confédération, le canton* de Neuchâtel pourrait contribuer à résoudre le problème délicat des modifications
de frontières cantonales*, réunifications de cantons* ou création de nouveau canton*. » Le Pays, 16 décembre 1976, p. 1.
↪ V. encore s.v. cantonalisation.
I. 3.◆ (au niveau fédéral) initiative (parlementaire) n. f. Proposition d’un parlementaire de procéder à une révision de la constitution fédérale.
Le conseiller national X, auteur d’une initiative parlementaire.
11 « Les demi-cantons* de Bâle-Ville et Bâle-Campagne devraient à l’avenir être considérés comme cantons* “à part entière” et pouvoir revendiquer de ce fait deux sièges chacun au Conseil* des États. C’est ce que demande le conseiller* national W. A. (ind., Bâle-Ville) dans une initiative déposée au cours de la dernière semaine de session […]. » Le Pays, 24 mars 1977, p. 4.
II.◆ (au niveau cantonal) initiative (populaire) n. f. Proposition d’une fraction du corps électoral (variable selon les cantons) de procéder
à une révision constitutionnelle, législative, ou portant sur diverses questions d’intérêt
public. L’initiative sur la cueillette des déchets, sur les canons à neige, sur les caisses-maladie. ⇒ référendum ; votation.
12 « [titre] L’initiative / – 12 000 citoyens* actifs peuvent demander l’élaboration, l’adoption, la modification ou l’abrogation d’une
loi. […] Toute initiative populaire doit être soumise au vote du peuple dans les deux ans qui suivent son dépôt. Ce délai
peut être prolongé de deux ans au plus par une décision du Grand* Conseil. » Constitution du Canton de Vaud, art. 27.
13 « Le peuple peut, par voie d’initiative, demander la révision totale ou partielle de la présente constitution. / L’initiative peut revêtir la forme d’une proposition conçue en termes généraux ou celle d’un projet
rédigé de toutes pièces. / Dans l’un et l’autre cas, la demande doit être appuyée
par la signature de 12 000 citoyens* actifs. » Constitution du Canton du Valais, art. 101.
14 « [titre] Initiative cantonale / 10 000 électeurs disposent du droit de soumettre une proposition au Grand* Conseil. Une clause de retrait total et sans réserve est obligatoire. » Constitution de la République et Canton de Genève, art. 64.
15 « La Constitution peut être révisée en totalité ou en partie. La procédure de révision
est engagée : / a) lorsqu’elle est décrétée par le Grand* Conseil ; / b) lorsqu’elle est demandée par voie d’initiative populaire, suivant les prescriptions de la loi, par au moins 6000 citoyens* actifs. » Constitution du Canton de Fribourg, art. 78.
16 « L’initiative populaire est le droit de proposer au Grand* Conseil l’adoption, l’élaboration, la modification ou l’abrogation d’une loi ou d’un décret.
La proposition doit être faite par 6000 électeurs au moins. […] La loi règle la forme
en laquelle s’exerce le droit d’initiative. » Constitution de la République et Canton de Neuchâtel, art. 38.
17 « Une initiative peut demander / a la révision totale ou partielle de la Constitution ; / b l’adoption, l’abrogation ou la modification d’une loi ; / c la dénonciation ou l’ouverture de négociations en vue de la conclusion ou de la modification
d’un traité intercantonal* ou international, lorsqu’il est soumis à la votation* facultative ou obligatoire ; / d l’élaboration d’un arrêté du Grand* Conseil soumis à la votation* facultative ou obligatoire. / L’initiative aboutit si elle est signée par 15 000 citoyens et citoyennes dans l’espace de six
mois. La demande de révision totale de la Constitution nécessite 30 000 signatures. » Constitution du Canton de Berne, art. 58.
18 « [titre] Initiative populaire cantonale : conditions / Deux mille électeurs ou huit communes peuvent demander en termes généraux
l’adoption, la modification ou l’abrogation de dispositions constitutionnelles ou
de lois. » Constitution de la République et Canton du Jura, art. 75.
Remarques. On dit parfois simplement initiative cantonale pour désigner les initiatives populaires cantonales (par opposition aux initiatives
populaires fédérales, v. ci-dessus I 1) ; à ne pas confondre avec les initiatives cantonales qui ne sont pas des initiatives populaires et qui s’exercent au niveau fédéral (v. ci-dessus
I 2).
◇ (au niveau communal) Initiative municipale, communale.
19 « [titre] Initiative municipale / Les électeurs d’une commune disposent du droit d’initiative en matière municipale sur les objets définis par la loi. / L’initiative, adressée au conseil* municipal, doit lui demander de délibérer sur un objet déterminé. » Constitution de la République et Canton de Genève, art. 68 A.
Remarques. Cf. encore initiant, ‑ante n. m., f. “auteur d’une initiative” (« Le flou de l’initiative et les déclarations contradictoires des initiants font planer de lourdes menaces. » Le Nouveau Quotidien, 21 février 1994, p. 8 ; « Les initiants, qui demandent l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne, ont lancé hier dans les
rues de Sion le sprint final. » Le Nouveau Quotidien, 10 avril 1996, p. 1). On rencontre aussi le syntagme auteur d’une initiative. ⇒ référendaire. — Les dictionnaires français mentionnent parfois le sens politique spécialisé que
le mot peut avoir dans certains pays ; cf. par ex. GLLF 1975 : « Initiative populaire, droit reconnu aux citoyens de certains États de soumettre au Parlement des propositions
de loi, à condition de réunir un certain nombre de signatures à l’appui de leur demande. ». En Suisse, l’expression ne désigne toutefois pas le droit, mais la proposition elle-même
(cf. le syntagme droit d’initiative).
Commentaire. Emploi institutionnel et spécialisé d’un mot du français de référence. Statalisme ;
correspond à l’all. Initiative n. f. et à l’ital. iniziativa n. f. ; cf. encore Volksinitiative et iniziativa popolare (pour initiative populaire) ; Standesinitiative et iniziativa cantonale (pour initiative cantonale) ; Einzelinitiative et iniziativa parlamentare (pour initiative parlementaire) ; Initiativkomitee n. n. et comitato d’iniziativa n. m. (pour comité d’initiative). Le substantif initiant résulte probablement d’un emprunt à l’all. de Suisse Initiant n. m. “Urheber einer Initiative” (DudenSchweiz). L’ital. rég. de Suisse dit promotore di una iniziativa.
Bibliographie. FEW 4, 695b-696a, ĬnĬtĬare ; Alpha 1982 ; TLF ; PLi 1989 ; DudenSchweiz 1989 ; Petralli 1990 ; Service de terminologie
de la Chancellerie fédérale suisse.
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