les citations
Neinsager [najnzɑ(:)gɛ:ʀ] 🔊, [-əʀ] 🔊 n. m. inv., adj. (parfois écrit avec une minuscule)
◆ Personne, ville, canton ou région qui s’exprime régulièrement par la négative lors de consultations populaires (⇒ référendum ; votation). Les Neinsager de la Suisse primitive*. Une victoire des Neinsager. ⇒ Alleingang ; Sonderfall.
1 « Quant à l’assurance-chômage, un seul canton* a refusé le projet : Schwytz, un traditionnel “Neinsager”. » 24 heures, 14 juin 1976, p. 3.
2 « Le Pays de Vaud (si l’on considère tout au moins la faible minorité de ses habitants qui se rendent aux urnes) n’a pas pris la tête d’un mouvement, que ce soit réforme ou restauration. Il ne propose, il n’invente rien. Il cristallise les résistances les plus hétéroclites et les plus irrationnelles. Il fournit uniquement aux “Neinsager”, entre Genève et Rorschach, la possibilité systématique de renouveler leur “nein”. » 24 heures, 31 juillet-1er août 1976, p. 5.
3 « Mais ce n’est pas seulement la double et spectaculaire victoire des “Neinsager” (ceux qui disent “non”) qui mit à l’épreuve les nerfs du collège gouvernemental. Il fut également consterné par la faible participation au vote […]. » Le Nouvel Illustré, 15 septembre 1976, p. 27.
4 « Quand on parle en politique fédérale de “Neinsager” (ceux qui disent toujours non), on pense immédiatement aux affreux réactionnaires, à ceux qui refusent tout projet ayant la moindre odeur de progrès. Et on les situait volontiers dans les rangs des formations bourgeoises*. Il y en a d’ailleurs toujours, et des durs. Mais ils ont des concurrents depuis peu : les écologistes. » La Suisse, 15 janvier 1990.
5 « Le lundi, le Peter faisait la gueule à cause des neinsager alémaniques qui ne l’avaient pas écouté. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 17, 1994, p. 25.
6 « Tel est le visage de la Suisse qui se profile de plus en plus nettement aux yeux de l’Europe et du monde, pauvre en esprit, muré dans ses mythes et hostile à tout coq qui n’a pas eu l’heur de naître perché sur un clocher helvétique. Il faut dire aujourd’hui, au nom même de la diversité qui fonde l’identité de ce pays, que nous refusons carrément d’assumer cette tête d’idiot du village. Que les pâles et replets neinsager [en italique dans le texte] du 12 juin la gardent pour eux et l’admirent tant et plus dans le miroir de l’intelligence effondrée. » L’Express, 18 juin 1994, p. 2.
7 « C. s’oppose en fait à son propre parti. À la marée des Neinsager de tout poil que fait lever l’omniprésent B. » Le Nouveau Quotidien, 31 octobre 1994, p. 2.
8 « Pourquoi les Schwytzois* sont-ils des Neinsager ? » Le Nouveau Quotidien, 17 mai 1995, p. 10.
9 « […] à mi-distance entre la concentration hôtelière de Champéry et Troistorrents, qui est devenue la banlieue résidentielle de Monthey, les Val-d’Illiens* nourrissent une défiance irréductible à l’égard de toute ingérence. “Cela a fait de nous un village de Neinsager”, constate le jeune député socialiste Y. E. » Le Nouveau Quotidien, 19 juillet 1995, p. 7.
(en emploi adj.)
10 « Toujours plus “Neinsager”, comme dimanche dernier, le canton* [du Valais] plonge dans une “spirale négativiste”, dit le rédacteur en chef du “Nouvelliste”. » Le Nouveau Quotidien, 28 septembre 1994, p. 11.
Remarques. Particulièrement fréquent dans la langue journalistique. La majuscule et l’invariabilité du mot, empruntés de l’allemand, ainsi que les guillemets et parfois même les gloses, montrent qu’il a encore le statut de xénisme dans la langue.
Commentaire. Emprunt à l’all. de Suisse Neinsager n. m. (litt., “personne qui dit non”), de même sens, qui représente un emploi spécialisé du mot allemand standard désignant de manière générale une personne qui oppose systématiquement un refus à toutes les suggestions ou propositions qu’on lui fait (v. par ex. LangenscheidtGroß 1993). Dans l’usage suisse romand, le mot est limité à la sphère politique. Sans tradition lexicographique en français.
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