régent, régente n. m., f.
◆ Instituteur, institutrice d’école primaire. Le régent du village. La régente nous a fait réciter le livret*. Monsieur le régent, Madame la régente.
1 « Chacun s’accorde aussi à juger les régentes sept fois plus dévouées que les régents accaparés par leurs vins, leurs cabales politiques et leurs services militaires. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 108.
2 « Chacun le savait : le régent était si mal payé que la communauté participait à son entretien. Nulle loi ne l’imposait
mais quand les paysans faisaient boucherie*, ils apportaient sa part au maître qui s’occupait de leurs enfants. Au long de l’hiver,
ils venaient, tiraient de leurs poches un morceau de fromage, un morceau de viande,
une bouteille de vin. » M. Zermatten, Les Sèves d’enfance, 1968, p. 136.
3 « Quelquefois aussi, l’institutrice épouse le pasteur (il a toutes les chances, celui-ci,
déjà il n’a que son sermon à faire de la semaine et il se prélasse avec la régente), ou bien le “fils”, célibataire cossu, auquel reviendra le domaine. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 82.
4 « Ce qu’elle parle bien, se disait le Serbe. Comme une vraie régente. » J. Follonier, La Sommelière, 1971, p. 90.
5 « Il entra. Il vit d’abord le régent, cérémonieux et guindé, dans son habit noir qui, une serviette à la main, patientait
près du fourneau. Puis Valérie qui, de dos, bouchait l’entrée de la chambre. L’instituteur
le salua puis lui demanda de le suivre au-dehors. » M. Métral, Les Racines de la colère, 1971, p. 202.
6 « Dans la classe de Mlle Mermod, une aimable et jolie régente, une crouille* Françoise a fait une réponse qui ne manque pas de clairvoyance. » A. Belperroud, Les toutes bonnes du syndic, 1973, p. 11.
7 « Il fut un temps où le Valais avait toutes les peines du monde à trouver des enseignants.
La pénurie était telle que l’on recourut durant des années à du personnel jurassien,
neuchâtelois, voire belge. La situation a changé et aujourd’hui les régentes et régents valaisans ont peur de la crise de l’emploi, de la pléthore de maîtres. » L’Express, 27-28 novembre 1976, p. 27.
8 « […] la nostalgie d’une époque où le régent avait une place dominante dans la vie communale. » Construire, 8 juin 1977, p. 16.
9 « En campagne, on dit volontiers que les quatre personnages du village sont le curé,
le régent, le syndic* et l’aubergiste. Lors de certaines fins de soirées prolongées, je crois que ce dernier
met les trois autres dans sa poche. » La Gruyère, 18 juin 1977.
10 « Mon père a toujours espéré que je deviendrais institutrice, comme grand-mère. Avoir
une de ses filles régente, quelle fierté ç’aurait été pour lui et il fallait continuer la tradition ! » G. Clavien, Le bel aujourd’hui, 1978, p. 192.
11 « Quand j’étais jeune, l’autorité au village reposait sur les figures emblématiques
du régent, du curé, du gendarme et du président* de la commune. Ils étaient bien sûr tous membres du parti. » Le Nouveau Quotidien, 16 octobre 1995, p. 16.
12 « [titre] La retraite d’un régent aux multiples casquettes. Thierrens [VD] Pendant longtemps, A. B. fut à la fois directeur
d’école, de banque et de chorale. » 24 heures, 8 janvier 2004, p. 27.
◇ (énoncés métalinguistiques)
13 « Comme le font aujourd’hui encore tous les petits écoliers des villages de l’Arvèche,
on appelait l’instituteur et l’institutrice qui nous faisaient la classe : “Monsieur le régent, Madame la régente.” » G. Clavien, Châtaignerouge, 1977, p. 124.
14 « [titre] L’“instit” chasse le vieux “régent” vaudois » Tribune de Genève, 16 février 1982, p. 21.
15 « Dans les petits villages, l’instituteur est resté pour beaucoup le régent [en gras dans le texte]. Généralement, il s’occupe des grands. Les petits sont confiés
à la régente [en italique dans le texte]. Parfois, une régente de couture [en italique dans le texte] complète l’équipe locale du corps enseignant. » ChapuisMots 1988, p. 34.
Remarques. Vieilli et rural (on dit plutôt de nos jours maître, ‑esse ou instituteur, ‑trice), mais encore très fréquent dans la littérature contemporaine.
Commentaire. Archaïsme. On relève en France le sens de “celui qui enseigne dans une école, un collège” de 1532 à 1844, et celui de “professeur dans un collège communal” de Ac 1835 à Lar 1923 (v. FEW). Ce dernier devait être déjà vieilli en France au
tournant du siècle, car ConstDésSav 1902 prend la peine de préciser : « encore utilisé en Savoie pour désigner un instituteur public ». De nos jours, le terme a survécu en Suisse (« universellement répandu en SR dès le xvie s. » selon Pier s.v. régence ; attesté dans les textes depuis 1688, v. PierSuppl s.v. régenter), ainsi qu’en Belgique, où il désigne de manière non officielle les agrégés de l’enseignement
secondaire inférieur. Il a en outre été relevé en Val d’Aoste.
Bibliographie. « régent de village Suisse romande » LittréSuppl 1877 ; ConstDésSav 1902 ; OdinBlonay 1910, p. 496a ; Pier et PierSuppl
s.v. régence, régenter ; BiseHBroye 1939, p. 302 ; FEW 10, 204b, regens 1 ; MeijerEnq 1962, p. 50, 110, 138 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; BeatensBruxelles
1971 ; HanseNChasse 1974 ; MartinAost 1984 ; MassionBelg 1987 ; ChapuisMots 1988 ;
TLF s.v. régent II C 3 ; Lengert 1994 ; Belg 1994.
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