luge n. f.
◆ Gros traîneau d’attelage ou à bras, aux patins relevés à l’avant, utilisé pour transporter
des charges sur une surface enneigée (bois, foin, provisions, blessés en montagne,
etc.). Le cheval tire la luge chargée de bois de chauffage. C’est en luge qu’on transporte
au village les skieurs blessés. ⇒ luger.
1 « Louis est un paysan du Gros-de-Vaud. On dit “agriculteur” depuis quelque temps ! C’est plus poli, paraît-il, mais ça ne change pas la figure.
Louis n’a confiance qu’en l’objet voué à la terre : le sac, le couteau, le char, la
luge, la herse, voici ses compagnons de vie. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 22.
2 « Les fourgons d’à présent vont plus vite que le cheval, autrefois, tirant la luge noire, le dais à baldaquin frangé d’argent, la drôle de cage au pas du glas, ses
bouquets d’immortelles accrochés tout autour et son habituel convoyeur […]. » J.-P. Monnier, L’Allégement, 1975, p. 9.
3 « Ils durent même à trois reprises descendre et marcher dans une poussière épaisse,
semée de crottins. Ils croisaient des mulets tirant de grandes luges chargées de bois ou de foin. Les paysans saluaient. » C. Bille, La Maison Musique, 1977, p. 98.
4 « Il me refuse l’hélicoptère. Nous entamons une autre course avec mes camarades. Ils
me descendent en luge à l’hôtel du Gantrisch, de là on appelle une ambulance qui me transporte à l’hôpital
de Schwarzenburg. » M. Chappaz, La Haute Route du Jura, 1977, p. 155.
Remarques. Le sens du français de référence, “petit traîneau pour glisser sur la neige”, est aussi tout à fait courant en Suisse romande. — Cf. encore le dér. lugeon n. m. “patin de luge, planche recourbée à l’avant formant la base de la luge (normalement
au nombre de deux) et assurant la glisse sur la neige” (« Et le glissement silencieux des lugeons sur la neige » G. Clavien, Châtaignerouge, 1977, p. 10 ; « lugeons pour fixer sur poussette d’enfant » L’Express, 1er décembre 1977, p. 18). On rencontre aussi encore à l’occasion le sens de “petit traîneau” (Pier ; IttCons 1970).
Commentaire. Premières attestations : 1398 (“gros traîneau d’attelage”) ; 1537 (“petit traîneau pour glisser sur la neige”) ; v. Pier. Dialectalisme ; type lexical indigène issu d’un étymon d’origine préromane
(on peut reconstituer une forme *leudica pour les avatars suisses, savoyards et valdôtains ; v. FEW) ayant pénétré la langue
centrale dans une de ses acceptions (dans le domaine des sports et loisirs) mais qui
a aussi conservé en français régional un sens plus traditionnel (v. ci-dessus ; aussi
attesté pour le français régional de Savoie dans ConstDésSav 1902 mais non confirmé depuis dans d’autres sources).
Bibliographie. HumbGen 1852 ; BonNeuch 1867 ; ConstDésSav 1902 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910,
p. 326b ; Pier ; FEW 23, 77ab, concept “traîneau” 1 b γ ; TLF ; Lengert 1994.
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