dîner v. intr. ; n. m.
I.◆ (v. intr.) Prendre le repas de midi. Être invité à dîner. Dîner sur le pouce. ⇒ déjeuner ; souper.
1 « […] les habitués restent dans la salle à boire, le baptême à la salle à manger. À
une heure tous sont rentrés chez eux pour dîner. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 25.
2 « Arrive avant midi, tu dîneras avec nous ! promis ? » J. Fonjallaz, Le Chemin des vignes, 1973, p. 129.
3 « Ce qui l’épate, Ch. B., c’est que chez nous, les enfants rentrent pour dîner à la maison, avec leurs parents. Elle trouve ça vraiment bien. » L’Impartial, 6 novembre 1995, p. 20.
II.◆ (n. m.) Repas de midi ; mets composant ce repas. Préparer le dîner. Faire un petit somme après le dîner. Dîner d’affaires. Dîner bien arrosé. ⇒ déjeuner ; dix-heures ; souper ; café complet.
4 « Mais que le dîner pût attendre la fin de son concert, c’était une autre affaire ! Il fallait surtout
qu’elle ne changeât rien à ses habitudes et que le repas, dimanche comme semaine,
fût servi au coup de midi. » J. Matter, Parsifal, 1969, t. II, p. 192.
5 « À six ou sept heures [du soir], café au lait, un reste du dîner réchauffé, pain, beurre, confiture, parfois pommes de terre en robe, et du fromage. » M. North, J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 10.
6 « À midi, son comparse se rend à l’auber-ge pour le dîner. » A. Urfer, Urferama, 1976, p. 35.
7 « Il est près de 10 heures, au port de La Tour-de-Peilz, le soleil avise qu’il sera
là toute la journée et les mouettes se sentent déjà des velléités de flemme. Louis
rentre d’une pêche qui lui fera son dîner, alors qu’une barque à moteur regagne tranquillement son mouillage. » Feuille d’Avis de Vevey, 14 août 1976, p. 1.
8 « L’ami Courtine se penchait sur la cuisine romande. […] À voir sa mine réjouie, à l’issue
d’un déjeuner (nous, on dirait dîner) où il avait découvert le jambon de la borne*, le saucisson fumé, les haricots, les choux […], j’ai pu en déduire que la cuisine
de chez nous est bien vivante et que, même davantage, elle se porte à merveille ! » 24 heures, 13 mai 1977, p. 60.
9 « Lorsque j’allais, à midi, les chercher pour le dîner, je les trouvais toutes deux entourées d’une épaisse vapeur. Je n’oublierai jamais
cette odeur persistante de lissu [= eau de lessive]. » M.-F. Schenk, Notre autrefois, 1993, p. 29.
Remarques. Chez plusieurs écrivains suisses romands, on rencontre dîner avec les sens qu’il a en français de référence, c’est-à-dire “prendre le repas du soir” et “repas du soir”. — Dans un échange entre locuteurs romands et français, l’ambiguïté du terme peut
provoquer, par stratégie d’évitement, l’emploi du verbe manger, moins précis et donc plus polyvalent, ainsi que celui du syntagme repas de midi (v. ex. s.v. dix-heures).
Commentaire. Archaïsme largement maintenu dans plusieurs pays francophones (Suisse, Belgique – d’où
il est passé au Zaïre et au Rwanda –, toute l’Amérique francophone). En France même,
son extension dans l’usage régional couvre une bonne partie de l’Hexagone : Nord,
Normandie, Bretagne, Lorraine, Alsace, Champagne, Bourgogne, Franche-Comté, Ain, Isère,
Lyonnais, Auvergne, Midi. Aucun dictionnaire français ne rend bien compte de l’extension
diatopique du mot. L’emploi de dîner pour désigner le repas du soir est une innovation parisienne datant du début du xixe s. (v. Ac 1835 ; UllmannSém, p. 247-248 ; M. Höfler, ZrP 84, 301-308 ; GoosseDîner
1989), qui peine à s’imposer dans les provinces françaises périphériques, surtout
en milieu rural mais aussi dans certaines grandes villes (Lyon, Marseille), et reste
cantonnée à une connaissance passive ou à des emplois formels dans les autres pays
francophones. V. encore DRF.
Bibliographie. « dans la plupart des départements français » Lar 1900 ; Pier ; « en province » Lar 1929 ; DitchyLouisiane 1932 ; MiègeLyon 1937 ; FEW 3, 94b-95a, disjejunare I 2 ; MichelCarcassonne 1949, p. 11 ; « dans certaines régions ; langue class. » Lar 1961 ; BaetensBruxelles 1971 ; DFV 1972 ; « class. et dialect. » GLLF 1972 ; BonnaudAuv 1976 s.v. repas d’âne ; SchüleListeLar 1978 ; « vx, région. » TLF ; « très courant » NouvelAveyron 1978 ; « en Suisse et au Canada » Lar 1979 ; ALEC, q. 179 ; « en Suisse et au Canada » PLi depuis 1980 ; GPSR 5, 719b-724a ; WolfFischerAlsace 1983 ; RouffiangeMagny 1983 ; « Zaïre » IFA 1983 ; JouannetRwanda 1984 ; « vx ou régional (France, exceptionnellement ; Belgique, Canada) » GR 1985 ; BouvierMars 1985 ; DurafHJura 1986 ; « Puy-de-Dôme, Bretagne, Lorraine » RézeauBibl 1986 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; MassionBelg 1987 ; DFPlus 1988 ; GoosseDîner
1989 ; LepelleyBasseNorm 1989 ; RouffiangeAymé 1989 ; « usuel » MartinPilat 1989 ; BrasseurNorm 1990 ; LanherLittLorraine 1990 ; DucMure 1990 ; BrassChauvSPM
1990 ; RLiR 55, 139-140 ; CartonPouletNord 1991 ; « usuel dans toute la région » TavBourg 1991 ; DromardFrComt 1991 ; BlanchetProv 1991 ; « usuel, rural » BoisgontierAquit 1991 ; TamineArdennes 1992 ; « usuel » VurpasMichelBeauj 1992 ; « fam. » BoisgontierMidiPyr 1992 ; DQA 1992 ; « vx ou régional (Canada, Belgique) » NPR 1993 ; LepelleyNormandie 1993 ; TamineChampagne 1993 ; MartinVosges 1993 ; « usuel » VurpasLyonnais 1993 ; « usuel, bien connu » FréchetMartVelay 1993 ; « usuel » BlancRouatVill 1993 ; PotteAuvergne 1993 ; Lengert 1994 ; Belg 1994 ; « connu » MichelNancy 1994 ; « rég. (et Suisse, Belgique, Afrique) » DictUniv 1995 ; RobezMorez 1995 ; « usuel » FréchetAnnonay 1995 ; SalmonLyon 1995 ; ThibQuébHelv 1996, p. 340 ; FréchetAin 1998 ;
DHFQ 1998 ; DRF 2001 ; GR 2001.
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