Röstigraben n. m. [ʀø(:)ʃtigʀɑ:b(ə)n] 🔊, [ʀœʃtigʀabɛn] (parfois écrit avec une minuscule)
◆ Littér. « fossé des rösti* » ; dénomination métaphorique et plaisante du manque de communication et d’intercompréhension
(imaginaire pour les uns, bien réel pour les autres) entre Suisses romands et Suisses
alémaniques. Le problème du Röstigraben. Combler le Röstigraben. ⇒ Allemands ; confédéré II 3 ; outre-Sarine ; rösti 2 ; Toto ; Welsch(e).
1 « Durant ces dix dernières années la situation des latins ne s’est guère améliorée dans
l’administration fédérale*. Relevons qu’il n’est pas question ici de se lamenter au pied [sic] d’un “Röstigraben” ; ce propos entend présenter un état de la situation. » Courrier neuchâtelois, 7 juillet 1993, p. 24.
2 « Je me réjouis* de votre venue à Genève. Ce sera pour vous une occasion de constater que le problème
du Röstigraben n’est que tout à fait secondaire par rapport au fossé social entre la Suisse de ceux
qui profitent de la crise et celle, majoritaire, de ceux qui en souffrent. » Le Matin, 20 septembre 1993, p. 3.
3 « Mais les choses se gâtent quand on apprend que, pour déguster leur fondue, nos compatriotes
saint-gallois* ou appenzellois* remplacent le pain par des carottes et autres légumes, voire des dés d’ananas. C’est
en cuisine que le “Röstigraben” paraît s’être installé jusqu’à la fin des temps. » La Liberté, 27 janvier 1994, p. 27.
4 « Une fois de plus, la Suisse romande a été littéralement écrasée par le rouleau compresseur
alémanique, emportant de surcroît le Tessin et les Grisons dans sa voie solitaire.
L’approbation de l’initiative des Alpes est un véritable camouflet infligé à la partie
francophone du pays. Le röstigraben que les politologues d’outre-Sarine* s’étaient efforcés de relativiser après le vote négatif du 6 décembre devient synonyme
de gouffre. Mais, plus grave encore, cette scission confirmée et amplifiée marque
la victoire égoïste des champions du réduit* national […]. » Le Nouveau Quotidien, 21 février 1994, p. 2.
5 « [titre] Le Röstigraben existe-t-il ? / Au lieu de vivre simplement côte à côte, Suisses alémaniques et Romands
doivent apprendre à mieux se connaître. Tel a été l’un des leitmotive du vaste débat
entamé hier au Conseil* national sur le rapport consacré à l’amélioration de la compréhension entre les régions linguistiques.
Le clivage du 6 décembre 1992 est à l’origine de ce rapport. » L’Express, 16 mars 1994, p. 3.
6 « [titre] Dur de tendre une poutre au-dessus du röstigraben / Il n’y aura pas de nouveau motif de rancœur entre Romands et Alémaniques. Après
de longues tergiversations, la poutre de Chillon offerte pour participer symboliquement
à la reconstruction du pont de la chapelle de Lucerne a été acceptée et sera installée
lundi prochain. Mais la saga de cette idée qui semblait si simple montre à quel point
il peut être difficile de se comprendre de part et d’autre de la barrière des langues. » La Presse, 6 avril 1994, p. 1.
7 « J’ai horreur de cette notion de röstigraben. » Le Nouveau Quotidien, 9 mai 1994, p. 9.
8 « Il est affligeant d’entendre les politiciens utiliser l’explication du Röstigraben. Depuis cinq ans, il y a une constante du vote suisse, entre 47 et 55 %, quel que
soit l’objet du referendum*. Il faut donc prendre d’autres facteurs en considération que le fossé linguistique :
ville contre campagne, niveaux de formation. Si l’on ne tient pas compte de ces facteurs,
on s’engouffre dans une logique suicidaire. » Le Nouveau Quotidien, 13 juin 1994, p. 7.
9 « La TV* romande a diffusé un reportage un peu provocateur consacré aux relations entre Alémaniques
et Romands. Le “Röstigraben” existe et on aurait tort de l’oublier. Mais de là à nous traiter de pleurnicheurs
et à nous reprocher de ne pas avoir chez nous un Blocher… Il y a des exagérations
difficiles à accepter ! » Courrier neuchâtelois, 13 mars 1996, p. 24.
10 « Ce qui est sûr c’est que le “Röstigraben” est une réalité bien présente dans le hockey suisse et ce depuis des années. » La Liberté, 13 juin 1997, p. 35.
↪ V. encore s.v. Toto 1.
◇ (énoncé métalinguistique)
11 « Et, puisqu’on aborde les questions de vocabulaire, ajoutons qu’il serait grand temps
de trouver un autre mot pour dire le fossé qui sépare la Suisse allemande de la Suisse
romande : ça fait belle lurette que les rösti ont passé le Graben. » Le Nouveau Quotidien, 31 octobre 1996, p. 3.
Commentaire. Emprunt conscient à l’all. de Suisse Röstigraben n. m., de même sens ; dénomination récente et plaisante (« in jüngster Zeit aufgekommene (scherzh.) Bezeichnung » DudenSchweiz). A aussi fait l’objet d’un emprunt en ital. rég. de Suisse (v. Petralli). — Sans tradition lexicographique en français.
Bibliographie. DudenSchweiz 1989 ; Petralli 1990 ; PledariGrond 1993.
Copyright © 2022, tous droits réservés
|