sommelière n. f. (aussi sommelier n. m., plus rare)
I.◆ Serveuse dans un café ou un restaurant. Café cherche sommelière à plein temps pour l’été. Apprentie sommelière. Sommelière
remplaçante. Sommelière expérimentée. Jeune femme cherche place comme sommelière.
La sommelière de la pinte*, du carnotzet*, du bar* à café. ⇒ pintier.
1 « Depuis une semaine j’ai découvert un nouveau restaurant où vont et viennent de véritables
sommelières en tabliers blancs, aux ongles pointus, rouges comme leurs lèvres. » A. Rivaz, Sans alcool, 1961, p. 11-12.
2 « Ensuite les servantes de curé, les régentes*, les sommelières composent la cohorte de celles qui ont du caractère, du nerf, de la verve, du cœur
et du corsage. Elles ne font pas mentir la race. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 107-108.
3 « On cherche gentille jeune fille présentant bien, comme sommelière, débutante ou étrangère acceptée. Vie de famille, bon gain, congés réguliers. » La Liberté, 7 novembre 1968.
4 « Il y a trop peu de filles dans le village, les frères et les voisins font bonne garde
et les loups, crevant de faim, tournent autour de ces deux douceurs, l’institutrice,
la sommelière, reines des fantasmes et des cœurs ! » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 82.
5 « En cette heure de l’après-midi, les cafés sont généralement offerts aux méditations
des sommelières, car même les clients qui possèdent la soif la plus inextinguible s’approvisionnent
en boissons avant de se rendre à leur lieu de travail. Cette trève permet aux serveuses
de mettre leurs jambes au repos […]. » J. Follonier, La Sommelière, 1971, p. 17.
6 « Le poing appuyé sur la table, son bout de tablier blanc, bien amidonné sur sa jupette
noire, la sommelière répéta : – Un vermouth rouge sec, trois décis* de Dézaley [= vin blanc de la région de Lavaux, VD]. » J. Fonjallaz, Le Chemin des Vignes, 1973, p. 16.
7 « La sommelière dresse les tables d’hôtes, les décore ; elle sert les clients, découpe les mets,
verse les boissons, dessert les tables et, souvent, conseille les consommateurs dans
leur choix. […] Le travail de la sommelière demande de la rapidité, des gestes précis et élégants. Elle assure son service avec
amabilité, tact et prévenance. Sa tenue doit être soignée. La sommelière doit avoir une excellente mémoire, une compréhension rapide, de la facilité pour
le calcul mental. La connaissance d’une deuxième langue est souhaitable. Cette profession
exige également une très bonne santé et des jambes exemptes de varices. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 12 mars 1973.
↪ V. encore s.v. bar à café ; bleue ; casserolier ; courater 1 ; déci ; linge 2 ; pintier ; recommander ; tip-top ; verrée 3.
Remarques. L’équivalent du français de référence, serveuse, se rencontre aussi. — Cf. encore sommiche n. f. “sommelière (péjor., plais.)”, formé par adjonction du suffixe péjoratif ‑iche (cf. boniche) à la base somm- tirée de sommelière (« Affrontons la patronne, la sommiche, leurs clients vulgaires » G. Cherpillod, Le Gour noir, 1972, p. 21 ; « Tellement surprise par cet événement, la sommiche […] sert l’apéro à tous les clients présents. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie] n° 18, 1995, p. 33).
II.◆ sommelier n. m. Serveur. On recherche sommelier qualifié, trois langues, capable de trancher et flamber.
8 « Les chanoines voulurent une fois lui jouer un tour. L’abbé Pipi survint comme le sommelier venait de déposer le plat, une poule ! Ils lui proposèrent de la découper à la condition
qu’on répéterait sur sa personne tout geste maladroit. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 128.
9 « – Garçon, l’addition s’il-vous-plaît ! / Un petit quart d’heure d’attente et votre
sommelier arrive avec la note et un petit échantillon de confiture. » IttÇà, 1975, p. 115.
10 « Nous cherchons pour date à convenir, ville de Lausanne, sommelier ou serveuse capable, compétent(e), pouvant assurer un service impeccable, et seconder
les patrons. » 24 heures, 6 août 1976, p. 25.
11 « Mais il a cherché, le plus rapidement possible, à se débrouiller seul. Il a d’abord
travaillé à la plonge dans un hôtel, puis sur un chantier comme manœuvre, comme sommelier dans un restaurant, avant de commencer un apprentissage. » Bouquet, 8 décembre 1976, p. 14.
12 « Il apprit à nettoyer les casseroles avant d’être initié aux secrets du maître-queux.
Il fut un modeste sommelier avant de diriger une salle à manger de luxe. » La Gruyère, 18 juin 1977, p. 3.
◇ Terme générique pour serveuse et serveur.
13 « Les femmes de chambre, les aides de cuisine et les sommeliers ne sont pas une clientèle assidue des syndicats. Sur 150 000 employés de l’hôtellerie
et de la restauration en Suisse, seuls 20 000 sont syndiqués […]. » L’Hebdo, 15 juillet 1993, p. 38.
Remarques. Pour un homme, on dit plus souvent serveur ou garçon, comme en français de référence ; sommelier est surtout fréquent dans les petites annonces.
Commentaire. Le sens du français de référence “personne qui, dans un restaurant, a charge du vin et des liqueurs”, dont l’emploi romand ne représente qu’un léger glissement de sens, est attesté depuis 1812 (v. FEW) ; or, en SR, on relève déjà le type en 1765 (somélier, v. Pier), mais dans un contexte où l’on ne peut en préciser le sens. Il en va de
même des attestations de PeterCacol 1842 (sommeiller) et CalletVaud 1861 (sommélier), relevées pour leur forme divergente, mais dont le sémantisme n’inspire aux glossairistes
aucun commentaire. Même Pierrehumbert ne signale le mot que pour attirer l’attention
sur sa forme (è ouvert au lieu du schwa, liquide palatale ou latérale pour la séquence l + yod ; prononciations aujourd’hui désuètes) et ne semble pas trouver que le sens
du mot mérite un commentaire ; pourtant, les deux exemples qu’il donne (sommeillère dans P. Meunier, 1894 ; sommellière dans Rev. jur., 1911) illustrent bien l’acception de “serveuse dans un café”. Pour une première attestation de la forme masculine, v. L. Monnet, Favey, Grognuz et l’Assesseur, 1891, p. 41 (« Le sommelier versa le vermouth, mit le couvert et déposa sur la table le menu du jour. » ; v. encore p. 15, 27, 39, 40). Pour la forme au féminin, v. C.-F. Ramuz, Journal, fin août 1914, p. 212 (éd. de 1968) : « une odeur de cigarettes éteintes et de bière éventée flotte par là-dessus ; dans un
coin, une sommelière bâille [la scène se déroule dans un buffet de gare] ». Selon un passage cité dans TLF et datant de 1984, cet emploi aurait aussi existé
en Savoie, mais il y serait aujourd’hui vieilli.
Bibliographie. Pier ; MeijerEnq 1962, p. 120, 133 ; FEW 11, 69a, sagmĀrius 1 c ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; GR 1985, 2001 ; TLF ; Lengert 1994 (qui donne 1870 comme première attestation,
sans référence textuelle et sans préciser ni la forme, ni le sens).
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