dix-heures n. m./f. pl. (aussi dix heures)
◆ Collation que l’on fait vers les dix heures du matin ; mets composant cette collation.
De bons, de bonnes dix-heures. Prendre, faire les dix-heures. Aller porter les dix-heures
à quelqu’un. ⇒ déjeuner ; dîner ; souper ; café complet.
1 « Il faut lui pardonner à ce matou-là s’il guette les pigeons, les petits oiseaux ;
s’il vole, un jour de chance, le restant de saucisse traînant sur la table après les
“dix heures” […]. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 82.
2 « – Bonjour ! Je vous apporte les dix heures ! […] Elle s’est assise et, enlevant la serviette qui recouvrait le panier, elle
sort les tasses, le pot entouré d’une autre serviette à cause de la chaleur, le pain
et le fromage. » S. Chevallier, Le Silence de la terre, 1961, p. 184.
3 « Je laisse tomber les fruits, […], je veux manger un morceau de pain et de fromage
pour les dix-heures. » M. Chappaz, Le Match Valais-Judée, 1968, p. 66.
4 « Et elle déballe les provisions devant les ouvriers qui viennent d’interrompre le travail
et se réunissent pour les dix-heures. » D. Baud-Bovy, L’Homme à la femme de bois, 1970, p. 94.
5 « […] les gamins partent avec les “dix-heures” bien rangés dans un panier, le thé bien au chaud dans un gros bidon emmitouflé d’une
fourre* multicolore. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 120.
6 « Quelles bonnes dix heures de printemps, avec un verre de vin blanc de chez nous. » IttÇà, 1975, p. 108.
7 « Les 10 heures, quelle merveille ! On s’asseyait au bas de la vigne, sur le muret. La tante retirait
du panier le linge blanc qui le recouvrait. Elle distribuait le pain et le fromage,
du thé pour les uns, du vin pour les autres. » 24 heures, 25-26 septembre 1976, p. 17.
8 « Ils [des beignets] sont délicieux en toutes saisons, pour accompagner “dix heures” ou “quatre heures”, ou pour offrir à des invités. » Lausanne-Informations, 23 mars 1977, p. 4.
9 « Quels repas prenez-vous régulièrement, d’habitude, les jours* de semaine : le petit déjeuner, les dix-heures, le repas de midi, le goûter, le souper*, un casse-croûte tardif peut-être, ou aucun repas ? » Coopération, 3 novembre 1977.
10 « On a assez taquiné les gens de la campagne – ceux du Val-de-Ruz notamment – pour leur
amour du thé des “dix-heures” et des “quatre heures” […]. » Coopération, 16 février 1978.
11 « Après de copieux dix heures qui ont mis à mal le frigo de celle-ci et la cave du Dom. [= Dominique], nos amateurs
de champignons s’en vont, emportant force paniers, crattes*, sacs en plastique, etc. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 17, 1994, p. 18.
12 « “Je m’imaginais le service agricole beaucoup plus stressant”, déclare-t-il en prenant les dix-heures dans la cuisine accueillante […]. » Construire, 8 juin 1994, p. 12.
Remarques. Particulièrement fréquent dans le contexte scolaire et chez les travailleurs. — L’emploi
du mot au masculin singulier, bien que beaucoup plus rare, est aussi attesté en Suisse
romande. — L’usage suisse romand connaît aussi quatre-heures (v. ex. ci-dessus), qui désigne une collation prise l’après-midi, mais contrairement à dix-heures ce terme figure sans marque diatopique dans la lexicographie générale (v. TLF s.v. quatre ; GR 1985, NPR 1993 s.v. quatre-heures). On l’y trouve toutefois au singulier, alors que l’usage romand le fait pluriel
(comme dix-heures) ; c’est aussi le cas dans le Doubs (cf. DondaineMadProust 1991, p. 71). V. maintenant DRF s.v. quatre heures. — Cf. encore la var. neuf-heures (v. ex. s.v. miche).
Commentaire. Première attestation : 1852. En plus de la Suisse romande, on retrouve ce composé
(de formation identique à celle de quatre-heures, plus répandu) dans le français régional de Franche-Comté, de la Côte-d’Or, de Normandie
et de Belgique (où il est masculin singulier) ; le FEW l’atteste aussi dans le Maine.
V. aussi DRF.
Bibliographie. HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; Pier ; BoillotGrCombe 1929 ; GottschalkSchülSpr
1931 ; FEW 4, 468a, hŌra I 1 ; MeijerEnq 1962, p. 16, 28, 36 et passim ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; Pid 1983, 1984 ; RouffiangeMagny 1983 ; GPSR 5, 783b-784b ;
« régional (Belgique) » GR 1985 ; DurafHJura 1986 s.v. dîner ; MassionBelg 1987 ; FuchsBelg 1988 ; BrasseurNorm 1990 ; DromardFrComt 1991 ; MélGoosse,
p. 213-214 ; Lengert 1994 ; Belg 1994 ; DRF 2001.
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