les citations
montagne n. f.
◆ Pâturage de haute altitude, dans le Jura ou dans les Alpes, appartenant à une collectivité ou à un particulier et où l’on emmène séjourner les troupeaux à la belle saison. Louer une montagne ; location de montagnes. Le propriétaire d’une montagne. Mettre des vaches, des génisses à la montagne. Un fromage de montagne ; du gruyère* de montagne. ⇒ alpage ; alpe 2. Basse montagne. ⇒ mayen 1.
1 « Urgent ! À louer pour cause imprévue / belle montagne précoce, pour env. 500 moutons ou 100 génisses. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 10 mai 1973, p. 30.
2 « Lorsqu’un marchand avait acquis un stock de fromages, lorsqu’il avait “acheté une montagne”, on arrêtait le jour de la pesée [en italique dans le texte], qui avait généralement lieu dans la seconde moitié de septembre, et toujours au chalet.* » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 186.
3 « […] la coutume de fabriquer un fromage de montagne ou d’alpage* s’est perpétuée, et c’est ainsi qu’est né ce fromage de La Chaux-d’Abel qui est encore, par un de ses producteurs en tout cas, préparé de façon tout à fait artisanale […]. » J. Montandon, Le Jura à table, 1975, p. 83.
4 « On cherche BERGER pour petite montagne des Préalpes, 30 génisses, accès facile, électricité. » Le Sillon romand, 7 février 1975, p. 29.
5 « On cherche à placer 12 à 15 GÉNISSES sur bonne montagne. » La Gruyère, 26 février 1977, p. 11.
6 « Jour de liesse, mi-septembre, au chalet* de la Rougemonne sur Provence (1349 m), proche du Solliat et du Creux-du-Van, où le berger, sa famille, le propriétaire de la montagne et ses amis fêtaient la nouvelle jeunesse d’un chaudron centenaire. » Yverdon-Revue, octobre 1987.
7 « Au début des années soixante déjà, je me souviens que la fabrication [des fromages] a été peu à peu abandonnée dans de bonnes montagnes. La plupart des jeunes ne savent tout simplement plus fabriquer. » La Liberté, 29 mars 1994, p. 15.
8 « Au Jura, les paysans qui mettent leurs vaches à la montagne fromagent rarement [= fabriquent rarement le fromage] eux-mêmes. Ils n’en ont pas le temps, car leur ferme en plaine est généralement assez grande pour les occuper à l’année. Au mieux, c’est un membre de leur famille qui s’occupe de la montagne. Pour eux, la montagne représente plutôt un revenu d’appoint. » Le Sillon romand, 7 septembre 1995, p. 14.
↪ V. encore s.v. armailli ; chalet 1 ; consortage ; corvée ; mayen 1 et comm. hist. ; yogourt.
tenir montagne loc. verb. S’occuper de l’entretien du bétail et de la fabrication du fromage dans un pâturage de haute montagne à la belle saison.
9 « Depuis hier, c’est le printemps, B. P. va changer de métier : de mai à novembre, il “tiendra montagne” en Neusilles, sous le col de Sonlomont, près du barrage de l’Hongrin. Le travail y sera plus pénible encore. Avec un frère et un garde-génisses, B. P. a pris la responsabilité de 160 à 170 têtes de bétail. » Tribune-Le Matin, 21 mars 1976, p. 14.
teneur de montagne n. m. Personne qui tient montagne (v. ci-dessus).
10 « [titre] La Berra : alpage* de l’État négligé / Le teneur de montagne se rebiffe » L’Express, 27-28 décembre 1975.
11 « Ce technicien [responsable du gruyère*] voit dans ce succès les mérites des teneurs de montagne soucieux de la bonne gestion de leur patrimoine, mais surtout des fabricants qui maîtrisent parfaitement une production particulièrement délicate. » La Liberté, 12 avril 1994, p. 15.
Remarques. Les termes montagne et alpage renvoient au même référent, mais montagne est le terme populaire (v. GPSR 1, 312a).
Commentaire. Première attestation (en SR) : 1761 (montagne à vaches, v. Pier). Dialectalisme ; type largement attesté dans les patois du Jura français, du Jura et des Alpes suisses, des Alpes françaises, et de quelques points du Massif central et des Pyrénées (v. FEW). En français régional, en plus de la Suisse romande, il a été relevé dans le Jura (fr.), en Savoie, à Clermont- Ferrand (en 1861), ainsi que dans l’Aveyron, l’Aude et l’Ariège ; v. aussi DRF. Sur le passage sémantique du sens de “mont” au sens de “pâturage de montagne”, cf. K. Baldinger : « Aus der grundbed. “berg” ergab sich leicht eine zweite bed. “alpweide”, denn diese ist das einzige, was den bauern am berge interessiert » (FEW 6, III, 104a).
Bibliographie. GuilleNeuch 1829-32 ; « pâturage situé sur les montagnes élevées » MègeClermF 1861 ; BonNeuch 1867 ; « propriété située sur les hauteurs où l’on conduit les troupeaux en alpage (Annecy) » ConstDésSav 1902 ; FrançJJRouss, p. 53-54 ; « chaque division de la région des hauts pâturages » OdinBlonay 1910, p. 224a, 365b ; Pier ; Br 6, II, 1245 (cite Rousseau) ; ZumthorGingolph 1962, p. 261 ; « le mot français régional […] n’a jamais le sens français, mais exclusivement celui de ‘alpage’ » SchüleNendaz 1963 ; FEW 6, III, 103a, *montanea 2 ; « dans les Alpes » GLLF 1975 ; « régional [Savoie et Suisse ; Cantal] » TLF 11, 1037a s.v. montagne II B ; « (usuel) pâturage naturel » DurafHJura 1986 ; GuichSavoy 1986 ; BessatGMtBl 1991 ; « pâturage d’été en altitude (Ariège, Aude, Aveyron) » BoisgontierMidiPyr 1992 ; « alpage, pâturage de haute altitude » GagnySavoie 1993 ; ChambonMatAuv ; DRF 2001.
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