soûlon n. m., saoulon (plus rare)
◆ (fam.) Ivrogne, soûlard, soûlaud. C’est un vrai soûlon, ce type. ⇒ assommée 2 ; astiquée 3 ; caisse ; crattée ; fédérale ; gonfle2 3 ; gonflée ; lugée ; maillée ; papet II ; sur (Soleure).
1 « Le soûlon m’a dit : – Paraît qu’il y a des pays où ils ne savent même pas que le vin existe. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 192.
2 « À une heure de Chandolin, sur la montagne de Ponchette, le berger de l’alpage* aux génisses s’ennuyait. Il s’appelait Hilaire. Il s’ennuyait surtout de ne plus
boire autant que d’habitude, car hélas Hilaire était le plus grand et le plus fort
soûlon du val d’Anniviers ; mais c’était en même temps l’être le plus doux, le plus sensible.
Il succombait toujours à son penchant et ne pouvait s’en corriger. » C. Bille, Le Mystère du monstre, 1967, p. 29.
3 « On raconte des histoires de service militaire où les Valaisans ont écrasé des porcs
à coups de crosse, où des soûlons du Châble se sont battus comme des chenapans, et chacun sait qu’à force de boire
ils ont un crétin par village. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 56.
4 « Mais à côté de cela, il y avait d’infâmes gargotes où le soûlon [en italique dans le texte] buvait des piquettes sinistres et des tord-boyaux impitoyables, et qui ne devaient
disparaître que petit à petit. Dans notre jeunesse encore, les ivrognes battaient
les murs des petits chemins de vigne, le samedi soir, et soliloquaient dans les ruelles
obscures. » M. North, Neuchâtel à table, 1973, p. 120.
5 « Et dans les villages, tout le monde était déjà couché quand ils avaient passé. Il
y avait juste un “saoulon” qui leur avait fait un signe de la main, devant un café, mais il n’avait pas pu les
reconnaître comme c’était nuit. » G. Clavien, Châtaignerouge, 1977, p. 200.
↪ V. encore s.v. butin.
Remarques. On rencontre aussi, plus rarement, le fém. soûlonne (« Ah ! ces vieilles femmes soûlonnes ou prieuses noires qui sortent des églises, appuyées sur des bâtons ! » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 209).
Commentaire. Première attestation : 1757 (v. Pier). Variante suffixale formée sur la même base
que frm. soûlard, soûlaud, dont l’aire dans les parlers dialectaux de l’Est galloroman est très étendue (Saône-et-Loire,
Côte-d’Or, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Moselle, Vosges, Bas-Rhin, Haut-Rhin,
Terr. de Belfort, Doubs et Rhône ; v. FEW). En français régional de France, elle est encore connue de nos jours en Lorraine et dans l’Ain. Il est
surprenant de constater que ce type lexical existe aussi au Québec, où il est attesté
depuis 1909, et d’un emploi très courant. Il s’agit probablement d’une convergence
fortuite, le français du Québec n’étant pas tributaire des parlers de l’Est.
Bibliographie. MulsonLangres 1822 ; GuilleDial 1825, p. 33 ; PeterCacol 1828 ; GuilleNeuch 1829-32 ;
PeterCacol 1842 ; « soûlon à Neuchâtel et dans le Jura » HumbGen 1852 s.v. soûlion ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; Dionne 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 542b (soulonne) ; Pier ; GPFC 1930 ; FEW 11, 249b, satullus 2 ; IttCons 1970 ; DoillonComtois 1980 ; ALEC 1980, q. 269, 270 ; Seutin ; « Suisse » PLi depuis 1989 ; « partout » LanherLitLorraine 1990 ; DQA 1992 ; Lengert 1994 ; « attesté » MichelNancy 1994 ; « helv. » OffScrabble 1995 ; FréchetAin 1998.
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