Jeûne [ʒø:n], [ʒœ:n] n. m.
1.◆ Jeûne (fédéral) n. m. Fête d’origine religieuse fixée au troisième dimanche de septembre.
★ Le jour du Jeûne est consacré au recueillement, à la pénitence, à l’action de grâces
et à la prière ; les cinémas et autres lieux de loisirs sont fermés pendant quelques
heures (ou l’étaient jusqu’à il y a peu). La tradition veut qu’on déguste ce jour-là
des tartes aux quetsches (appelées gâteaux* aux pruneaux* ou gâteaux* du Jeûne fédéral). Le jour, le week-end du Jeûne fédéral.
1 « Le dimanche matin, les petites filles sortaient de la boulangerie villageoise portant
à bout de bras ces cercles dorés [les gâteaux* aux pruneaux*], couleur de miel, et autour desquels flottaient parfois deux ou trois guêpes au
corset d’or. Le jus coulait dès que l’on tranchait dans le vif, et la vérité oblige
à dire que, le lendemain beaucoup d’entre nous, les enfants, devions rester à la maison
pour soigner l’indigestion due au Jeûne. Ces gâteaux* se font à l’avance, pour que la ménagère n’ait pas de distraction au temple pendant
qu’elle s’adonne à la contrition annuelle de l’Helvète organisé. Tous les cafés, restaurants
et lieux publics sont fermés sous un soleil encore chaud. “C’est le Ramadan”, disait un touriste de passage et qui, lui, était obligé de jeûner réellement, bien
que n’étant pas Suisse. » M. North, J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 88-89.
2 « Je vous rappelle que notre prochain voyage se fera en Champagne, au Jeûne, du 18 au 20 septembre. » Bouquet, 1er septembre 1976, p. 17.
3 « Grün 80, la plus grande exposition suisse depuis l’Expo 64, a ouvert ses portes à
Bâle depuis la mi-avril. Nous vous offrons de la visiter pendant le week-end du Jeûne fédéral, en complétant ce déplacement par un passionnant voyage en Alsace. » Trente Jours, juin 1980.
4 « Article premier. – Chaque année, le jour du Jeûne fédéral sera célébré dans tout le canton*. Le peuple neuchâtelois est invité à en faire une journée de recueillement et d’action
de grâces à Dieu, qui a accordé jusqu’ici sa protection à notre patrie. / Art. 2.
– Le jour du Jeûne fédéral, les établissements soumis à la loi cantonale* sur les établissements publics, les cercles, les débits de boissons alcooliques et
autres établissements analogues, du 2 juillet 1962, sont fermés jusqu’à 11 heures
du matin. Tous jeux, concerts, spectacles, danses, émissions de musique, concours,
manifestations sportives ou autres dans un lieu accessible au public ou dans un établissement
public sont interdits ce jour-là jusqu’à 11 heures du matin également. » Arrêté concernant le Jeûne fédéral du 9 juillet 1980, paru dans la Feuille officielle de la République et Canton de Neuchâtel, 3 septembre 1980.
5 « C’est une tradition. Le jour du Jeûne fédéral, les soixante habitants de Montancy – localité frontalière située sur sol tricolore
à dix kilomètres de Porrentruy – donnent l’hospitalité à des centaines de Jurassiens.
Les ressortissants helvétiques bénéficient de tous les privilèges qui leur sont interdits
chez eux ce jour-là. Ils boivent, mangent, chantent, dansent, s’amusent dans la nouvelle
salle des fêtes construite avant tout pour accueillir les invités de cette journée. » Le Matin, 20 septembre 1993, p. 5.
◇ Lundi du Jeûne (fédéral), jour férié qui suit le Jeûne fédéral.
6 « Le Forum proposera chaque jour en fin d’après-midi de nombreuses conférences et animations
sur le thème de la nature, ainsi que des défilés de mode les mercredis, samedis, dimanches
et le lundi du Jeûne fédéral. » 24 Achats (suppl. de 24 heures), 12 septembre 1995, p. 3.
2.◆ Jeûne genevois n. m. Fête d’origine religieuse analogue à son pendant fédéral (v. ci-dessus 1) mais fixée
au deuxième jeudi de septembre et observée seulement dans le canton de Genève, où
c’est un jour férié.
7 « On peut plus modestement commander la fameuse et toute simple saucisse du “jeûne” genevois, la longeole*, arrosée d’un rouge du canton* fruité, mais léger, repas conclu par la sucrerie, liée à tort ou à raison, elle aussi,
à ce “jeûne” parpaillot, la tarte aux pruneaux* (en fait des quetsches). » Le Monde, 23 octobre 1993, p. 31.
↪ V. encore s.v. Confédéré II 1.
Commentaire. Une coutume religieuse appelée jeûne est attestée depuis le début du xviiie s. (en particulier à Neuchâtel, v. Pier), mais ce n’est qu’à partir de 1832 que le jour en est fixé
au troisième dimanche de septembre pour toute la Suisse. Statalisme ; correspond à
l’all. eidgenössischer Dank‑, Buss- und Bettag n. m., à l’ital. digiuno federale et au romanche festa da la rogaziun federala n. f. — Synt. à ajouter à FEW 5, 33a, j ?jŪnare.
Bibliographie. Pier ; DudenSchweiz 1989 ; PLi 1989 ; GPSR 7, 223b s.v. fédéral 1° 3 a ; PledariGrond 1993.
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