les citations
pruneau n. m.
1.◆ Variété de prune de forme oblongue et de couleur violette. Gâteau* aux pruneaux. Pruneaux Ersingen, Fellenberg. Crème, marmelade, bouillie, compote de pruneaux. Petits pruneaux de Bâle, variété de prune plus petite. ⇒ belosse ; damassine 1.
1 « – Si vous pouviez choisir une nourriture ? / – Saucisse et gâteau* aux pruneaux ! » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 23.
2 « En gastronomie, les pruneaux se sont fait une place au soleil d’août et de septembre. C’est l’époque où ils mûrissent, où l’on en fait des tartes succulentes. » Le Nouvel Illustré, 15 septembre 1976, p. 96.
3 « Dans un joyeux babil, quarante-cinq gosses, alignés autour de longues tables, ont pelé les pommes, ouvert les pruneaux, roulé la pâte dans la farine, foncé les feuilles. Avec plus ou moins de générosité, ils ont garni les gâteaux* : trente et un. » 24 heures, 25-26 septembre 1976, p. 17.
4 « Ces pruneaux présentent presque tous des anomalies : difficiles à ouvrir, taches brunâtres dans la chair, noyau adhérent, excroissances translucides. » Bulletin officiel de la Ville de Neuchâtel, 14 octobre 1976, p. 7.
5 « Beurrez et farinez une plaque* de 24 cm de diamètre, foncez-la de pâte, piquez le fond avec une fourchette. Poudrez tout le fond avec les deux grosses cuillerées de poudre d’amande […] et disposez ensuite par-dessus les moitiés de pruneaux, peau contre le fond. » Femina, 1er septembre 1977, p. 95.
↪ V. encore s.v. épéclée 3 ; gâteau 1 ; guêlon ; Jeûne 2 ; taillaule.
(dans une comparaison)
6 « Ses poches, sous les yeux, pendaient, gonflées et bleues, comme des pruneaux trop mûrs. » M. Métral, L’Avalanche, 1966, p. 11.
2.◆ Eau-de-vie tirée de ce fruit. Du pruneau comme digestif. Un pruneau délicieusement parfumé. Offrir un verre de pruneau. On a bu des pruneaux à la fin du repas. ⇒ abricotine ; damassine 2 ; distillée ; goutte ; pomme2 ; Williamine.
7 « Il chercha le café à la cuisine, rinça les assiettes. Est-ce qu’Honoré désirait du pruneau ? du pruneau des Possessions ? » C. Colomb, Le Temps des anges, 1962, p. 93-94.
8 « Au pied de la colline un bistrot minuscule alignait trois tables en bordure du fleuve. On y servait un pruneau parfumé qui tremblait dans le verre au passage des charrettes. » N. Bouvier, L’Usage du monde, 1963, p. 44.
9 « – L’alcool tue ! criait le patron de la deuxième jeune fille en tempêtant contre les vignerons. Car il était de la Croix-Bleue [= ligue antialcoolique] et on aurait passé toute sa maison au peigne fin sans y découvrir la moindre topette de kirsch ou de vieux pruneau. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 185-186.
10 « Jost accompagnait volontiers un café noir d’un verre de kirsch ou de pruneau. Il n’allait pas faillir à la tradition, prit un flacon en disant : – Café nature ou café pruneau ? » A.-L. Chappuis, Juste avant l’orage, 1973, p. 47.
11 « Avec 3 plats simples, sans entrée et sans dessert, 1 demi de blanc, 2 cafés et 3 pruneaux, le total se montait à 119 fr. 80 […]. C’est tout simplement scandaleux. » 24 heures, 16 juin 1977, p. 2.
↪ V. encore s.v. moindre II 2.
3.◆ pruneau sec n. m. Ce fruit, auquel on a fait subir un procédé de dessication en vue de sa conservation. Servir une garniture de pruneaux secs avec la viande.
12 « Elle se tient toujours très droite dans sa longue robe noire et sa bouche fermée prononce peu de paroles, mais sait sourire, et ses mains, qu’elle tient croisées sur son giron en marchant, ses mains meurtries nous apportent en cachette de son époux des corbeilles de pruneaux secs, du lait de chèvre. » C. Bille, Juliette éternelle, 1971, p. 176.
13 « [titre] JARRET DE VEAU À L’ARGOVIENNE / Une belle tranche de jarret de veau, mijotée avec soin, dans une sauce avec une brunoise de légumes, du cognac et de la crème double. Servi avec des nouillettes [= petites nouilles] au beurre et une garniture de pruneaux secs, de carottes glacées et d’oignons. » La Suisse, 25 septembre 1976, p. 25.
14 « Avant d’être utilisés, les pruneaux secs seront mis à tremper pendant une nuit (ou au minimum deux heures) dans de l’eau ou du thé léger, avant d’être cuits dans l’eau de trempage où sont passés certains éléments nutritifs. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 12 décembre 1976, p. 4.
Remarques. Le fruit que les Suisses romands appellent pruneau se nomme quetsche en France ; ce que les Français entendent par pruneau se rend en Suisse romande par pruneau sec (ci-dessus 3). — Cf. encore le dér. pruneautier n. m. “arbre qui donne des pruneaux” (« Les coupes concernent toutes les essences, mais les pommiers et les pruneautiers furent décimés. » La Liberté, 16 janvier 1996, p. 19).
Commentaire. Première attestation : pruneau d’Allemagne 1768-9, Valmont de Bomare, Dictionnaire d’histoire naturelle, Yverdon (cité par Bossard et Redard). Lengert 1994 veut expliquer le sémantisme du mot de français régional par le substrat dialectal (« Die von der Standardsprache abweichende Semantik beruht auf der des entsprechenden Dialektworts »), mais cela n’explique pas d’où vient le sémantisme du mot dialectal (dont on ne peut d’ailleurs prouver qu’il soit plus ancien que celui du mot de français régional). Du reste, l’explication par le substrat dialectal concorde mal avec l’existence d’emplois semblables attestés à Toulouse, en Belgique et au Canada. La plus ancienne attestation en Suisse romande, pruneau d’Allemagne, semble bien refléter en fait une création du français local pour désigner un fruit originaire d’Allemagne (ou même de Suisse alémanique) et apparenté à la prune, pour lequel le français ne disposait alors d’aucune dénomination (le mot retenu par le français de France pour désigner le même fruit, quetsche, est un alsacianisme qui a fait son entrée très tardivement dans la lexicographie – Lar 1877). Le recours au mot pruneau, attesté depuis 1564 en français pour désigner la prune séchée, pourrait tout simplement s’expliquer par le fait que la quetsche est particulièrement appropriée à la conservation par dessication (« La prune connue sous le nom de pruneau d’Allemagne, parce qu’on en fait principalement usage en pruneaux ou séchés au four » Valmont de Bomare). Il s’agirait alors d’une simple métonymie, indépendante du substrat dialectal (ce fruit importé devait être tout aussi nouveau pour les locuteurs patoisants que pour les francophones). La même métonymie étant susceptible de se produire en n’importe quel point, on ne s’étonnera donc pas de retrouver le mot pruneau pour désigner la prunelle dans le Sud-Ouest, la quetsche en Wallonie, et une variété de prune au Québec (où le mot quetsche, pour des raisons historiques évidentes, ne fait pas partie du stock lexical hérité). En contiguïté avec l’aire romande, on retrouve aussi des attestations dans le Doubs (Boillot, Dromard), et un hapax patois en Savoie (Fenouillet). V. aussi DRF.
Bibliographie. GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; « prunau “pruneau, cœtche” [sic] » FenouilletSav 1902 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 433a ; Pier ; « prunṓ “quetsche” » BoillotGrCombe 1929, p. 252 ; BiseHBroye 1939, p. 301 s.v. pruneautier ; « pruneau “fruit du prunellier”, très courant » SéguyToulouse 1950 ; M. Bossard, Nouveau Conteur Vaudois t. 80, fasc. 7, mars 1953, p. 147-148 ; Redard 1954, p. 128 ; FEW 9, 494a, prŪnum I 1 a β ; « prunô “prune rouge” » ZumthorGingolph 1962, p. 262 ; SchüleNendaz 1963 ; IttCons 1970 ; Voillat 1971, p. 228 ; SchüleListeLar 1978 ; « Sud-Ouest pruneau “fruit du prunellier” » RLiR 42 (1978), p. 191 ; « en Suisse » Lar 1979 ; « en Suisse » PLi depuis 1980 ; « en Belgique et en Suisse, un fruit frais, une sorte de prune » Hanse 1983, 1987 ; « région. (Doubs, Savoie [sic], Suisse) » GR 1985, 2001 ; « pruneau “variété de prune fraîche, quetsche” » MassionBelg 1987 ; « région. (Suisse romande, Franche-Comté) » TLF ; « pruneau “quetsche” » DromardFrComté 1991 ; « pruneau “prune séchée” ; fam. “petite prune” » DQA 1992 ; « Jura, Suisse » NPR 1993 ; Lengert 1994 ; « wall. centr. “sorte de prune” » Belg 1994 ; DRF 2001.
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