bour n. m.
◆ Au jeu du jass*, valet d’atout (la plus forte carte). Jouer le bour. ⇒ blind ; bock ; chibre ; chibrer ; chinder ; jass ; nell ; pomme1 ; poutz ; poutzer 4 ; stöck.
1 « […] la boîte de craie à marquer les bours et les stöckers*. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 181.
2 « Ce sont les protestants qui n’ont pas voulu, parce qu’ils avaient peur que leurs adversaires
fissent des miracles. / – Comment, des miracles, quels miracles ? / – Oui, par exemple,
jouer le bour deux fois, se passer une carte sous la table ou marquer les points avec une craie
à deux pointes. » G. Duttweiler, Joyeusetés du Pays de Vaud, 1972, p. 139.
3 « Puis, subrepticement, il se penchait, reprenait la carte et, mine de rien, la mêlait
aux autres. Son manège se poursuivit pendant une demi-heure. Puis il changea de tactique
et annonça des réussites imaginaires. / – Cinquante au bourg [sic] ! Trois cartes à l’as ! » M. Métral, Un jour de votre vie, 1976, p. 120.
4 « Pour l’annonce, seules les expressions suivantes peuvent être employées : “trois cartes”, “quatrième ou cinquante”, “cent”, “quatre valets (bours)”. » Règlement suisse de jass, 1983, p. 11.
5 « Au royaume des cartes, les reines sont veuves et le bour se transforme en fantôme, depuis que le Biennois M. S. a remplacé rois et valets
par des amazones et des reines. » La Suisse, 27 octobre 1991, p. 39.
◇ Perdre avec le bour, être pomme* avec le bour, ne pas faire le minimum de points exigés, bien qu’on ait la plus forte carte en main.
Se dit au figuré de quelqu’un qui perd alors qu’il a tout ce qu’il faut pour gagner,
ou simplement d’une personne peu délurée. Celui-là, il serait pomme* avec le bour. ⇒ pomme1 3.
6 « Les Grecs n’ont toujours pas obtenu la victoire après laquelle ils courent depuis
le premier jour des éliminatoires de cette Coupe d’Europe […]. Mais, si cela peut
les consoler, ils ont finalement donné beaucoup d’inquiétude aux Suisses mercredi
soir au Wankdorf. Le jeu paraissait clair, les atouts abondants dans la manche des
Suisses. Cependant, par quelques tours de passe-passe des Grecs, […] tout s’est compliqué :
les cartes furent brouillées. Et, un instant, comme le dit une fois de façon si amusante,
mais tout à fait judicieuse notre ami R. P., les Suisses risquèrent “d’être pomme* avec le bour”. » La Tribune de Lausanne, 14 mai 1971, p. 21.
7 « [titre] Etre pomme* avec le Bour […] Le lecteur voudra bien excuser l’utilisation dans le titre d’un vocabulaire littérairement
[sic] peu orthodoxe. Mais le jass* étant un jeu populaire très répandu cette terminologie permet de mieux faire comprendre
que, dans le magouilleux et nauséabond marais politique local, l’impossible n’est
pas sierrois*. » Journal de Sierre, 4 octobre 1985, p. 4.
↪ V. encore s.v. pomme1 3.
Remarques. Certaines sources écrivent Bauer, qui correspond à la forme de l’allemand écrit : « Le Valet de la couleur atout s’appelle le Bauer (prononcer “bour”) et il vaut 20 points. » (Géober, (A)tout sur le jass, 1984, p. 16).
Commentaire. Première attestation : 1898 (FR Estavayer, v. GPSR). Emprunt au suisse alémanique
Buur n. m. (correspondant à l’all. Bauer, littéralement “paysan”), qui désigne le valet d’atout au jass*.
Bibliographie. SchwId 4, 1515 ; TappoletAlem, p. 9 ; Pier ; GPSR 2, 642b ; FEW 15, I, 82b, bauer 2 ; IttCons 1971, p. 171 ; Pid 1983, 1984 ; BourquinPays 1985, p. 107 ; DudenSchweiz
1989 s.v. jass ; Lengert 1994 ; PLi 1998 (qui donne aussi la graphie boure, tout à fait inusitée).
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