Alleingang [alajngɑ̃ŋ(g)] 🔊, [alajngaŋ] 🔊 n. m.
◆ Littér. « voie solitaire », « voie isolée ».
★ S’emploie pour évoquer la tendance marquée de la Suisse à ne pas vouloir se joindre
aux grandes organisations internationales. Un chaud partisan de l’Alleingang. Les adversaires de l’Alleingang. ⇒ Neinsager ; Sonderfall.
1 « Pour la Suisse où l’euro-compatibilité se fait de plus en plus sentir la solution
de l’“Alleingang” n’est plus plausible. Il faut donc activer les démarches des négociations en cours
et abandonner l’idée d’une position insulaire en recherchant à tout prix des prétextes. » La Liberté, 7 mai 1991.
2 « Dans son allocution d’ouverture, R. D. a adressé une mise en garde contre les dangers
de l’Alleingang. “Le retrait de la Suisse face à ses responsabilités internationales n’est sûrement
pas le meilleur moyen d’assurer à notre pays un avenir de sécurité […] ; de nombreux
problèmes ne peuvent être résolus qu’à l’échelon européen ou mondial”, a-t-elle ajouté. » Le Nouveau Quotidien, 24 juin 1993, p. 10.
3 « Bien sûr, il faudra d’abord faire un premier bilan des négociations bilatérales. On
peut ainsi montrer au public ce que le Conseil* fédéral et les diplomates savent déjà : le prix de l’Alleingang sera élevé, très élevé […]. » Le Nouveau Quotidien, 4 octobre 1993, p. 2.
4 « L’EEE [= Espace Économique Européen] sera-t-il encore une alternative à l’“Alleingang”, quand il ne sera plus porté que par l’Islande et le Liechtenstein, le cas échéant
par la Norvège ? » Le Nouveau Quotidien, 31 octobre 1994, p. 2.
5 « Elle a notamment cité la question de l’Europe, comparant un lutteur* seul dans le rond [de sciure] à un “Alleingang” de la Suisse, ce qui a suscité des sifflets dans la foule. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 21 août 1995, p. 9.
6 « N’en déplaise aux partisans de l’“Alleingang”, la frilosité suisse envers l’étranger s’affiche au passif sur le tableau général
de la compétitivité. » Le Nouveau Quotidien, 6 septembre 1995, p. 10.
◇ (s’emploie aussi à l’occasion en dehors du contexte international)
7 « Zurich se transforme en adepte de l’“Alleingang” universitaire et brouille les cartes de la politique académique* nationale. » Le Nouveau Quotidien, 26 juillet 1995, p. 6.
Commentaire. Emprunt à l’allemand ; fréquent dans la langue journalistique et parlementaire. Le
Fichier français de Berne propose de nombreux équivalents français : « voie solitaire, voie isolée, cavalier seul ; parfois : solitarisme (état d’isolement volontaire pathologique) ; repli sur soi, isolationnisme. Formes verbales : agir en solitaire, agir seul, en isolé, isolément ; se mettre, se tenir à l’écart ;
faire cavalier seul ; parfois : faire bande à part ». Le fait que l’on emploie un mot allemand et non français pour exprimer ce concept
trahit peut-être l’opinion, partagée par plusieurs Romands, voulant que les Suisses
alémaniques aient des tendances isolationnistes plus affirmées. — Non attesté à date
ancienne au fichier CD ; sans tradition lexicographique.
Bibliographie. FichFrBE n° 1141-1144 (mai 1994).
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