les citations
alpe n. f. (parfois Alpe)
1.◆ Montée des troupeaux de bovins (éventuellement d’ovins et de caprins) dans les pâturages de haute montagne, au début de la belle saison ; période durant laquelle les troupeaux séjournent dans les pâturages de haute montagne. La saison de l’alpe. ⇒ alpée, alper ; désalpe, désalper ; inalpe.
1 « À la saison de l’alpe et à celle de la désalpe*, le premier [spectacle] était le passage des grands troupeaux, le défilé des vaches noires et blanches, les mêmes couleurs que celles de la République. » G. de Reynold, Mes Mémoires, 1960, t. II, p. 104.
2.◆ Pâturage de haute montagne, où les troupeaux séjournent à la belle saison. Monter à, sur l’alpe, descendre de l’alpe. ⇒ alpage ; mayen 1 ; montagne. Montée à l’alpe (⇒ alpée ; inalpe). Alpe à génisses.
2 « Sur l’alpe, me dit un jour une jeune fille, les fleurs repoussent comme au printemps. C’est rempli de dents-de-lion, on a même vu des anémones. » C. Bille, La Fraise noire, 1968, p. 62.
3 « Les rares jeunes qui séjournent encore à l’alpage* entrent fréquemment en conflit avec les vieux bergers qu’ils indisposent par leur style de vie. […] Cela irrite les vieux qui, respectueux de la tradition, ne quittent pas leur alpe de tout l’été. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 213.
4 « Mais l’on y apprend aussi que, sur l’alpe, quelques chaudières subsistent encore, l’armailli* devant alors joindre à son amour du bétail les qualités d’un bon fromager. » Le Sillon romand, 6 août 1976, p. 3.
5 « Inlassablement, il [le maître fromager] donne dix fois, cent fois les mêmes explications, […], lui qui, âgé de 55 ans, est monté cet été pour la 50e fois sur l’alpe. » Ibid.
6 « C’est dans cet alpage* communal qu’on a construit, en 1948, un grand chalet*, avec toit en tavillons*, abritant les étables et les granges, mais aussi une buvette, qui donne à… manger aux promeneurs de l’alpe. » L’Est Vaudois, 7 août 1976, p. 4.
7 « […] la foire aux moutons qui a lieu chaque année, dès que les troupeaux sont redescendus de l’alpe. » Femina, 1er septembre 1977, p. 89.
8 « Une fête toute simple et populaire, avec la traditionnelle soupe à l’orge saviésanne*, a permis de rappeler non sans quelque émotion les moments forts de la mémorable rencontre sur l’alpe. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 3 août 1992, p. 1.
↪ V. encore s.v. raclette.
3.◆ (poét., litt.) Haute montagne.
9 « L’Alpe où l’aigle construit son aire, / L’Alpe où libre vit le chamois, / L’Alpe majestueuse et fière / A ses bruits et ses mille voix. » V. Darbellay et al., Liddes, 1976, p. 121.
10 « Odeur âpre et doucereuse de l’alpe, ciel bleu ponctué très loin, très haut, de cirrus blancs qui sont comme une toile d’araignée, fraîcheur de l’herbe que nous foulons, de l’air qui balaie la combe*. » Coopération, 27 octobre 1977, p. 3.
11 « Pour que toute une vie à la montagne ne soit pas oubliée. Mais que ceux de la plaine oublient tout en s’abandonnant sur l’alpe. » La Liberté, 31 août 1993, p. 9.
12 « Le Suisse allemand en lui roule en train, s’isole sur une alpe pour écrire et rêve de faire du fromage de chèvre, défend les droits des femmes et ne mange que végétarien. » Le Nouveau Quotidien, 6 décembre 1993, p. 20.
Remarques. Terme plutôt rare ; on lui préfère inalpe (au sens 1 ; v. ce mot), alpage (au sens 2 ; v. ce mot) ou simplement montagne (au sens 2) : « Grâce à cela, la chose est devenue réalité et, à partir de l’hiver dernier, on n’a plus dans cette région qu’une seule et unique montagne qui est déjà maintenant en exploitation. C’est l’alpage de Scex-Mille, nom de bonne consonnance, qui se retient bien. » (Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 23 juin 1976, p. 17). — Le sens 3 est donné comme « vx ou littér. » (sans marque régionale) dans GR 1985.
Commentaire. Attesté indirectement par le latin médiéval depuis le xiie s. et jusqu’au début du xviiie ; la plus ancienne attestation en français remonte à 1760 (GPSR 1, 312b). Dans l’usage contemporain, il pourrait s’agir d’un emprunt à l’all. Alp n. f. “alpage” (v. LittréSuppl 1877 s.v. alpestre ; GPSR 1, 312a ; GR 1985 s.v. alpe, cit. 3). Mais le type est très bien attesté dans les parlers dialectaux du Val d’Aoste, du Dauphiné, du Piémont, des Basses-Alpes et des Alpes-Maritimes ; c’est à ces matériaux que Wartburg rattache frm. alp [sic] m. “pâturage des Alpes” (Lar 1898–1948), et non à l’allemand (v. FEW 24, 347a, Alpes). Le mot appartient en outre au français régional de la Savoie.
Bibliographie. Littré 1863 s.v. alpage ; LittréSuppl 1877 s.v. alpestre ; GPSR 1, 312b-314a ; FEW 24, 346b-347a, Alpes ; TuaillonSurv ; GR 1985 ; Lengert 1994 ; GR 2001.
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