armailli n. m.
![]() ![]() ◆ Vacher, homme chargé de garder, de traire et de soigner les vaches (et éventuellement les veaux, les génisses et les chèvres) dans les alpages* où les troupeaux passent la belle saison.
★ L’armailli s’occupe également de la production du fromage. De nos jours, les armaillis accueillent parfois des touristes de passage en haute montagne. Ils participent à
certaines fêtes folkloriques, vêtus du costume traditionnel (⇒ bredzon ; capet, capette). Costume, veston d’armailli ; la société des armaillis, le chœur des armaillis ; un
armailli fribourgeois, gruérien*. Beurre, lait, crème, fromage, recette d’armailli. ⇒ alpage, alpe, alper ; désalpe ; inalpe ; montagne.
1 « Les reines* à corne seront conduites par le premier vacher, en veston d’armailli […]. » Journal de Sierre, 30 septembre 1966.
2 « Le lendemain, dans un café, on a vu un horrible automate grandeur nature, c’est un
orchestre d’armaillis qui roulent de gros yeux en verre comme des singes empaillés, […]. » J. Chessex, Carabas, 1971, p. 162.
3 « L’autre jour, un Parisien ingénu s’aventure dans un pâturage à génisses. / Ô miracle !
Ô merveille ! là, près de la grange, un armailli, un vrai, un représentant typique de la faune locale. » G. Duttweiler, Joyeusetés de Romandie et d’alentour, 1973, p. 169.
4 « Cependant, ceux d’entre les paysans et les vachers qui accordent encore une valeur
particulière aux traditions, revêtent le véritable costume des armaillis, que ce soit celui de la Gruyère, ou l’habit noir aux manches blanches, courtes et
bouffantes, des Alpes vaudoises. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 134.
5 « Nous étions une bonne cinquantaine, de tous âges, parlant plusieurs langues, mais
vouant tous une égale admiration à cet armailli qui acceptait sans manière de mettre à nu, devant nous, tous ses secrets de fabrication. » Le Sillon romand, 6 août 1976, p. 3.
6 « Tout à la fois armailli, berger et gérant, M. M. T., agriculteur à Leysin et instructeur de ski dès les premiers
frimas, est monté pour la deuxième fois consécutive dans cet alpage* soumissionné pour six ans. » L’Est Vaudois, 7 août 1976, p. 4.
7 « Habitué des pâturages, avec plus de 20 ans d’expérience, cet armailli s’occupe de 6 vaches, 36 génisses et 4 veaux, que son fils resté en plaine lui a
confiés. […] Certains ne résistent pas à l’envie de séjourner quelque temps chez cet
armailli internationaliste, qui a hébergé, l’an passé, entre autres, des Français, des Allemands,
des Canadiens et des Anglais. » La Gruyère, 14 août 1976, p. 2.
9 « […] B. R., 30 ans, la barbe de circonstance, tirant sur le roux, vit sa vie d’armailli. Un armailli un peu particulier, tout de même, et qui, avec son frère Daniel, 14 ans, ne soigne
que des génisses : quarante-cinq. Le Gruérien* chantera, ténor tout seul dans les arènes veveysannes, le “Ranz des vaches”, lors de la Fête des vignerons. » 24 heures, 14 juillet 1977, p. 24.
10 « En intermède, le préfet* de la Gruyère se fit l’interprète du “pays des armaillis” pour saluer les gens du vignoble. » Tribune-Le Matin, 14 août 1977, p. 16.
11 « Le fameux Chœur des Armaillis de la Gruyère chante, sous la direction de son chef M. C., des œuvres classiques
et populaires, ce soir vendredi 20 h à la Salle de spectacle de Renens. » Le Nouveau Quotidien, 29 avril 1994, p. 25.
12 « Les babas cool fumeurs de joints ont fait place à un personnel d’alpage tout aussi
motivé, mais souvent venu d’ailleurs. Les nouveaux armaillis viennent du Portugal, de Yougoslavie, de France mais aussi du Cap-Vert ou d’Australie,
apportant une note exotique à travers les pâturages. » Coopération, 24 août 1995, p. 8.
◇ Maître(-)armailli, chef d’un alpage*, qui dirige le personnel et fabrique le fromage.
13 « Chez les armaillis aussi, la joie du retour était, on le pense bien, ombragée par la tristesse de cette
ultime désalpe*, surtout chez le maître-armailli, R. G. : pensez donc, douze saisons d’alpage* sur la même montagne*, d’abord comme garçon de chalet*, puis comme armailli et, enfin, comme fromager. » La Liberté, 20 septembre 1958.
◇ Armailli(-)chanteur, armailli qui chante lors des fêtes de village.
15 « Une mention particulière aux armaillis-chanteurs dont chaque exécution est racée. » La Gruyère, 21 mai 1977, p. 5.
16 « Vous indiquez que Romanens (l’armailli chanteur) est allé aux USA en 1977 avec une fanfare pour vendre des billets. » L’Illustré, 9 juin 1993, p. 86.
Localisation. Surtout 〈Canton de Fribourg〉, en particulier la Gruyère ; mais le mot est bien connu dans toute la Suisse romande.
Remarques. Le mot vacher (d’alpage) (⇒ alpage) s’emploie aussi en Suisse romande, mais ce terme n’implique pas la responsabilité
de la fabrication du fromage. L’équivalent d’armailli serait donc plutôt vacher-fromager ; mais ce dernier n’a pas la connotation légèrement folklorique d’armailli.
Commentaire. Emprunt du français régional au dialecte (le mot français correspondant serait *animalier). La plus vieille attestation dialectale remonte à 1497 (ancien fribourgeois armallie, v. GPSR 1, 616b) ; la première attestation en français régional de Suisse romande
date de 1538, sous la forme semi-francisée armallier (ibid.), et de 1804, sous la forme empruntée au patois armailli (ibid. 617a). Le français régional du sud de la Franche-Comté connaît aussi (ou a connu)
les types armaillé, armailli (v. GPSR 1, 617b-618a ; FEW 24, 590b), importés de Suisse. — Correspond à l’all. Senn n. m. (v. par ex. DudenSchweiz 1989).
Bibliographie. Landais 1834 s.v. ermailli ; GrangFrib 1864 ; Littré 1864 s.v. ermaillé ; Lar 1866 s.v. armaillier ; LittréSuppl 1877 s.v. armailli ; OdinBlonay 29a ; Pier, PierSuppl ; CollinetPontarlier 1925 ; Lar 1928 ; BoillotGrCombe
1929 ; GPSR 1, 616-618 s.v. armalyi̩ ; MüllerMarécottes 1961, p. 213 ; FEW 6, I, 37b, magister I et 24, 590ab, anĬmal I 2 ; GLLF 1971 ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; Alpha 1982 ; Lexis 1992 ; ColinParlComt 1992 ; DuchetSFrComté 1993 ; Lengert
1994 ; « resté vivant dans tout le Haut-Jura pour parler des bergers suisses » RobezMorez 1995 ; OffScrabble 1995.
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