bisse n. m.
![]() ![]() ![]() ![]() ◆ Canal d’irrigation, creusé dans la terre et le roc ou fait de planches de bois soutenues
par des poutres fixées au roc à flanc de montagne, servant à amener l’eau de la fonte
des glaciers dans les vallées et à la distribuer sur les différentes surfaces cultivées
(prés, champs, vignobles, vergers, jardins, etc.).
★ L’administration, l’exploitation et l’entretien des bisses est placée sous la responsabilité des consortages* ou parfois des communes. Creuser un bisse. Construire un bisse. Réparer, entretenir un bisse. Les écluses d’un
bisse. Marcher le long du bisse, longer, suivre le bisse. S’asseoir au bord d’un bisse.
Barrer, ouvrir, dévier un bisse pour irriguer un champ. Le bisse est à sec. Boire l’eau du bisse.
1 « Profondément intégrés à l’histoire du Vieux-Pays, les bisses valaisans continuent à être très bien entretenus. Leur longueur totale couvre la
distance Berne-Athènes. » Gazette de Lausanne, 10 août 1966, p. 2.
2 « Le nouveau bisse de Saxon qui s’alimente à la conduite de l’usine électrique d’Ecône, est long de
4 kilomètres et demi. Il remplace son ancêtre beaucoup plus long mais tout auréolé
d’histoire… et d’histoires. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 15-16 mai 1971, p. 33.
3 « L’administration communale de Savièse met en soumission les travaux de génie civil
pour la construction de la conduite de déviation du bisse des Ballettes d’une longueur de 250 m environ. » Bulletin officiel du Canton du Valais, 2 novembre 1973, p. 995.
4 « Dans certains villages, le moulin ou la scierie étaient aussi alimentés par l’eau
d’un bisse. » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 56.
5 « Durant l’hiver, un énorme pan de rocher a complètement détruit, lors de son effondrement,
le bisse de Chalais, plus connu sous le nom de bisse de Ricare, qui irrigue plus de deux millions et demi de mètres carrés de vigne […]. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 25 avril 1975.
6 « Un moulin actionné par un bisse existant produira l’électricité. » L’Express, 20-21 mars 1976, p. 11.
7 « Même s’ils n’ont pas eu plus de pluie que les Vaudois, les Engadinois* ont cependant un avantage : ils disposent de torrents de montagne. Ceux du village
de Lavin ont construit sans aucune aide extérieure un “bisse” de 3,5 km de long qui irrigue leurs champs. » 24 heures, 26-27 juin 1976, p. 5.
8 « Plus bas, en direction de Sion, le bisse de Clavoz a débordé et son eau s’est déversée dans le vignoble, creusant des rigoles
et emportant des murs, puis les parchets* de vigne. » Tribune-Le Matin, 18 juillet 1976, p. 15.
9 « Ce bisse d’Ayent, d’une importance capitale, est aussi un lieu incomparable de promenade.
Le parcours, bien entretenu, n’est pas dangereux. Lors du passage du lieu dit Torrent-Croix,
il est possible de découvrir encore des poutres de bois fichées dans le rocher qui
soutenaient des chéneaux conduisant naguère l’eau sur ce tronçon dangereux. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 7 octobre 1976, p. 21.
10 « La terre, assoiffée de sa soif séculaire sur son territoire de soleil, appelle l’eau
des bisses. Cet appel est entendu là-haut ; la neige des névés, des glaciers, se saigne pour
la vigne. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 94.
11 « On a abandonné les bisses parce qu’ils prenaient beaucoup de temps, que leur entretien coûtait cher. Les paysans
ne vivaient plus assez de la terre, abandonnée au profit d’autres travaux. Pour la
surveillance des bisses, il ne restait plus que les femmes qui ne pouvaient pas tout faire, et les vieux. » M. Métrailler, La Poudre de sourire, 1980, p. 130.
12 « L’histoire de nos bisses démontre d’une façon poignante la lutte pour l’eau qui [n’]a été nulle part aussi
âpre et vive que dans le centre du canton. Nos bisses représentent l’œuvre d’art le plus ancien du génie rural de la Suisse. […] Les bisses les plus anciens datent des xiie et xiiie siècles. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 26 mars 1982, p. 34.
↪ V. encore s.v. bourgeois I 2 ; bourgeoisial ; consortage ; corvée ; dévaloir ; guillon ; mayen 1 ; miser 1 ; tablar 2 ; traluire.
◇ (Par méton.) Sentier qui longe un canal d’irrigation, fréquenté par les amateurs de promenade
en montagne. Faire un bisse, se faire un bisse. Je vous recommande ce bisse.
13 « Chaque jour, de très nombreuses personnes se promènent sur le bisse de Clavoz. […] Il n’y a aucun danger et les autorités entretiennent régulièrement
le chemin. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 9 septembre 1976, p. 21.
◇ Tour de bisse, période de la journée pendant laquelle un usager a droit à l’eau d’un bisse.
14 « Bisse de Salins / à vendre / 2 heures d’eau / tour du milieu, bon marché. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 8-9 mai 1971, p. 13.
◇ Garde / gardien de bisse(s), garde-bisse, employé chargé de l’entretien et du bon fonctionnement d’un bisse.
15 « Garde de bisses, commune de Sion [légende d’une photographie] / Il connaît le chemin comme pas un.
Depuis plus de 40 ans, en été et par beau temps, il est en route 10 heures par jour.
C’est souvent pénible et parfois dangereux. Mais sans lui, les fruits et les légumes
ne pousseraient pas si bien. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 8 juin 1976, p. 29.
16 « À côté du chéneau, une simple planche sans barrière servait de passage au gardien du bisse. » M. Barras, “Les bisses de l’Ancien-Lens”, Folklore suisse, 1984, fasc. 5/6, p. 71.
◇ Levée du bisse, action d’ouvrir pour la première fois, au printemps, les écluses qui contrôlent l’arrivée
d’eau dans le bisse.
17 « Bien que la levée du bisse fut imminente, il restait encore une tâche essentielle à exécuter, à savoir la création
de barrages de neige destinés à troubler l’eau. […] Alors que notre tâche n’était
pas encore terminée, nous vîmes s’avancer vers nous deux ouvriers de Montana, chargés
de suivre la progression de l’eau. Le bisse était levé. » M. Barras, “Les bisses de l’Ancien-Lens”, Folklore suisse, 1984, fasc. 5/6, p. 76-77.
Localisation. Réalité du Valais, connue dans toute la Suisse romande (didact., tourist.).
Remarques. Mot d’une fréquence très élevée, dans la presse tout comme dans la littérature. Il
n’existe pas vraiment d’équivalent en français général pour référer à cette réalité
typiquement valaisanne.
Commentaire. Emprunt du français régional à la forme dialectale (Valais central) bis, correspondant à l’afr. biez (cas suj. sg. ou cas rég. pl.), frm. bief. Premières attestations : 1569 (sous les formes biss, bis) et 1812 (sous la forme bisse).
Bibliographie. WisslerVolk 1909 ; BGPSR 1909, 13-14 ; FEW 1, 312a-313a, *bedu ; Pier, PierSuppl s.v. bied ; Lar 1928 ; Eichenberger 1940 ; GPSR 2, 387b-390b s.v. bief ; Lar 1960 ; MüllerMarécottes 1961, p. 210 ; SchüleNendaz 1963 ; TLF 4, 543a s.v. bisse2 ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; Alpha 1982 ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; Lexis 1992 ; NPR 1993 ; Lengert 1994 ; OffScrabble 1995 ; GR 2001.
Copyright © 2022, tous droits réservés
|