les citations
pincette n. f.
◆ Petit instrument formé de deux tiges (de plastique ou de bois) reliées à un ressort les maintenant serrées, et servant à attacher et à étendre la lessive à sécher. Suspendre la lessive avec des pincettes.
1 « La bise*, de sa main fraîche et douce, me caressait les épaules et son haleine pure faisait dodeliner de la tête toute la forêt alentour. Puis j’ai tendu le cordeau de la porte de grange au lilas en faisant un angle sur le cerisier et j’ai pendu une lessive qui traînait voilà tantôt dix jours. Tout de suite, les alentours de la vieille maison ont pris un air de kermesse où claquent les drapeaux ; alors ce fut la bagarre entre la bise* et moi… elle en voulait à mes crosses [= perches qui soutiennent les cordes à linge] et, pendant que je les remettais debout, elle me volait mes pincettes… emportant un linge dans le sous-bois. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 148.
2 « […] chaque été pourtant c’était la fête, les vieilles couvertures, les toiles sortaient des armoires des mamans, et avec des cordes, des crosses [v. ci-dessus] à lessive, des pincettes, les tentes se gonflaient dans la cour, ça prenait longtemps pour les faire tenir droites […]. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 127.
3 « Dans le froid qui commence à tomber, les habits de travail du concierge sont suspendus par des pincettes à des fils tendus sous l’auvent. » J. Chessex, Où vont mourir les oiseaux, 1980, p. 269.
(lexie complexe) Pincette à linge.
4 « […] Jean Calmet s’étonnait une fois de plus que cette fille fût si étrangement proche de l’enfance, des contes, des scènes gravées sur cuivre dans les vieux livres à couverture rose, des planches tachées de rousseurs que les libraires et les antiquaires exposent dans leurs devantures, suspendues à des pincettes à linge. » J. Chessex, L’Ogre, 1973, p. 209.
Remarques. L’équivalent du français de référence, pince à linge, est aussi connu en Suisse romande. — En français de référence, pincette désigne une petite pince servant à saisir des objets de dimensions réduites (⇒ brucelles), ou de grosses pinces de métal servant à attiser le feu et déplacer bûches et tisons sans se brûler (sens que l’on peut rencontrer à l’occasion en Suisse romande : « Marina demanda, tapotant sur la bûche du bout de sa pincette […]. » J. Mercanton, Le Soleil ni la mort, 1948, p. 48).
Commentaire. Première attestation : 1861 (CalletVaud). Cette source donne aussi la plus ancienne attestation de pince dans ce sens en Suisse romande (la lexie pince à linge n’est attestée que depuis 1926 en français, v. Larousse Ménager Illustré p. 191 [Frantext] ; déjà 1921 pour pince : « ma gaieté se pendait à mon visage par mille pinces comme un linge qui va flotter » J. Giraudoux, Suzanne et le Pacifique, p. 98 [Frantext]). L’existence de pincette en Belgique avec le même sens qu’en Suisse romande suggère qu’il pourrait s’agir d’un archaïsme, mais l’on ne dispose d’aucune donnée positive pour étayer cette affirmation. L’hypothèse d’une polygénèse n’est pas entièrement à écarter.
Bibliographie. CalletVaud 1861 s.v. fichoir ; Pier ; « régional, répandu » Pohl 1950 s.v. pincette 3 (mais inconnu de M. Francard, comm. pers., avril 1997) ; FEW 8, 543b, *pĪnts- I 1 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; PLi depuis 1989 ; HeitlandNeuch 1993 ; Lengert 1994.
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