mise n. f. (plus rare mises pl.)
1.◆ Vente aux enchères, à l’encan. Mise aux enchères publique. Mise de bois. Mise de foin. Mise de bétail et chédail*. Mise de chevaux. Mise d’immeubles. Mise des vins. Mise de meubles anciens. Les conditions de mise. Le jour de la mise. Le patron de
la mise. Un avis de mise. Un crieur de mises. Vendre, exposer en mise publique. Mettre
en vente par voie de mise publique ⇒ échute ; miser 1 ; miseur 1.
1 « Dans la mise, c’est comme au cirque. Après un numéro vient le suivant, à cette différence que les
tableaux, s’ils se répètent, reviennent toujours avec le même sujet. Tantôt c’est
une bête plus lourde, une de moindre valeur, une laitière, une qui l’est moins. » A.-L. Chappuis, Juste avant l’orage, 1973, p. 218.
2 « Pour cause de fin d’exploitation, le soussigné vendra en mise publique le vendredi 17 janvier 1975, dès* 9 heures pour le chédail* et 13 heures pour le bétail, devant son domicile […]. » Le Sillon romand, 10 janvier 1975, p. 8.
3 « La Chambre d’agriculture du Haut-Plateau organisera sa troisième mise de bétail bovin, mercredi 6 octobre, dès* 13 h. à la halle-cantine*. » Journal du Jura, 11-12 septembre 1976, p. 15.
4 « La mise du bois de feu* des forêts cantonales* de Saint-Pierre et de Savoie a été bien calme, hier matin, à Apples. » Tribune-Le Matin, 5 décembre 1976, p. 22.
5 « La traditionnelle mise des vins de la Ville de Lausanne a eu lieu jeudi à l’Hôtel de Ville. Pour beaucoup,
le résultat de ces ventes constitue une sorte de baromètre qui indique le prix des
vins vaudois. […] M. M., qui est intervenu pour calmer un peu les acheteurs, explique
son geste. Pour lui, il faut que ces mises soient emprises [sic ; = empreintes] de pondération et de modération. » 24 heures, 11-12 décembre 1976, p. 18.
6 « [titre] Mise publique / les hoirs* de feu J. D. exposeront en mise publique, au Moulin, à La Roche, les objets suivants : – meubles anciens / – meubles
[…] / – outils divers / – 2 moules de bois coupé, fagots / – 1 cuisinière à gaz neuve
/ – 1 radiateur électrique / – etc. » La Liberté, 20 mai 1977, p. 24.
7 « [titre] Mise d’immeubles / […] Les adjudicataires devront présenter une pièce d’état civil […] et fournir
séance tenante une garantie reconnue suffisante par les exposants. Les conditions
de mise sont déposées au greffe* de la Justice de paix de Champvent, à Mathod […]. » 24 heures, 8 septembre 1977, p. 46.
8 « Abandonnées depuis plusieurs années, les mises de bétail bovin ont repris à Yverdon. La première a eu lieu hier, organisée par la
Fédération suisse des producteurs de bétail. Une cinquantaine de pièces ont été présentées
aux acheteurs venus de toute la Suisse romande. » Journal d’Yverdon, 13 novembre 1987.
9 « Alors que dans la ville voisine de Payerne les Brandons* commençaient à s’embraser, la commune de Corcelles a procédé, elle, à sa mise des vins. Cette tradition “originale”, abandonnée par la plupart des communes viticoles, la Municipalité corçaline*, propriétaire de vignes en Lavaux, tient à la perpétuer. » 24 heures, 6 mars 1995, p. 20.
◇ Mise (d’alpages*), location d’alpages à l’enchère. Louer un alpage par voie de mise publique.
10 « Jadis les communes qui possédaient des alpages* les mettaient aux enchères publiques et les cédaient au plus offrant. À Ballaigues,
par exemple, la mise avait lieu le 2 janvier […]. Les enchères se déroulaient souvent dans un climat survolté.
Les affrontements étaient serrés, car fréquemment la mise montait tellement que le plus offrant avait de la peine ensuite à extirper un rendement. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 48.
◇ Faire une mise loc. verb. Vendre divers biens à l’enchère.
11 « […] lorsqu’un propriétaire entend faire une mise, avant de fixer une date, il s’adresse d’abord à Musclard pour savoir s’il est disponible ;
parce qu’une mise sans Musclard c’est de l’argent perdu. » A.-L. Chappuis, Juste avant l’orage, 1964, p. 18.
◇ (s’emploie encore parfois au pluriel pour référer à la tenue d’un événement unique :)
12 « La personne qui a pris un bahut aux mises de la Rotonde et qui a été vue, est priée de s’arranger avec M. F. L., […], sinon
plainte sera déposée. » L’Express, 26 mars 1975.
13 « Une séance de mises de fruits est organisée le samedi 26 septembre 1981. Rendez-vous des miseurs* à 13 h dans la cour du collège. » Circulaire distribuée par le Conseil communal de Savagnier (NE), 17 septembre 1981.
↪ V. encore s.v. foyard 2.
Localisation. Partout sauf 〈Canton du Valais〉, 〈Canton de Genève〉.
Remarques. L’équivalent du français de référence, vente aux enchères, est aussi couramment employé en Suisse romande. — L’emploi du mot au pluriel, beaucoup
plus courant jadis (« presque toujours au plur. » Pier), a été très largement supplanté de nos jours par l’emploi au singulier.
2.◆ Jeu de cartes (variété de jass*) dans lequel les joueurs sont amenés à miser un certain nombre de points. La grande mise, la petite mise, la mise cachée. Une mise à trois, à quatre. ⇒ miser 2 ; miseur 2.
14 « Puis il accepta une mise à six, vigilant comme une marmotte, louchant sur son gros nez et, une fois ou l’autre,
par-dessus l’épaule de son voisin. » M. Métral, Un Jour de votre vie, 1976, p. 122.
15 « Ce jeu connaît quelques variantes : la grande mise, la petite mise, de bas en haut sans atout, à reculons sans atout, à trois, quatre ou cinq joueurs. » Règlement suisse de jass, 1983, p. 32.
Commentaire. 1. Première attestation : VD 1666 (v. Pier). Selon FEW, frm. mise n. f. “ce qu’on met à une enchère” serait attesté depuis Mon 1636 (ce qui, dans le style du FEW, signifie que cette donnée est encore valable
pour l’époque contemporaine), mais on ne rencontre pas ce sens dans les dictionnaires
récents. Cf. en revanche mise n. f. “(en Fr.) prix offert par un enchérisseur” Pier ; “enchère (t. de droit)” (Littré 1867 ; Lar 1874 — 1931) ; mise à prix “montant de l’estimation avant une vente aux enchères” (Lar 1874 — 1963 ; GLLF 1975). Ce dernier syntagme est d’ailleurs attesté avec ce
sens en français depuis 1495 (v. TLF s.v. mise, Étym. et Hist.). L’emploi romand doit probablement résulter d’une simple extension
métonymique (v. TLF) et il ne semble pas nécessaire d’avoir recours à l’explication
par le substrat dialectal, comme le suggère Lengert 1994, même si cet emploi a aussi
été relevé dans les patois. — 2. Innovation suisse romande non attestée à date ancienne et sans tradition lexicographique.
Correspond à l’all. de Suisse Steiger n. m., ou Bieter n. m.
Bibliographie. BonNeuch 1867 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; OdinBlonay 1910, p. 355a ; Pier ;
FEW 6, II, 188b, mĬttĔre I 2 a β d’(où la spécificité de l’emploi romand n’a pas été dégagée) ; SchüleListeLar 1978 ;
Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; TLF s.v. mise II B 3 ; GR 1985, 2001 (première date à corriger) s.v. mise I 4 ; Lengert 1994.
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