chalet n. m.
![]() ![]() ![]() 1.◆ Construction en bois et/ou en pierre des régions montagneuses (Alpes, Jura) où les
vachers-fromagers (⇒ armailli) séjournent à la belle saison pour s’occuper du bétail et confectionner le fromage.
Les chalets d’en haut, d’en bas. Des tommes* de chalet. ⇒ cabane ; mayen 2 ; mazot ; raccard.
1 « […] les vignes remontent vers les sapins et les pâturages de la montagne, les grands
chalets de la frontière entourés de boue noire où piétinent les vaches quand les fromagers
les appellent pour la traite avant la tombée de la nuit. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 178.
2 « Là, un même chalet abrite l’écurie, où se fait la traite, la fromagerie et le local d’habitation des
bergers. » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 20.
3 « Du 15 juillet au 15 août, presque tout le village se rendait sur la montagne* ; des familles entières se déplaçaient avec les ustensiles nécessaires. Seules quelques
rares personnes restaient en bas. On logeait dans de petits chalets, le plus souvent à plusieurs familles, car les héritages successifs avaient fortement
morcelé la propriété. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 36.
4 « Dans la partie ouest des Franches-Montagnes, les villages sont plus disséminés, et
une série d’alpages* sont conçus, comme ceux de montagne, avec un chalet, destiné non seulement à loger les bergers durant l’été, mais dans lequel on fabriquait
autrefois le fromage pour utiliser le lait de la traite. » J. Montandon, Le Jura à table, 1975, p. 83.
5 « […] un violent incendie a détruit, dans la nuit de samedi à dimanche, à quelque 1500
mètres d’altitude, dans les mayens* de Sarreyer, une grange-écurie et un petit chalet. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 14 octobre 1975, p. 15.
6 « Je cherche / BERGER / bon trayeur, 30 vaches. Seul ou avec sa famille, pour la montagne*. Beau chalet, traite mécanique. Gros gages. » 24 heures, 12 janvier 1977, p. 41.
↪ V. encore s.v. armailli ; chambre 6 ; clédar ; inalpe ; écurie ; encoubler 1 ; génisson ; gicler I 1 ; gouttière ; gymnase ; hucher 1 ; mayen 2 ; montagne ; raccard ; rebibes 1 ; tavillon ; train ; vers 3 ; vouloir.
◇ (en particulier) Chalet d’alpage, chalet sis dans un alpage, où l’on fait le fromage et où l’on soigne et abrite le
bétail ; de nos jours, on y accueille aussi parfois des touristes. ⇒ alpage ; chotte.
7 « [titre] Le chalet d’alpage / Bâtiment polyvalent, il réunit sous le même toit étable et fromagerie. La fromagerie
d’un chalet d’alpage jurassien comprend la cuisine, la chambre* à lait et la cave à fromage. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 62.
8 « Pour les meilleurs d’entre eux, cette figuration leur permet d’exprimer le tragique,
le romantisme, la clarté, la monumentalité de la montagne sans tomber jamais dans
ce folklore dont nous parlions plus haut. […] Mais pour d’autres cette figuration
les fait tomber dans la mièvre représentation sans âme, de style carte postale avec
vaches, chalets d’alpage, etc. » Coopération, 8 juillet 1976.
9 « Hier après-midi, vers 16 h. 30, la foudre est tombée sur un chalet d’alpage, sis au lieu dit Plasselbschlund. Ce chalet […] fut complètement détruit. Heureusement, il n’abritait aucune tête de bétail. » La Liberté, 13 mai 1977, p. 17.
10 « Elle a déjà pris l’habitude, durant l’été et tous les week-ends de beau temps, de
monter rejoindre un ami qui garde des vaches dans un chalet d’alpage de la vallée de Joux. » Femina, 1er juin 1977, p. 11.
11 « Ce petit livret recense quelque 200 gîtes ruraux situés dans des fermes, maisons villageoises
et vigneronnes, auberges de campagne, chalets d’alpage, mayens* valaisans… » Le Nouveau Quotidien, 19 avril 1994, p. 36.
12 « Un exemple dans le canton* de Neuchâtel : une famille allemande y réserve depuis quatre ans et pour un mois
un chalet d’alpage (cuisinière à bois, pas d’électricité, pas de chauffage). » Le Nouveau Quotidien, 13 juin 1994, p. 19.
◇ Garçon, fille de chalet, employé(e) subalterne qui travaille sous les ordres du vacher-fromager (⇒ armailli).
13 « […] trois garçons de chalet qui font le travail de vrais armaillis* et qui sont traités par le “patron” avec une autorité empreinte de gentillesse et d’amitié. C’est un plaisir de les voir
vaquer aux soins du chalet, manier la machine à traire dont ils connaissent tous les secrets […]. » La Liberté, 6 août 1976, p. 15.
14 « Il a fréquenté les écoles primaires et régionales de Gruyère où il fut toujours l’un
des meilleurs élèves de sa classe. Puis il connut la vie rude des jeunes montagnards.
Il fut garçon de chalet. » La Gruyère, 18 juin 1977, p. 2.
15 « Enfin, le compte des garçons et filles de chalet permet d’offrir aux jeunes qui s’engagent pour deux saisons ou plus, un diplôme attestant
de leur activité, une balade et une fête de Noël. » La Liberté, 2 mars 1993, p. 13.
↪ V. encore s.v. armailli.
◇ (par ext.) Petite habitation de haute montagne, rudimentaire et sans confort.
16 « Aucun confort au chalet. Cuisine rudimentaire, éclairage à la chandelle, l’eau à la source. Mais un silence,
un calme ! Idéal pour se reposer ou mener à bien un ouvrage de longue haleine ! » G. Clavien, Un Hiver en Arvèche, 1970, p. 30.
17 « Jusqu’à ces dernières années, poursuivit-elle, j’ai dû vivre dans les soupentes qu’on
nous prêtait ou dans de misérables chalets sans eau et sans lumière. » C. Bille, Juliette éternelle, 1971, p. 225.
18 « Je cherche à acheter / Valais central / chalet paysan sans confort. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 8 mai 1973, p. 22.
2.◆ Maison de bois, au toit à versants inclinés et couverts de bardeaux ou de tuiles,
servant le plus souvent de résidence secondaire mais assez bien aménagée pour être
utilisée comme résidence permanente. Chalet de vacances. Chalet de style valaisan, bernois. Un chalet en mélèze neuf.
19 « Gardons-nous de nous écarter de notre attachement au sol natal : sans le sol il n’est
rien de solide et de durable. Si nous devions prévoir une zone de chalets de vacances dans le site qui nous est échu en partage, choisissons-la à l’orée des
forêts, où elle ne risquerait pas de déparer le merveilleux paysage et de gêner le
rythme normal de notre vie agricole. » Cl. Bérard, Bataille pour l’eau, 1976, p. 16 (1re éd. 1963).
20 « Et il n’y a pas seulement l’agriculture mais le tourisme. On construit des chalets dans les environs. On parle déjà d’une petite station à proximité de notre village. » M. Métral, Les Racines de la colère, 1971, p. 29.
21 « À vendre à Chevroux, au bord du lac de Neuchâtel, / CHALET DE VACANCES / Construction neuve, avec 3 chambres à coucher, salle de séjour, douche, cuisine
aménagée, grand balcon, égout, électricité, téléphone. » L’Express, 17 mai 1973, p. 4.
22 « Le tintement des sonnailles a fait place aux klaxons des voitures et des autocars
amenant la première vague des touristes de l’après-guerre. À la place des “mazots*”, des “racards*”, des étables ont surgi des chalets, des bureaux d’architecture, des agences immobilières, des succursales de banques
et des buildings à multiples étages […]. » G. Clavien, Le Partage, 1976, p. 317.
23 « Sinforini, à Ennuie, se construit-il un chalet d’un million de francs […], quelque temps plus tard, Negrona et tous les gros entrepreneurs
d’Ennuie veulent avoir leur chalet d’un million […]. » Id., p. 321.
24 « À vendre / chalet type valaisan / madrier / avec 500 m2 de terrain. Chalet de 4 pièces, cuisine, salle de bains […]. » 24 heures, 31 mai 1977, p. 24.
↪ V. encore s.v. agencé ; agencement ; carnotzet ; carrelet ; catelle ; chambre 1 ; Conseil communal 2 ; direct2 ; maître d’état ; mazot 2.
◇ Chalet d’habitation, chalet destiné à servir de résidence permanente.
25 « L’administration communale soumet à l’enquête publique la demande présentée par M. S.
B., pour transformer et agrandir un raccard* en chalet d’habitation à Vissoie au lieu dit Rhin. » Bulletin officiel du Canton du Valais, 5 octobre 1973, p. 876.
26 « Si vous voulez transformer votre mayen* en chalet d’habitation, faites-vous vaudois, il n’y aura plus d’ennuis. » La Dzapate (journal de carnaval, VS), éd. rose, 1976, p. 4.
27 « À vendre à quelques km des Paccots / beau chalet d’habitation (conv. aussi pour vacances), 5 chambres* (dont une grande pièce avec cheminée), tout confort, tranquillité. » 24 heures, 15 septembre 1976, p. 51.
◇ (par ext.) Construction de haute montagne, pouvant héberger plusieurs personnes à la fois (⇒ cabane).
28 « Autour du chalet du nouveau golf des Alpes vaudoises, à mi-chemin entre Villars et Bretaye, les hôtes
de la journée d’hier ont dégusté dans un cadre admirable une raclette* préparée par les hôteliers. » L’Est Vaudois, 18 juin 1977, p. 5.
29 « À vendre ou éventuellement à louer / grand chalet / 60 lits rénové récemment, terrain 2000 m2 environ. Libre tout de suite. Pourrait convenir pour colonie de vacances. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 8 mars 1982, p. 34.
↪ V. encore s.v. cantine2.
Remarques. Le sens de “maisonnette pittoresque, en bois, dans le style suisse, qui sert d’habitation de plaisance” est attesté dans la lexicographie française depuis Lar 1867. Le français du Québec connaît en outre le sens de “petite maison de campagne située près d’un lac ou d’une rivière” (DQA 1992).
Commentaire. Premières attestations : latin médiéval chaletum (VD 1328) ; mfr. chaleis (VS 1379), chaslet (FR 1408), challet (VD 1419). Attesté en France pour la première fois en 1723, popularisé par J.-J. Rousseau
(1761, La Nouvelle Héloïse), ce mot suisse romand d’origine dialectale (rattaché par Wartburg à un étymon prérom.
*cala “lieu abrité”) est l’un des rares à s’être diffusé dans la langue littéraire et dans la langue
courante de toute la francophonie. Il est en outre passé à l’all. de Suisse (Chalet n. n. “Schweizerhäuschen”). Dans le Haut-Jura, le mot chalet désigne la fromagerie ; en Savoie, une maison d’alpage (« logement du personnel […] et fabrication du fromage ») ou une maison de moyenne montagne (« logement de la famille, étable et grange avoisinante pour stocker le bois et le foin
jusqu’à l’hiver » ; v. GagnySavoie, qui atteste également le syntagme chalet d’alpage). V. aussi DRF.
Bibliographie. FrançJJRouss ; FEW 2, 50b-51a, *cala ; GPSR 3, 270b-272b ; TLF ; DurafHJura 1986 ; J. Robez-Ferraris, “Chalet : le mot dans la lexicographie française”, dans MélTuaillon 1988, vol. II, p. 266-278 ; DudenSchweiz 1989 ; DromardFrComt 1991 ;
DuchetSFrComté 1993 ; GagnySavoie 1993 ; RobezMorez 1995 ; DRF 2001.
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