abord (d’) adv.
1.◆ Immédiatement, tout de suite. Il est arrivé d’abord après.
1 « Lundi matin faut aller au boulot, pasque le patron, i t’a d’abord foutu dehors [sinon le patron te met tout de suite à la porte]. » Témoin âgé de 40 ans, VS Martigny, 29 octobre 1978.
2 « Je me couchais, c’était pas onze heures, il est arrivé d’abord après. » Locutrice âgée de 73 ans (VD Nord), 24 décembre 1986.
2.◆ Bientôt. C’est d’abord trois heures, il est bientôt trois heures.
3 « Cela ne m’ennuie pas du tout, tu sais. Et puis, mon dîner* sera d’abord prêt. » J. Matter, Parsifal, 1969, t. II, p. 192.
4 « Il faut transpirer, ça veut* d’abord passer [ça va bientôt passer], tu sais. Deux trois jours, terminé ! » RSR, 8 mai 1976.
5 « Je porte le fumier à la vigne, c’est encore vite fait, j’ai d’abord fini. » Témoin âgé de 70 ans, NE Bevaix, 22 novembre 1978.
6 « Ce Pernet-là avait un fusil ; il a dit : / – Je vais tuer cet ours, j’en ai d’abord assez. » A. Pernet, Contes et légendes de Fribourg, 1984, p. 49.
7 « On est d’abord à la mi-novembre, il faut rentrer les géraniums. » Émission Monsieur Jardinier, RSR, 9 novembre 1986.
8 « [entendu dans un train sur le point d’arriver à Berne] On va d’abord arriver. » Témoin vaudois dans la soixantaine, 28 juin 1993.
Localisation. 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton du Valais〉, 〈Canton de Neuchâtel〉 ; encore d’usage courant au sens 1 à Genève.
Remarques. Tend à vieillir.
Commentaire. Le sens 1 est attesté en français classique (1607–1771, v. FEW 15, I, 186a ; v. encore Littré pour de nombreux exemples, et FrêneJourn pour la Suisse romande)
et dans plusieurs parlers dialectaux, en particulier dans l’est et le sud du domaine
galloroman (wall., SR, sav., lyonn., mars., lim., béarn. ; v. FEW ibid.), mais aussi dans le français de la Charente (ColasBordes 1982). En fr. de Suisse romande, il apparaît chez des écrivains de la première moitié du xxe siècle (C.-F. Ramuz, P. Budry). Le sens 2 s’est développé à partir du sens 1 au xixe siècle ; il est également attesté dans plusieurs parlers dialectaux, du nord au sud
de la moitié orientale du domaine galloroman (wall., ard., centr., bourg., SR, sav., lyonn., dauph., lang., auv.), ainsi qu’en français régional de l’Ain, de Poncins (Loire), de Lyon, d’Isère et de Savoie. En Suisse romande, on
le trouve depuis 1812 (« Ici ne pâlit pas ensuite d’une gloire d’abord passée la délicatesse de la fleur divine de la belle vie, même sous la main terrible
des siècles elle paraît encore fraîche dans ce pays pastoral », H. Schiner, Desc. Dpt du Simplon, p. 220). — La citation n° 28 de l’article abord du TLF, tirée de HumbGen 1852, n’illustre pas exactement le même sens que les autres
citations : dans l’usage suisse romand, d’abord “bientôt” ne s’oppose pas à un après, ensuite, puis, enfin, toujours au moins implicite dans l’usage du français général tel qu’illustré par
les autres citations. L’exemple tiré de HumbGen serait donc à classer à part, avec
une marque régionale (de même que les citations n° 35 et 37, également tirées de HumbGen ;
cf. en outre les citations n° 57 et 58, qui illustrent des sens particuliers au français
du Québec, et qui sont, elles aussi, données sans marque diatopique).
Bibliographie. GuilleDial 1825, p. 88 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud
1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; PuitspeluLyon 1894 ; Pier ; PierSuppl ; GPSR 1,
64a-65a ; FEW 15, I, 186a, *bord ; SchüleNendaz 1963 ; TLF 1, 154a-158a s.v. abord ; Alpha 1982 ; ColasBordes 1982 ; GononPoncins 1984 ; GuichSavoy 1986 ; DucMure 1990 ;
VurpasLyonnais 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; SalmonLyon 1995 ; FréchetAin 1998.
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