bise n. f.
1.◆ Vent sec soufflant du nord-est ou de l’est, souvent violent, qui amène le froid et
généralement le beau temps. Les jours de bise, par temps de bise, la bise hivernale, une petite bise, une forte
bise, une bise agressive. ⇒ biser ; bornan ; fœhn ; joran ; vaudaire.
1 « Silvia était ravissante, un coup de bise dessina ses longues jambes sous sa robe de cachemire blanc à passementeries. » C. Colomb, Le Temps des anges, 1962, p. 38.
2 « Lorsqu’elle est orientée au Nord-Est, la Bise passe d’abord sur le plateau et se canalise entre les reliefs qui bordent le Petit-Lac
[= partie du Lac Léman qui va de Genève à Gland], ce qui lui permet de s’accélérer.
En direction du Haut-Lac [= partie orientale du Lac Léman], elle a parfois plus de
peine à s’établir à cause des reliefs de la côte vaudoise qui font barrage. » Ph. Jeanneret / MétéoSuisse, La Bise, 26 mars 2003 (Internet).
3 « Le vent d’ouest et la bise sont, avec le joran*, les vents les plus fréquents sur le lac de Neuchâtel. Dans certains cas, les airs
sont même plus soutenus que sur le Léman. » Nautisme romand, 26 mars 2003 (Internet).
↪ V. encore s.v. bas (en-) 1 ; fourneau 1 ; fricasse ; gonfle1 II ; landsturm 2 ; menée ; peller ; pincette ; rebuse ; régional.
◇ (fam. ; interjection, juron atténué) Nom de bise ! Cré nom de bise ! Tonnerre de bise ! (NE spor.).
◇ (fig.) Être de bise loc. verb. Être de mauvaise humeur (IttCons 1970).
◇ Bise noire, forte bise qui souffle par ciel sombre.
4 « Les premières fleurs frissonnent sur les talus, la bise noire les renfrogne. » G. Borgeaud, Le Soleil sur Aubiac, 1986, p. 27.
5 « Je vois mon père homme de loi devenu vagabond faisant dix kilomètres à pied sous la
bise noire, entre Vernayaz [VS] et Martigny [VS]. » M. Chappaz, Le Garçon qui croyait au paradis, 1989, p. 60.
6 « Et, à sa place, prenant possession de tout l’espace de l’oreille, dehors et dedans :
le souffle de la bise noire ! » A.-L. Grobéty, Infiniment plus, 1989, p. 254.
7 « Bise noire : la bise souffle par temps couvert, par opposition à vent blanc (le vent souffle
mais le soleil brille) » StRobert 1993.
8 « Vendredi 7 et samedi 8 décembre 2001, un millier de courageux ont bravé les ardeurs
d’une bise “noire” particulièremenmt forte pour venir s’exercer en rollers, trottinettes ou autres skateboards
sur le tarmac de l’Aéroport International de Genève […]. » Aéroport International de Genève, 10 décembre 2001, Archives (Internet).
9 « Il ne faudrait jamais commander des ris de veau en plein mois de juillet. Voilà un
plat d’hiver, créé par le Bon Dieu pour les soirs de bise noire. Mais quand on aime […]. » Tribune de Genève, 27 juillet 2002, Archives (Internet).
↪ V. encore s.v. déménageuse.
2.◆ T. d’orientation (dans une loc. adj. ou adv.) Côté bise, qui est situé à l’est ou au nord-est ; allant dans la direction de l’est ou du nord-est.
10 « Il existe des formes [de toit] intermédiaires … avec un pignon unique côté bise, à l’est et un pan transversal côté vent, à l’ouest. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 64.
11 « Il est temps de s’approcher du pied du Jura pour longer les chemins très aérés en
direction de Concise [VD] avec, comme au départ, le front côté bise, cette limite Vaud-Neuchâtel nous gratifie d’une côte très sélective à l’issue de
laquelle chacun a pu qualifier ses jambes et ses sensations. » Cyclophile morgien, 6 mai 2001, Archives (Internet).
12 « Les autres variantes, établies selon le principe habituel d’un quai où sont rattachées
les estacades et deux digues s’ouvrant côté “bise” ou côté “vent”, offraient toutes l’inconvénient d’occuper et de réserver principalement aux navigateurs
une grande portion de rive. » Journal de la Coopérative du port de Mies-Tannay [VS], n° 1, octobre 2001, p. 3, Archives (Internet).
Remarques. Au sens 1, seul terme utilisé en Suisse romande. — Comme t. d’orientation (sens 2),
il s’agit d’une survivance sporadique de l’ancienne terminologie cadastrale employée
pour délimiter les propriétés. — Bise a toujours été répertorié par la lexicographie du français sans marque régionale,
mais comme le fait remarquer DRF 2001, il s’agit en réalité d’« un terme aujourd’hui marqué soit littérairement […] soit diatopiquement […] son usage
actuel […] forme un triangle dont les pointes seraient la Vienne, le Territoire-de-Belfort,
et les Hautes-Alpes […] à quoi s’ajoutent les Ardennes et la Lorraine. »
Commentaire. En SR, le terme apparaît pour la première fois comme t. d’orientation dans une charte
du Jura méridional de 1301 : « dever bise » (DLSR 1, n° 8, 3). Une mention plus ancienne qui selon GPSR se trouverait dans un
document fribourgeois de 1230 n’a pu être confirmée (comm. pers. de W. Müller). En revanche, le sens 1 est bien attesté dans un document fribourgeois
de 1434 (GPSR). — L’all. de Suisse Bise n. f., bien que de descendance intra-germanique, doit très probablement sa vitalité à la
position dominante du mot en SR.
Bibliographie. DeveleyVaud 1808 ; Pier ; GPSR 2, 405a ; FEW 15, I, 117a, *BÎSJŌ ; KaiserSchweiz 1969, 1, p. 51 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; DumontGen 1983 ; Had
1983 ; Nic 1987 ; DudenSchweiz 1989 ; StRobert 1993 ; Lengert 1994 ; ArèsParler 1994 ;
DRF 2001.
Pierre KNECHT
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