les citations
luger v.
1.◆ luger v. tr. Déplacer (une charge) au moyen d’une luge*. Ils ont lugé ces billons ce matin. ⇒ luge.
1 « Une bétaillère fut amenée aux Assets et six hommes montèrent à l’alpage*. O. D. tira, avec son fusil anesthésique, dans les fesses d’un premier animal. Attaché par les cornes on le lugea jusqu’à l’engin de transport […]. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 10 novembre 1975, p. 7.
2.◆ luger v. intr. Glisser, déraper.
2 « Mais il (le camion) a lugé sur la route glissante. » MeijerEnq 1962, p. 12.
3 « Il mit le moteur en marche. Elle lugea dans le tas d’herbe et s’y installa. » M. Métral, Un Jour de votre vie, 1976, p. 71.
3.◆ se luger v. pron. Faire de la luge ; glisser en luge sur une pente enneigée. Aller se luger sur la neige. Les enfants adorent se luger l’hiver dans les pentes enneigées.
4 « En hiver, on allait “se luger” au Crêt, petite prairie au pied de l’Évêché. On se hasardait même à descendre la Mercerie en luge. » Nouvelle Revue de Lausanne, 8 juillet 1969, p. 3.
5 « À Lausanne, la neige a fait la joie des gosses qui, par centaines, se sont lugés. Dans le haut de la ville, ce sont les voitures qui glissaient dangereusement. » Tribune-Le Matin, 17 janvier 1977, p. 5.
6 « [titre] LES FEUX DE L’HIVER / C’est la bête qu’on bouchoie* / Dans la grange ouverte / Et le veau mort-né / Jeté dans la neige. / C’est la lèvre gercée / D’une fille qui se luge. » C. Bille, La Montagne déserte, 1978, p. 80.
(fig.) Éviter tout effort ; ne pas se fatiguer (Alpha 1982).
4.◆ luger v. intr., se luger v. pron. (fig.) Échouer (à un examen, pour un étudiant ou une étudiante ; à une élection, pour un candidat ou une candidate). Le pauvre, il s’est complètement lugé.
7 « Savez-vous la différence qu’il y a entre J.-C. M. et D. T. ? Il n’y en a pas, car ils ont tous les deux lugé [aux élections]. » La Dzapate (journal de carnaval, VS), éd. jaune, 1977, p. 3.
Remarques. L’emploi intr. luger “faire de la luge”, qui apparaît sans marque régionale dans la lexicographie française, a aussi cours en Suisse romande (« Un dimanche nous avons lugé. » C. Bille, Deux passions, 1979, p. 184). On trouve encore comme équivalent la construction aller en luge (« J’allais en luge dans le pré avec le petit Bertrand. » id., p. 154). — Cf. encore le dér. lugée n. f. “échec” (prendre une lugée, une fameuse lugée ; cf. ci-dessus 4) ; “ivresse, cuite” (« Oh les pliées [= fortes cuites ; v. Manno 1994, p. 218] et les lugées ! Les retours du dimanche soir dans la chaleur des deuxièmes classes bourrées ! » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 169 ; ex. mal interprété chez Lengert 1994, p. 107 ; v. encore IttCons 1970) ; ⇒ assommée 2 ; astiquée 3 ; caisse ; crattée ; gonfle2 3 ; gonflée ; fédérale ; maillée ; papet II ; soûlon ; sur (Soleure). Les sens de “charge d’une luge” (v. Pier) et “forte chute” ne sont pas attestés au fichier CD pour la période des années 1960 à nos jours, mais le sens de “forte chute” est encore courant dans l’usage oral.
Commentaire. Premières attestations : 1852 (HumbGen, pour l’emploi pron.) ; 1867 (BonNeuch, pour l’emploi trans.) ; 1901 (Pier, pour l’emploi intr. avec le sens de “faire de la luge”). Dialectalisme ; le type luger et sa famille (v. ⇒ luge) ont pénétré le français central, mais connaissent en français régional une plus large palette d’emplois (pour une situation comparable, v. gicler à la nomenclature). On a aussi relevé se luger en français régional de Franche-Comté (Dromard) et de Savoie (GuichSavoy) ; cf. en outre se lucher (CollinetPontarlier 1925 ; ColinParlerComt 1992).
Bibliographie. HumbGen 1852 ; BonNeuch 1867 ; ConstDésSav 1902 (qui ne l’atteste que pour GE) ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, 326b ; Pier ; MeijerEnq 1962, p. 12, 137 ; FEW 23, 77ab, concept “traîneau” 1 b γ ; ALJA I, L4 (se luger y figure dans la métalangue, comme titre de question) ; TLF ; GuichSavoy 1986 ; PLi depuis 1989 ; DromardFrComté 1991.
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