corvée n. f.
◆ Travaux exécutés en groupe, d’intérêt public, auxquels chaque membre d’une communauté
se prête bénévolement. Corvée communale, bourgeoisiale* ; corvée d’un alpage* communautaire ; les corvées de la Confrérie* des vignerons. Aller en corvée, à la corvée. Faire une corvée.
1 « Toute la population a certainement participé à la réalisation de la première étape
du bisse* Le Levron-Naire-Dzeu par des corvées sans que l’on ait tenu compte de l’étendue des propriétés de chacun […]. » Cl. Bérard, Bataille pour l’eau, 1976, p. 57 (1re éd. 1963).
2 « Les ayants droit étaient astreints à des corvées ; ils devaient par exemple apporter des matériaux pour les travaux de construction,
ou monter de l’eau par grande sécheresse. […] Bien entendu, on ne connaît plus aujourd’hui
ni prestations en nature ni corvées. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 53.
3 « De manière toute désintéressée des clubistes [= membres du Club alpin suisse] se sont
présentés pour les travaux d’agrandissement de la Cabane* “Val des Dix” et ont exécuté leur première corvée. » La Cordée (bulletin de la section Monte-Rosa du Club alpin suisse), septembre 1975, p. 6.
4 « C’est vrai, l’on n’a pas l’occasion de s’ennuyer à la Fruitière, c’est le seul endroit
où les paysans, lors des corvées, se rencontrent pour “engueuler” les autorités… » L’Express, 4 septembre 1975, p. 2.
5 « Quand ils se trouvaient réunis dans les corvées des montagnes*, qu’ils se rencontraient dans la rue de l’église en attendant les offices, […] les
habitants des divers quartiers de la commune aimaient s’interpeller, badiner et se
moquer mutuellement. » V. Darbellay et al., Liddes, 1976, p. 139.
6 « Enfin, notons que le mercredi 12 août aura lieu la “corvée” des chemins communaux, effectuée bénévolement par des habitants et des hôtes de la
station. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 6 août 1976, p. 22.
7 « La cohorte des pelleurs [= pelleteurs] de mon village n’était pas oubliée des ménagères.
À tour de rôle, elles organisaient une corvée de thé : une le matin, l’autre l’après-midi. Entourés de plusieurs couches de lainages
pour garder le thé au chaud, les grands bidons et la collation, composée de pain,
de saucisson et de fromage, étaient transportés sur place par l’un ou l’autre d’entre
nous. » M.-F. Schenk, Notre autrefois, 1993, p. 79.
◇ Lever une corvée, rassembler les participants à une corvée.
8 « Partout et même au chef-lieu, des corvées avaient été levées. Deux cent trente hommes environ, et des villages d’alentour, septante* femmes et jeunes filles parmi les plus robustes. » D. Baud-Bovy, L’Homme à la femme de bois, 1970, p. 126.
Remarques. Le plus souvent employé en référence au passé ; la coutume existe encore dans quelques
régions rurales, mais elle se fait de plus en plus rare. — Cf. encore le dér. corvéable adj., n. “(personne) que l’on peut recruter pour une corvée” : « Tous les consorts* étaient corvéables, et certaines années, on peut dire sans exagération, corvéables à merci » Cl. Bérard, Bataille pour l’eau, 1976, p. 64 (1re éd. 1963) ; v. encore Pier s.v. reutable pour une att. de 1594 (reprise dans GSPR 4, 346b). Pour une attestation en fonction de substantif,
v. ex. s.v. miser 1.
Commentaire. Première attestation avec le sens de “corvée due à une communauté, à une ville” (et non “à un seigneur féodal”, qui est le sens du français général) : Porrentruy 1492 (v. GPSR). Cf. Touraine corvée “temps de travail gratuit et collectif fourni volontairement à un voisin pour lui venir
en aide”, Nord-Pas-de-Calais “service que les cultivateurs se rendent réciproquement”, Saint-Pierre et Miquelon “transport de matériaux que chaque famille faisait à certaines périodes de l’année
(corvée de bois, de charbon)”, Québec “travail collectif, volontaire et bénévole, afin d’aider qn en difficulté”. Ces sens relevés dans d’autres régions francophones correspondent au sens de “aide bénévole prêtée à un parent ou à un voisin pour certains travaux importants”, relevé dans VD et NE par GPSR (s.v. corvée 2°) mais aujourd’hui désuet ; le sens de “prestations en nature que demande parfois la municipalité aux habitants”, relevé à Magny-lès-Aubigny (Côte-d’Or), est très proche du sens romand. — Manque
à FEW 2, 1227a, corrogata.
Bibliographie. GPFC 1930 ; GPSR 4, 346b-348b ; RouffiangeMagny 1983 ; GR 1985 ; BrassChauvSPM 1990 ;
CartonPouletNord 1991 ; DQA 1992 ; SimSimoniTour 1995 ; GR 2001.
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