les citations
tablar n. m., tablard
1.◆ Rayon, étagère. Les tablars de l’armoire, de l’étagère, du placard. Tablars à hauteur réglable. Tablars en bois, métalliques.
◇ Graphie tablar.
1 « […] donne le fromage : il est sur le “tablar” du haut à la cave à cause des souris… » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 19.
2 « Dans une de ses lettres, Pierre Girard me disait aimer beaucoup les livres de Clarisse Francillon. Et il ajoutait qu’il nous mettait elle et moi sur “le même tablar” ! » A. Rivaz, Traces de vie, 1983 [lettre du 25 juillet 1976], p. 269.
3 « Magnifique armoire ancienne, 2 portes, restaurée, sapin, 10 tablars. » L’Express, 3 octobre 1978, p. 16.
4 « Les boules de Noël : en partie dans l’armoire à souliers du corridor, puis tout en haut dans le tablar de la chambre de Marie-Noëlle. » M. Chappaz, Octobre 79, 1986, p. 113.
5 « Le lait ne peut être soumis à aucun traitement thermique, et l’affinage doit se faire sur des tablars d’épicéa. » La Liberté, 3 juin 1997, p. 11.
◇ Graphie tablard.
6 « Sur un “tablard”, son casque à crins de cheval, le képi à pompon de mon oncle, le bicorne à ganses d’or de mon grand-père et deux grands shakos de Naples. Le tout en ordre et soigneusement camphré. » G. de Reynold, Mes Mémoires, 1960, t. II, p. 202.
7 « Martin descendait à sa boutique aux premières heures de la journée ; il attendait, debout derrière la planche qui lui servait de comptoir. Quand il s’était bien assuré que la balance aux plateaux jaunes marchait aussi bien que la veille ; qu’il avait, d’un chiffon, épousseté le bord de ses “tablards”, il s’appuyait à sa béquille, le buste en avant. » M. Zermatten, Les Sèves d’enfance, 1968, p. 174-175.
8 « Mais revenons à la cave. Alignés, couverts, quelque 4000 gruyères* sur les tablards, trois hauteurs d’homme. » Tribune-Le Matin, 18 mai 1975.
9 « Elle plaça la lampe sur un tablard et se précipita pour ouvrir les portes. » M. Métral, Un Jour de votre vie, 1976, p. 22.
10 « C’est encore mieux si immédiatement à côté de l’entrée existe une petite pièce-garde-robe bien séparée, bien éclairée, pourvue de patères pour les vêtements et de tablards pour les souliers. » La Suisse, 29 mars 1977, p. 9.
11 « Aussi le voit-on souvent avec sa caisse de menuisier en bandoulière, scie sous le bras, se rendre chez une connaissance, un ami pour raboter une porte qui coince, un tablard mal ajusté […]. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 15 juillet 1977, p. 15.
12 « La rénovation de l’installation s’est faite en plusieurs étapes. Un nouveau toit a été posé il y a deux ans. On a aménagé de nouveaux tablards. Installé l’électricité, refait une chape sur le sol, rafraîchi les murs. » La Liberté, 16 mai 1994, p. 15.
↪ V. encore s.v. abéquer I.
(loc. fig.) Être, rester sur un tablar / les tablars, être toujours disponible (personne, chose) ; ne pas mettre sur un tablar / les tablars, mettre à contribution, faire travailler. Si tu crois que je suis sur un tablar, tu te trompes, j’ai d’autres choses à faire !
13 « L’épicier du village […] est Fribourgeois. Il savoure l’endroit, qui aime autant le jambon de campagne que le filet de palée*. Pour tout le monde, il est sur un tablard à longueur d’année, sans broncher. » Tribune-Le Matin, 9 février 1975.
14 « En tout cas, celle-là, elle a dû bosser ; le père, il l’a pas mise sur un tablar. Le matin avant d’aller à l’école, elle devait traire… » Entendu à Neuchâtel, 13 février 1979.
(loc. fig.) Pouvoir mettre qn sur le tablar du haut, se dit de qn que l’on apprécie grandement ; être digne d’être placé sur le tablar du haut, être quelqu’un de remarquable, être très apprécié.
15 « Ces “cagnards*” jouaient alors un grand rôle dans la vie familiale. Non seulement parce que la mère de famille y “rangeait”, sur les rayons du haut les conserves et les confitures, mais aussi parce que ces rayons du haut – qu’on appelait les “tablards” – étaient pour nous un symbole de probité, de vie saine et honnête, de droiture. Quand on disait de quelqu’un qu’il était digne d’être placé sur le “tablard” du haut, c’est que c’était vraiment quelqu’un de bien. » Courrier neuchâtelois, 12 août 1987.
2.◆ Terrasse, parcelle de vigne soutenue par un mur. Des tablards de vigne. ⇒ charmu ; parchet.
◇ Graphie tablar.
16 « Ce vignoble a une surface de quelque 100 000 mètres carrés, répartis en 300 “tablars”. La surface de ces “tablars” varie entre 10 à 2000 mètres carrés. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 9 juin 1976, p. 26.
17 « Ces vignobles sont constitués par une foule de “tablars” dont les plus modestes totalisent entre 10 et 30 mètres et les plus imposants jusqu’à 2000 mètres de surface. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 151.
18 « […] hésitant devant un kiosque, ce dernier matin-là où je me rendais à Fully inspecter quelques tablars de vigne. » M. Chappaz, Le Garçon qui croyait au paradis, 1989, p. 61.
◇ Graphie tablard.
19 « La Vigne joue un grand rôle. Salut Dubuis ! ton bisse* alimentait des tablards précieux ; l’eau, la foi aux ceps et nous, travailleurs et buveurs de calices. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 36.
20 « De là il contemple la plaine et les tablards de vigne. » M. Chappaz, Le Match Valais-Judée, 1968, p. 120.
21 « Les travaux d’aménagement du nouveau cimetière touchent à leur fin. Les services compétents ont tenu à conserver la configuration des tablards de vigne existants afin d’intégrer les zones d’inhumation à la colline. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 9 juillet 1976, p. 17.
22 « Combien d’années a-t-il fallu pour construire les tablards de vignes ? Cette superposition de murs patiemment érigés représente une somme incalculable d’efforts collectifs. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 19 février 1979.
↪ V. encore s.v. charmu.
3.◆ (en emploi adj.) Taré, dérangé (en parlant d’une personne). Il est complètement tablard !
Localisation. 1. Suisse romande. 2. Canton du Valais. 3. Spor. Suisse romande.
Remarques. Le mot doit être senti comme n’appartenant pas au français standard, car il est plutôt rare dans la littérature.
Commentaire. Premières attestations : 1487 (tabla) ; 1547 (trabla) ; 1579 (trablar) ; 1590 (tabla) ; 1598 (tablar) ; 1697 (tablard) ; v. Pier. Dialectalisme ; dér. appartenant à la famille de tabula, de suff. incertain (-are pour Wartburg ; -atu pour Gauchat, avec ‑r anorganique fréquent en francoprovençal, cf. clédar et dare). La graphie en ‑ard, d’apparition plus tardive, s’explique par une analogie avec les nombreux mots français suffixés en ‑ard, alors que la finale ‑ar est peu commune. Type bien attesté dans les parlers dialectaux de Franche-Comté, de SR et de Savoie. En français régional, on le relève encore couramment en SR et en Savoie (cf. aussi Val d’Aoste tablère), mais les attestations franc-comtoises des années vingt ne sont pas confirmées par des relevés plus récents. De SR, le mot est passé à la Suisse alémanique, qui connaît Tablar n. n. “Regalbrett” (DudenSchweiz). Les sens 2 et 3 ne sont pas attestés à date ancienne et n’ont pas de tradition lexicographique ; 2 s’explique par analogie de forme ; quant à 3, sa motivation est obscure.
Bibliographie. DeveleyVaud 1808, n° 56 ; Dumaine 1810, p. 262 ; GaudyGen 1820, 1827 ; DeveleyVaud 1824 ; GuilleDial 1825, p. 47 ; PeterVoc 1828 ; GuilleNeuch 1829-32 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; ConstDésSav 1902 ; GauchatR 1907, p. 874 ; WisslerVolk 1909 ; Pier, PierSuppl ; CollinetPontarlier 1925 ; BoillotGrCombe 1929, p. 285 ; BiseHBroye 1939, p. 305 ; ZumthorGingolph 1962, p. 258 ; BorodinaChabag 1963, p. 475 ; FEW 13, I, 17b-18a, tabula I 7 a et note 8 ; IttCons 1970 ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; « tablère n. m. » MartinAost 1984 ; PR 1984 ; GR 1985, 2001 ; GuichSavoy 1986 ; DudenSchweiz 1989 ; TLF ; GagnySavoie 1993 ; NPR 1993, 2000 ; OffScrabble 1995 (avec les deux graphies) ; PLi 1998 (avec les deux graphies).
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