menée n. f.
◆ Amas de neige soufflée par le vent, en particulier lors d’une tempête. Une menée de neige. Des menées bloquent les routes et les chemins de fer. S’enfoncer
dans une menée. ⇒ gonfle1 I 1.
1 « Mais déjà, sur les hauteurs, la bise* sournoise la guettait [la petite ville] d’un œil en galopant sur les pâturages nus ;
elle essayait ses forces et répétait toutes ses farces en virant autour des sapins
qui lui servaient de mannequins, faisait voler la neige qui, pour se protéger des
griffes de cette froide danseuse, se blottissait en “menées” derrière les murets. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 52.
2 « Vous vouliez une fiancée d’hiver : je suis née. Alors, pourquoi me mettre à la consigne
de l’amour ? Parce que je n’avance qu’au pas à pas, que ma marche est ralentie par
les menées de neige, la route glissante et les flocons si serrés qu’ils forment un grillage
qui me retarde et me retient ? Ce n’est pas ma faute, ce n’est pas moi qui ai fait,
entre vous et moi, ces remparts de neige, ces chemins glauques de glace, ces tempêtes
qui brouillent sens et boussole. » A.-L. Grobéty, La Fiancée d’hiver, 1984, p. 323.
Localisation. 〈Canton de Neuchâtel〉, 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉, 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉. Le mot connaît une extension géographique plus limitée que son synonyme gonfle1 (v. ce mot), connu dans toute la Suisse romande ; à l’instar de ce dernier, il est perçu comme
plus familier et régional que l’équivalent du français de référence, congère.
Remarques. Dans plusieurs sources lexicographiques françaises (Littré 1867 ; Lar 1903, 1931,
1963 ; GLLF 1975), le mot est donné comme franc-comtois, avec un sens légèrement différent
(“tempête de neige”), qui ne correspond pas au sens relevé dans les sources de français régional (“amas de neige ou de poussière que produit le vent sur son parcours” Beauquier ; “amas de neiges placées, menées dans la direction du vent” Collinet ; “congère” RLiR 42, Dromard, Colin, Taverdet ; v. bibliographie ci-dessous).
Commentaire. Première attestation : 1644 (« mon cheval tomba dans la menée de neige », v. Pier). Emprunt à un type essentiellement attesté dans les parlers dialectaux
de Belfort, du Doubs et du Jura français (v. FEW) ainsi qu’en français régional de la Côte-d’Or et de Franche-Comté ; v. aussi DRF.
Bibliographie. BonNeuch 1867 ; BeauquierDoubs 1881 ; WisslerVolk 1909 ; Pier ; CollinetPontarlier
1925 ; FEW 6, II, 102b, mĬnare ; IttCons 1970 (> DFV 1972, où la déf. “tempête de neige” est erronée) ; « Côte-d’Or, Franche-Comté » RLiR 42 (1978), p. 177 ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; TavDumExprBourg 1984, p. 21 ; TLF ; GR 1985 ; GrafBern 1987 ; DromardFrComté
1991 ; DondaineMadProust 1991, p. 69, 74 ; TavBourg 1991 ; ColinParlComt 1992 ; NPR 1993 ;
Lengert 1994 ; RobezMorez 1995 ; DRF 2001 ; GR 2001.
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