goutte n. f.
◆ Eau-de-vie. Une fine goutte. Un petit verre de goutte. Un verre à goutte. ⇒ abricotine ; damassine 2 ; distillée ; pomme2 ; pruneau 2 ; Williamine.
1 « C’est vrai qu’à l’époque, on buvait davantage, et de la “goutte” surtout. » A.-L. Chappuis, Le Troupeau errant, 1972 (1re éd. 1962), p. 9.
2 « Les pommes, c’est sérieux. Elles se prêtent à de multiples recettes : on les transforme
en […] cidre piquant, “goutte” qui réchauffe et embue les yeux de larmes heureuses. » N. Bosson, Les courtes fêtes, 1967, p. 53.
3 « José venait de la Broye, de la région des enclaves, quand il piaillait dans sa corbeille
on l’avait fait taire, à six mois, avec des morceaux de sucre et la goutte. Du schnaps, son père et sa mère en buvaient plus que du lait. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 77.
4 « Cette année, la récolte sera belle avec ce soleil d’en-haut, ce soleil d’en-bas, on
aura une fine goutte. » J. Fonjallaz, Le Chemin des vignes, 1973, p. 102.
5 « Autrefois, les montagnes étaient sillonnées de rôdeurs qui allaient de ferme en ferme,
quêtant ici un dîner, ailleurs un petit verre de goutte ou de gentiane […]. » M. Vidoudez, J. Grangier, À la mode de chez nous, 1976, p. 9.
6 « Autrefois, tout le monde distillait les fruits du verger ou des pâturages. Il se souvient
qu’on vendait la goutte 3 fr. le litre, et 10 ct. le verre au restaurant. Il y avait beaucoup de gros buveurs,
nous confie-t-il. » Le Pays, 3 juin 1976, p. 16.
7 « La Sussu invente le Galopinet : 2 cl de bière dans un verre à goutte, à 2 francs 50. Pas étonnant que le Michel et sa Denise vont deux fois par an aux
Caraïbes ! » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 18, 1995, p. 13.
↪ V. encore s.v. distillée.
Commentaire. Le sens de “petit verre plein d’eau-de-vie ou d’une autre liqueur spiritueuse” est attesté en français depuis 1795, tout comme la loc. boire la goutte “prendre un verre d’eau-de-vie” (v. FEW) ; la spécificité romande consiste à employer goutte avec le sens de “eau-de-vie” (et non “verre d’eau-de-vie”). Dans les dialectes, cet emploi est attesté dans la plus grande partie du territoire
d’oïl et de la zone francoprovençale (v. FEW ; ALF 433 ; ALN 286 ; ALB 710* ; ALBRAM
338 ; ALIFO 217 ; ALCB 520 ; ALFC 479* ; ALLR 643 ; ALJA 906 ; ALLy 214) ; en français régional de France, on le relève dans le Nord, en Normandie, en Champagne, dans la Côte-d’Or
et en Franche-Comté. En Wallonie, le mot est connu avec le sens de “verre de genièvre”, mais aussi, par ext., “genièvre” (Belg 1994) ; selon Michel Francard (comm. pers., 15 août 1997), il s’applique aussi, par ext., à toute eau-de-vie.
Bibliographie. « eau-de-vie » CarrezHJura 1906 ; FEW 4, 350b, gŬtta I 2 d ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; « eau-de-vie de marc » RouffiangeMagny 1983 ; BourquinPays 1988, p. 31 ; « eau-de-vie de cidre ou calvados » LepelleyBasseNorm 1989 ; « eau-de-vie » RouffiangeAymé 1989 ; « liqueur douce » CartonPouletNord 1991 ; « eau-de-vie de cidre ou calvados » LepelleyNormandie 1993 ; « eau-de-vie » TamineChampagne 1993 ; « alcool blanc de fruits » DuchetSFrComté 1993 ; Belg 1994.
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