mailler [mɑ:je] 🔊 v.
1.◆ (v. tr.) Tordre. Mailler une branche, une tige.
1 « L’arrachage [des betteraves] se fait en automne. Enlever le feuillage en le “maillant”, non en le coupant, ce qui provoquerait des saignées provoquant [sic] la pourriture. » P. Magnollay, P. Ph. Mottier, Culture maraîchère, 1971, p. 118.
◇ Fausser, voiler, gauchir. J’ai maillé la roue de mon vélo.
2 « En effet, M. P. L. a dû malheureusement constater qu’un ou des individus avaient causé
des dégâts aux accessoires du parcours, arrachant des panneaux de signalisation, en
maillant d’autres ou encore défonçant des brides porteuses de signalisation d’exercices à
faire sur place. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 23 juillet 1980, p. 22.
◇ Se mailler (la cheville, le genou), se tordre.
3 « En descendant de Tête de Ran, je me suis maillé une cheville en marchant sur de la groise*. » Femme âgée d’env. 65 ans, Neuchâtel, 20 janvier 1977.
(fig.) Se mailler de rire, se tordre de rire.
◇ maillé part. passé-adj. Tordu. Une clef maillée, une poutre maillée. Un vieillard maillé par les rhumatismes.
4 « Quand y a de ces coups de joran*, y a tous les buissons qui sont maillés. » Femme âgée d’env. 55 ans, NE Bevaix, 5 avril 1977.
5 « Toutes les lumières s’éteignent et le train repart lentement, avec l’impression que
le plancher du wagon se soulève à chaque tour de roue. “Y a un essieu qui est maillé”, clame une voix dans l’obscurité. » Domaine Public, 2 février 1995, p. 8.
2.◆ (v. intr.) Déraisonner, divaguer.
3.◆ (v. intr.) S’énerver, se mettre en colère ; paniquer.
4.◆ (v. tr., tr. abs.) Chaparder, voler.
Localisation. 1. 〈Suisse romande〉 ; 2. 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉 ; 3. 〈Canton de Neuchâtel〉, 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉 ; 4. 〈Canton de Neuchâtel〉, 〈Canton de Fribourg〉.
Remarques. Les sens 2, 3 et 4, limités au registre familier, ne sont guère attestés dans les
sources écrites. — Cf. encore le dér. VD, GE, FR, JU maillée n. f. “cuite, ivresse” (« les nôtres ne trouvèrent rien de mieux que de fêter leur victoire en prenant des maillées carabinées » P. C. Cotting, Fribourg au moyen-âge vu par un Bolze, 1976, p. 51 ; v. encore RouxArgSold 1921 ; Pier ; IttCons 1970 > DFV 1972 ; ChapuisMots
1988). ⇒ assommée 2 ; astiquée 3 ; caisse ; crattée ; fédérale ; gonfle2 3 ; gonflée ; lugée ; papet II ; soûlon ; sur (Soleure). — Cf. encore le dér. FR mailleur n. m. “chapardeur”, qui se rattache au sens 4 (Michel Bavaud, comm. pers., 30 janv. 1997).
Commentaire. Première attestation : 1556 (v. Pier). Dialectalisme ; dans les patois, en plus de
la Suisse romande, le type est bien attesté en Franche-Comté, en Haute-Savoie, en
Savoie, dans l’Ain, à Lyon et en Isère (v. FEW). En français régional de France, on le relève avec une densité particulièrement élevée en Franche-Comté ;
il est aussi attesté à Lyon en 1894, mais on ne le trouve plus dans les sources récentes
de lyonnaisismes. Enfin, il serait aussi connu en français régional de Savoie avec les sens de “tordre (une branche souple pour en faire un lien de fagot)”, “tordre pour casser (quand on n’a pas d’outil tranchant)” (G. Tuaillon, communication manuscrite, septembre 1980).
Bibliographie. PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ;
BeauquierDoubs 1881 ; PlutFranç 1890, p. 10 (maîller) ; PuitspeluLyon 1894 ; CarrezHJura 1906 ; WisslerVolk 1909 ; Pier, PierSuppl ; CollinetPontarlier
1925 ; BoillotGrCombe 1929, p. 216 ; BiseHBroye 1939, p. 305 ; FEW 6, I, 15b, macula I 2 b ζ ; ZumthorGingolph 1962, p. 257 ; DondaineAuth 1976, p. 59 ; SchüleListeLar 1978 ;
Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; « région. (Savoie, Suisse) » TLF ; « régional (Suisse) » GR 1985, 2001 ; DurafHJura 1986 ; DromardFrComté 1991 ; ColinParlComt 1991 ; « Suisse » NPR 1993 ; DuchetSFrComté 1993 ; Manno 1994, p. 213 (concept “avoir peur”, hapax GE) et 214 (concept “voler (qch.)”, deux att. NE) ; RobezMorez 1995.
Simone QUENET
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