grabons n. m. pl., greubons
![]() ![]() ![]() ◆ Petits résidus résultant de la fonte de la graisse de porc.
★ Les grabons se consommaient autrefois dans les röstis* et entraient dans la confection de galettes salées et sucrées ; de nos jours, ils
sont devenus plus rares, mais on les trouve encore chez certains bouchers, en particulier
à l’époque de la boucherie*. Sentir les greubons. Faire des röstis* aux grabons. Greubons de porc frais.
1 « Alors, pour fêter ça, j’ai couru acheter pour quatre sous de grabons chez le charcutier du coin, et, au lieu de la Combe et du Bied limpide, on s’en fut
boire trois de blanc à la pinte* d’en face. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 60.
2 « J’ai oublié les grabons, ou greubons, qui surnagent et refusent de se fondre en saindoux. Alors on les prend et on les
croque, ou l’on en fait du gâteau, c’est-à-dire de la “rasure” [ = galette de greubons]. » M. North, J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 71.
3 « Lorsque, durant l’hiver, on a fait boucherie* et qu’on a fondu le saindoux, on met soigneusement de côté les “grabons”, ces petits résidus qui surnagent quand le lard a fondu et a sorti toute sa graisse ;
on les presse (pas trop !) pour en extraire le saindoux qui reste à l’intérieur, et
on conserve précieusement ces petits cubes dorés qui croquent un peu sous la dent,
et que les enfants consomment avec une pointe de sel pour leur goûter de l’après-midi
ou le soir à la veillée. » J. Montandon, Le Jura à table, 1975, p. 87.
4 « Les greubons sont les petits résidus solides que l’on obtient en fondant du lard pour faire du
saindoux. On peut les acheter chez le boucher. » M. Vidoudez, J. Grangier, À la mode de chez nous, 1977, p. 177.
5 « Les greubons (ou grabons) sont de petits résidus de diverses graisses que nos grand-mères et nos mères fondaient
2 à 3 fois l’an. » RecettesNeuch 1993, p. 28.
◇ (emploi fig.)
6 « Je mange, j’essaie de paraître calme, même si la nourriture se tasse en petits grabons au fond de mon estomac ; j’essaie de cacher que mes mains tremblent. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 310.
◇ taillé aux greubons n. m. Galette salée découpée en bandes, essentiellement composée de farine, d’œufs et de
grabons (v. Pier s.v. taillé et FEW 13, I, 41b, taliare I 1 ; cf. syn. rasure n. f. ; v. Pier et FEW 10, 99a, rasŪra).
7 « Le taillé aux greubons sucré se prépare de la même manière [que le taillé salé], mais avec une pincée de
sel seulement, et, en plus, un peu de zeste de citron râpé et 4 c. à soupe de sucre. » M. Vidoudez, J. Grangier, À la mode de chez nous, 1977, p. 177.
8 « Le taillé aux greubons est une pâtisserie romande traditionnelle. On la préparait généralement vers la fin
de l’automne lorsqu’on tuait le cochon et que l’on faisait fondre sa graisse avant
de la conserver dans des pots de grès. Comme à l’époque on ne laissait rien perdre,
les paysannes avaient même trouvé une idée pour utiliser les greubons, résidus issus de la fonte de la graisse. » Construire, 12 février 1997, p. 27.
9 « Il y a deux ans, la fermeture des abattoirs de Malley était synonyme de disparition
du dernier fondoir à lard du canton*. D’où les pires menaces sur l’avenir de la très vaudoise spécialité que reste le
taillé aux greubons. » 24 heures, 4 avril 2003, p. 24.
Localisation. La forme grabons domine dans 〈Canton de Neuchâtel〉, 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉 et 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉 ; greubons se rencontre dans 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton de Genève〉 et 〈Canton de Fribourg〉 (et spor. 〈Canton du Valais〉).
Remarques. Cf. encore, dans la même famille morphologique, dégreuber v. tr. “nettoyer, décrasser, débarbouiller”, encore connu dans le canton de Neuchâtel (HeitlandNeuch 1993, p. 36 ; v. Pier et
FEW 16, 88a, griubo 1). — Comme équivalents approximatifs en français de référence, cf. fritons, grattons, rillons (v. par ex. NPR 1993) et cretons (v. GR 1985).
Commentaire. Premières attestations : 1820 (greubon, v. Gaudy) ; 1825 (grabon, v. GuilleDial). Dialectalisme. Type dérivé de greube n. f. “crasse ; tartre ; croûte” (v. Pier), aujourd’hui désuet. Dans les dialectes galloromans, en plus de la Suisse
romande, ce type est attesté dans les Vosges, en Haute-Saône, dans le Territoire de
Belfort, dans le Doubs, dans l’Ain et en Savoie. En français régional de France, on l’a relevé dans le Doubs, en Haute-Saône et en Savoie.
Bibliographie. « greubon » GaudyGen 1820, 1827 ; « grabon ; être en grabon » GuilleDial 1825, p. 11 ; « grabons » PeterVoc 1828 ; « grabons » GuilleNeuch 1829-32 ; « grabons, greubons » PeterCacol 1842 ; « greubons » HumbGen 1852 ; « greubons » CalletVaud 1861 ; « grébons, greubons » GrangFrib 1864 ; « graubons, greubons » Bridel 1866 ; « grabons » BonNeuch 1867 ; « grabon » BeauquierDoubs 1881 ; « greubon, groubon » ConstDésSav 1902 ; WisslerVolk 1909 ; « greubons » OdinBlonay 1910, p. 237a ; TappoletAlem, p. 60-63 ; « grabon, greubon, grébon » Pier ; « grabon » CollinetPontarlier 1925 ; « grabõ, grèbõ » BoillotGrCombe 1929, p. 177 ; « grébons » BiseHBroye 1939 ; « grabon de lard » FleischJonvelle 1951, p. 37, 41 ; FEW 16, 87b, griubo 1 ; ZumthorGingolph 1962, p. 256 ; « grabons » DoillonComtois 1980 ; « greubons » IttCons 1970 (> CuenVaud 1991) ; TLF s.v. grabons, greubons ; GR 1985 s.v. grabons et greubons (sans renvois réciproques) ; « greubon » GuichSavoy 1986 ; « grabons, grebons » DromardFrComt 1991 ; « grabons ; mot bien connu de tous » ColinParlComt 1992 ; « grabons » DuchetSFrComt 1993 ; « greubons » GagnySavoie 1993 ; Lengert 1994 ; « greubons » OffScrabble 1995.
Gisèle BOERI
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