les citations
pont n. m.
I.◆ 1.◆ Plate-forme de voiture agricole. Charger du foin sur le pont du char. Réparer les planches du pont. ⇒ échelle.
1 « Des villages au clocher pointu surgissaient entre les collines, tuiles rouges, maisons basses, fermes semblables à des châteaux forts, l’auto croisait des tracteurs tirant des tonnes de betteraves et des sacs de pommes de terre alignés comme des moines sur le pont des chars. » J. Chessex, L’Ogre, 1973, p. 82.
2 « J’étais dans un pré. Un pâle soleil traversait la brume. Heinrich fauchait ; j’entassais le regain sur le pont du char. En cachette, je surveillais la ferme, au-dessus de nous. Elle semblait ronronner comme un chat dans la tiédeur revenue. » M. Zermatten, Un Amour à Grenchen-Nord, 1978, p. 39.
↪ V. encore ci-dessous I 1.
I. 2.◆ char à pont. Voiture agricole constituée d’une simple plate-forme sans rebords montée sur un châssis et des roues, tirée par des chevaux (anc.) ou un tracteur (mod.). Chars à pont à vendre. Transporter du bois de feu* avec un char à pont.
3 « Déjà les gens arrivent et se pressent, et se coudoient autour d’un char à pont laissé au milieu de la cour sur lequel vient de se jucher Musclard que chacun connaît loin à la ronde, tant on est habitué à le voir dans ces ventes. » A.-L. Chappuis, À petit feu, 1964, p. 18.
4 « Un jour, vers la fin de l’après-midi, un char à pont, transportant un cercueil, passa. » R. Fell, Dans l’été brûlant, 1965, p. 4.
5 « Il avait attelé au tracteur un char à pont soutenu par quatre roues en caoutchouc. » M. Métral, Les Racines de la colère, 1971, p. 165.
6 « Il ne reste plus qu’à aller chercher le bois. Avec le char à pont et le tracteur. » Le Sillon romand, 10 janvier 1975, p. 3.
7 « MISE DE BÉTAIL ET CHÉDAIL* […] 1 herse ; 4 chars à pont ; 1 machine à traire […]. » Le Sillon romand, 31 janvier 1975, p. 6.
8 « On cherche CHAR A PONT 6 et 8 tonnes avec cadre, ou train sans pont même force. » Le Sillon romand, 7 février 1975, p. 29.
9 « Sans opposition, l’assemblée ratifie ces deux ventes et donne compétence au comité pour la mise en vente publique du matériel de sellerie comprenant une trentaine de selles, des colliers, harnais et deux chars à ponts [sic]. » Le Pays, 26 mai 1976, p. 16.
10 « Et c’est installée sur deux chars à pont que la Société de jeunesse* fit son apparition au début des festivités. » Tribune-Le Matin, 11 octobre 1976, p. 7.
Remarques. Le char à pont (appelé plateau en France, et plate-forme au Québec) s’oppose au char à échelles, muni de ridelles (v. échelle à la nomenclature), ainsi qu’au char à bancs, muni de bancs pour le transport des personnes (ce dernier terme appartient toutefois au français de référence, v. par ex. NPR 1993).
II.◆ pont de grange. Terre-plein ou levée en plan incliné qui aboutit à l’entrée de la grange haute. Passer par le pont de grange. ⇒ devant-huis.
11 « […] en passant vers le pont de grange, il m’a fait voir son clapier et le lapin qui allait faire les frais du jour de Pâques. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 118.
12 « 1 belle grange avec toit en ordre, 1 pont de grange, 1 écurie* basse pour 6 à 8 pièces de bétail, 1 beau jardin avec poulailler et clapiers. » Le Pays, 25 février 1977, p. 12.
13 « Il sortit de l’étable et grimpa sur le pont de grange, apparemment sourd aux invectives. » ChapuisBonfol, 1985, p. 32.
14 « Le grand pont (de grange) complétait l’harmonie de la ferme. L’hiver venu, ce pont long et en pente, excellente piste de luge, était le rendez-vous des gamins du village. » M.-F. Schenk, Notre autrefois, 1993, p. 16.
↪ V. encore s.v. plot III.
III.◆ pont de danse. Plancher de bal temporaire plus ou moins surélevé installé en plein air ou sous la cantine* lors des fêtes populaires (abbaye*, bénichon*, Saint-Martin*, vogue*, etc.), souvent agrémenté de garnitures et de décorations, offrant une surface d’accueil aux danseurs mais aussi à l’orchestre ou à la sono. Pont de danse couvert, pont couvert. Monter sur le pont de danse. Construire, installer, ériger, dresser, démonter, démolir un pont de danse. ⇒ cantine2.
15 « L’air agréable, les senteurs estivales, la douceur du moment, tout invitait à la fête. Après un instant de répit, l’orchestre, placé dans un angle du pont de danse, avait regagné sa place. Chaque musicien avait repris son instrument et, quand le violoniste eut accordé le sien, il fit un signe de la tête en comptant : “Deux, trois.” À ce moment-là, chacun ayant déplié sa partition, sauf l’accordéoniste qui jouait par cœur, l’orchestre modula une valse harmonieuse ; le pont s’engorgea de danseurs impatients. » A.-L. Chappuis, Quand la grêle et le vent, 1960, p. 8.
16 « Elles [les sommelières*] courent aimables, serviables, sur les parquets comme sur un pont de danse. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 111.
17 « Au-delà d’un jeu de quilles, trois marches grossièrement taillées dans des planches permettaient de monter sur un plancher surélevé, entouré lui aussi d’une barrière garnie de branches de sapin, de fleurs en papier et de petits drapeaux. “C’est le pont de danse… dit ma cousine, dimanche, il y a eu la fête.” Elle savait tout. » A. Rivaz, L’Alphabet du matin, 1968, p. 253.
18 « Chouchou, mon gamin qui joue à l’homme, arrive avec Pégase le tracteur, traînant un char plus large qu’un pont de danse. » R. Molliex, Chantevin, 1972, p. 137.
19 « L’après-midi de la fête, vers deux heures, le cortège, musiciens en tête, part de la place du café, traverse les rues du village. Il est composé des couples formés la veille. Une fois le tour terminé, le cortège gagne le pont de danse. Les musiciens, tout en jouant, s’installent sur l’estrade. Il y a un accordéon, un saxophone, une contrebasse et une batterie. » A. Layaz, Malvallée, 1976, p. 123.
20 « Bien entendu, les sauveteurs de Lutry ont aménagé une buvette et un pont de danse afin de divertir tous les nombreux amis qu’ils ont invité [sic] à leur fête. » Tribune-Le Matin, 18 juillet 1976, p. 15.
21 « Samedi et dimanche dans le centre de la ville, vente en plein air : 300 stands – Ambiance de fête – Saucisses rôties sur le gril, poulets à la broche – Attractions foraines. Vendredi, samedi et dimanche 4 ponts de danse avec orchestres et disc-jockeys, les 3 jours danse gratuite. » Journal du Jura, 24 juin 1977, p. 18.
↪ V. encore s.v. bénichon ; halle-cantine.
Commentaire. Premières attestations : I. 1913 (« Pour finir, ce fut le tapissier, lequel emporta tout un grand char à pont de meubles. » C.-F. Ramuz, Vie de Samuel Belet, p. 33 [éd. de 1967]) ; II. 1863 (v. Pier) ; III. 1864 (GrangFrib ; Lengert 1994 propose 1818 pour pont de Bénichon, cité dans Pier, mais la citation est de 1902 et la date de 1818 renvoie au référent et non au mot ; elle n’a donc pas de valeur philologique). Le mot pont est bien attesté en SR depuis 1495 et jusqu’au début du xxe s. pour désigner tout échafaudage de maçon ou de plâtrier (v. Pier) ; de là, il s’est appliqué à divers types de constructions en planches constituant une surface portante, qu’il s’agisse de la plate-forme d’un char, de la passerelle d’une grange ou d’un plancher de danse. Ces lexies sont également attestées dans les patois (v. GPSR) ; pont de grange a en en outre été relevé en Franche-Comté ainsi qu’au Canada ; on trouve pont de la grange “légère montée pour accéder à l’aire de la grange” dans la métalangue de l’ALEC (titre de la question 369), avec le commentaire suivant : « Pour des raisons climatiques, la grange-étable est souvent construite sur fondation, donc surélevée […], ce qui nécessite parfois l’aménagement d’une légère montée pour accéder à l’aire. Par ailleurs, dans certaines régions, on profitait du relief du terrain pour accéder directement à l’étage au-dessus de l’étable. Dans ce cas, on construit un “pont” qui prolonge une pente naturelle jusqu’à l’étage supérieur ou grenier à foin dans les bâtiments de ce genre. »
Bibliographie. « pont de danse, pont de bénichon » GrangFrib 1864 ; Pier, PierSuppl ; « põdgrãj n. m. “pont en bois qui réunit la levée de grange et l’aire de la grange” » BoillotGrCombe 1929, p. 247 ; FEW 9, 170a, pŌns I ; GPSR 3, 348a s.v. char 2° (char à pont), 349 (fig. 2), et 352b (Encycl. 3 b) ; MeijerEnq 1962, p. 16, 22, 30, 44, 129 ; GPSR 5, 23b s.v. danse 1° (pont de danse) ; ALEC 369, 369* ; « pont-de-grange » DurafHJura 1986 ; « pont-de-grange » DromardFrComté 1991 ; Lengert 1994.
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