damassine n. f.
1.◆ Variété de petite prune ronde à la chair très estimée, de couleur rouge violette.
De l’eau-de-vie de damassine. Un gâteau*, une tarte aux damassines. De la confiture de damassines. Cueillir des damassines. ⇒ belosse ; pruneau 1.
1 « [titre] L’eau-de-vie de damassine échauffe les esprits » La Liberté, 21 septembre 1989.
2 « […] il transportait des tonneaux […] remplis de damassines. Sans doute déjà dans les vaps en pensant aux fioles qui en résulteraient, notre Charlot
a zigzagué sur le pont avant de renverser son chargement sur la route. » Le Rai-tiai-tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 17, 1994, p. 28.
2.◆ Eau-de-vie réputée tirée de cette variété de prune. Et comme pousse-café, une petite damassine ? Une damassine maison. Un canard de damassine.
Sorbet pruneau* à la damassine. ⇒ abricotine ; distillée ; goutte ; pomme2 ; pruneau 2 ; Williamine.
3 « Et, au moment du café, on sortira des bouteilles étranges, sans étiquette ; on versera
à l’hôte de passage la damassine ou le sureau, la poire ou la prunelle, ces richesses des alambics dont tout Jurassien
est jaloux. Car il a en lui la mentalité d’un alchimiste, dosant, mélangeant, étudiant
la composition de ses tonneaux, surveillant l’appareil qui va distiller ces nectars
[…]. » J. Montandon, Le Jura à table, 1975, p. 8.
4 « Assis sur notre cul, en rang d’oignons, en sirotant au soleil la damassine que le curé M. nous dispense généreusement, nous méditions sur notre inconscience
qui n’était que méconnaissance, sur notre vanité aussi qui n’était que fatuité ! » Le Pays, 24 février 1977.
5 « Tout est prétexte à petit verre, le fœhn*, la chaleur, le froid, la grêle et la brume. Pour son usage quotidien, c’est la pomme* ou la prune. Il réserve aux amis la damassine, la sorbe ou l’alise. » B. Chapuis, Une de Bonfol, 1985, p. 68.
6 « On peut boire une vieille damassine de 30 ans tirant toujours 42 degrés. » Femina, 8 juin 1997, p. 55.
7 « Les Ajoulots* entendent protéger un produit du terroir ajoulot*, typique, exigeant, basé sur la qualité et non sur le rendement. Ils soulignent que
la damassine est un produit ajoulot*, obéissant à des règles strictes. Il n’est pas question de produire des quantités,
donc d’admettre que des fruits d’arbres greffés soit tirée une damassine dite originale. D’où leurs exigences de production biologique, sans greffes, sans
arôme adjuvant, provenant d’arbres non traités, non greffés, non engraissés, avec
une fermentation sans levure. » L’Express, 30 mai 1997, p. 13.
↪ V. encore s.v. distillée.
Remarques. On trouve sur certaines bouteilles la graphie damascine, essentiellement parce qu’une maison de distillation a réussi à faire inscrire damassine au registre des marques protégées tenu par l’Office fédéral de la propriété intellectuelle
à Berne. En Alsace, il existe en outre un produit similaire dont le nom est orthographié
damacine. — Cf. encore le dérivé damassinier n. m. “arbre dont le fruit est la damassine” : « Cent trente damassiniers, plantés dans la région delémontaine*, fournissent en partie les fruits nécessaires à cette noble distillée* qui avait bien failli être à l’origine d’une guerre alambiquée entre les bouilleurs
de cru ajoulots* et J. SA. » Le Démocrate, 13 février 1993, p. 5. — Dans VD, FR, NE et BE, il existe une variété de prune proche,
la bérudge : « La Broye devrait également redévelopper sa production de prunes. La région de Saint-Aubin
[FR] a compté jusqu’à soixante mille pruniers. Les spécialistes songent à y réintroduire
la bérudge qui pourrait notamment donner une eau-de-vie recherchée, à l’instar de la damassine jurassienne » La Liberté, 28 septembre 1993, p. 11. Sur ce mot, v. GPSR 2, 349ab s.v. bérò̩dzo.
Commentaire. 2 dérive de 1 par métonymie ; ce dernier représente un continuateur (avec changement
de suffixe) de latin damascena, ellipse de pruna damascena “prune de Damas”, aussi attesté dans le type patois dèmèsï̩n·n. Damas était une place commerciale très importante et a donné par là-même son nom
à plusieurs produits : cf. damas n. m. “sorte de tissu”, mais aussi “prune de Damas”, puis “prunier de Damas” (v. FEW 3, 9a, Damascus et TLF). Le type est attesté en mfr. dans Cotgr 1611 sous la forme damaisine, ainsi que dans des patois de l’est de la France. damascena a subi parallèlement une dissimilation en *davascena d’où les types daveine, daverne, davoine, particulièrement bien attestés dans l’est de la Gallromania (v. FEW) ; l’all. Zwetschge n. f. remonte également à cet étymon. — Au sens 2, sans tradition lexicographique avant
Pid 1984.
Bibliographie. Pier ; FEW 3, 8a, damascena ; GPSR 5, 10ab ; Pid 1984, p. 167 ; ChapuisBonfol 1985, p. 47, 68 ; BourquinPays
1985, p. 31 ; PLi 1998 (où la définition parle à tort d’une liqueur).
Simone QUENET
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