fœhn [fø:n] 🔊 n. m. (exceptionnellement föhn)
1.◆ Vent du sud, violent, sec et chaud, qui descend les vallées septentrionales des Alpes
et provoque de brusques élévations de température, tout en laissant l’atmosphère très
dégagée. Le fœhn s’est levé. Le fœhn souffle. Un coup de fœhn, des rafales de fœhn, une tempête
de fœhn. Un jour de fœhn, une période de fœhn. C’est le fœhn qui me donne ce mal de
tête ! ⇒ bornan ; joran ; vaudaire.
1 « Face à La Chaux, et si près qu’à certains jours de fœhn il semble possible de les toucher de la main, les Combins, étincelants sous leur
carapace de glace, brillent au soleil. » Cl. Bérard, Bataille pour l’eau, 1976 (1re éd. 1963), p. 88.
2 « Un violent vent de Pâques soufflait sur la vallée du Rhône : le fœhn ! Il vous prenait tout entier dans sa patte et vous secouait comme gobelet, mélangeant
la fumée des feux de brousse aux tourbillons de poussière et leur braise aux pétales
des pêchers de muraille. » C. Bille, La Fraise noire, 1968, p. 105.
3 « – Mais vous vous plaisez à Bex ? – S’il n’y avait pas ce fœhn, ce serait parfait. Les nuits de fœhn j’étouffe, je suis angoissé, il me semble que je vais crever. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 209.
4 « Un incendie s’est déclaré hier après-midi au centre du village de Wangs (SG) dans
une étable attenante à une maison familiale. Attisé par le “fœhn”, le feu s’est étendu rapidement à l’ensemble de l’immeuble. » Tribune-Le Matin, 15 septembre 1975, p. 10.
5 « La neige est tombée parfois en abondance au milieu de cette semaine dans les Alpes
de Suisse romande. Mais le fœhn, qui a soufflé ensuite, a fait fondre quelques espoirs. Il n’en reste pas moins que
l’on peut skier en plusieurs endroits. » 24 heures, 13-14 novembre 1976, p. 2.
6 « Si je reviens à notre enfance, c’est en attendant le printemps. Le premier printemps
de l’Arvèche, avec ses odeurs de sarments brûlés, de terre retournée et de feuilles
mortes, si sensible quand le fœhn faisait fondre les vestiges de neige accrochés aux talus et que luisaient les premiers
bourgeons dans le vallon de Châtaignerouge. » G. Clavien, Châtaignerouge, 1977, p. 11.
7 « Les organisateurs des 1ers championnats du monde juniors, qui se dérouleront dès* demain jusqu’à dimanche à Sainte-Croix, ont connu des inquiétudes. Les intempéries
de ces dernières semaines, les coups de “fœhn” provoquant un redoux inattendu à pareille saison, ont créé le doute dans les esprits. » Le Pays, 16 février 1977, p. 10.
8 « Cette rencontre s’est déroulée dans une ambiance amicale malgré quelques rafales d’un
fœhn impétueux. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 24 mai 1993, p. 14.
2.◆ Sèche-cheveux électrique. Se sécher les cheveux au fœhn. Le canon du fœhn. Des fœhns bon marché. Un fœhn de
voyage. ⇒ fœhner.
9 « Puis il enclencha le fœhn sur “air chaud”, et il eut la surprise de voir la chevelure, raidie et foncée par l’eau, retrouver
sa souplesse et son or à mesure que la soufflerie opérait. Puis il mit le fœhn sur “air froid” et longtemps caressa la tête, le cou, de tout près, de plus loin, redescendant sur
la nuque, palpant les épaules avec le souffle frais, revenant aux tempes, au front,
sculptant la chevelure qui fuyait et s’incurvait sous le jet d’air, remontant au sommet
du crâne […]. » J. Chessex, L’Ogre, 1973, p. 214-215.
10 « Un cocker patiente sous le fœhn. Un autre se fait démêler, couper, et coiffer au peigne fin. À côté, une file d’attente,
avec des chiens qui reposent dans des cages empilées. Juste avant les fêtes de Pâques,
l’agenda des trois instituts de beauté canine de L. V. – à Genève comme à Lausanne
– était aussi rempli que dans un salon de coiffure. » Le Nouveau Quotidien, 27 avril 1994, p. 40.
Remarques. La graphie föhn est très rare dans l’usage ; on la rencontre, exceptionnellement, dans certaines
sources lexicographiques (LittréSuppl 1877, Lar 1960, Alpha 1982, PLi 1989). — Au
sens 2, fœhn est plus usité en Suisse romande que son équivalent du français de référence, sèche-cheveux.
Commentaire. Premières attestations : au sens 1, 1760 (fœn, v. GPSR) ; au sens 2, env. 1926 (d’après FEW). Emprunt à l’all. et au suisse alémanique Föhn n. m. (sous la variante graphique Foehn), lui-même issu d’un emprunt de l’ancien haut-allemand à lat. (ventus) favonius “vent doux de l’ouest”. Le sens de “sèche-cheveux électrique” serait attesté en all. depuis le début du siècle (sous la forme Fön), d’abord comme nom de marque (Kluge22). Il est également usuel en Alsace et en Lorraine (DRF). — Le mot apparaît régulièrement
(au sens 1) dans la lexicographie française depuis Lar 1872, comme terme encyclopédique.
En Suisse romande, il appartient à l’usage courant. L’ital. rég. du Tessin connaît aussi l’emprunt föhn n. m. (aux sens 1 et 2), qui forme doublet avec la forme savante favonio n. m., diffusée par les bulletins météorologiques (et limitée au sens 1). Le romanche connaît
un type favugn, représentant héréditaire de lat. favonium (HDR).
Bibliographie. Lar 1872 ; LittréSuppl 1877 ; Lar 1901 ; TappoletAlem ; Pier, PierSuppl ; Lar 1930 ;
FEW 15, II, 161b, föhn ; « feune “sèche-cheveux” » Corbellari 1968, p. 706 ; GLLF 1973 ; Lurati 1976 ; SchüleListeLar 1978 ; « en Suisse, syn. de sèche-cheveux » Lar 1979 ; id., PLi depuis 1980 ; TLF ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; Petralli 1990 ; NPR 1993 ; Lengert 1994 ; HDR ; GPSR 7, 583a ; DRF 2001 ;
GR 2001.
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