les citations
seille n. f.
◆ Seau plus large que profond, en bois, muni d’anses formées par le prolongement de deux douves opposées percées d’une ouverture faisant poignée, qui servait au transport de divers objets (liquides ou solides), ou comme récipient pour l’eau de la lessive, des ustensiles à laver, de la toilette. Seille de bois. Seille à vendange, servant au transport du raisin. Seille à eau, seau de cuivre ou de zinc qui contenait l’eau potable du ménage. ⇒ brante ; gerle ; seillon ; seillot.
1 « Nous nous éloignons du temps où les présidents* servaient surtout, dans les villages haut perchés dans les pierrailles brûlantes, à s’asseoir sur la première seille de raisins en automne. Si le cul était mouillé la vendange était mûre. Nous avions inventé une liturgie. On levait comme ça les bans* pour les vignes à raisins durs qui croissaient à mille mètres. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 171.
2 « Ils prenaient des bains tous les jours dans de luxueuses salles dallées de blanc, alors que les gens du pays, sauf le haut du panier social, ne se baignaient que le samedi soir, dans leur cuisine ou leur chambre* à lessive, où ils installaient pour la circonstance le récipient le mieux approprié à cette opération, bassine de zinc, seille de bois, cuve à lessive. » A. Rivaz, L’Alphabet du matin, 1968, p. 81.
3 « Les femmes d’Isérables transportaient sur leur tête dans des seilles le raisin de la récolte tout en tricotant de leurs mains libres. » RSR, 4 novembre 1976.
4 « Pourquoi avoir donné à ce livre un tel titre ? Aubiac que je n’habite pas et que je considère comme le squelette d’un temps brutalement périmé m’a séduit. Par amour du nom Aubiac, aussi, qui inclut l’aube, le moment le plus transparent des matins lotois [= du Lot], le plus jeune comme un enfant nu qu’on lave dans une seille. » G. Borgeaud, Le Soleil sur Aubiac, 1986, p. 94.
5 « Tout le nécessaire pour faire la “grande lessive du mois de mai” s’y trouvait : un cuveau de bois posé sur quatre rondins, deux bancs grossiers supportant un lot de seilles de différentes grandeurs […]. » M.-F. Schenk, Notre autrefois, 1993, p. 27.
6 « Si les dents-de-lion sont déjà avancées, bouillissez-les [= faites-les bouillir] le soir, laissez-les refroidir toute la nuit dans une seille d’eau froide. » RecettesNeuch, 1993, p. 22.
7 « [Ce qu’on a vu en 1992] Les Cuivres imprimer des foulards portant l’ancien écusson de la commune, soit une femme aux seins nus, dans une seille. […] Le dimanche à l’église, ces foulards font le plus bel effet. » Le Rai-tiai-tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie] n° 17, 1993, p. 19.
↪ V. encore s.v. brante 1 ; gerle 1 ; tavaillon ; tomme.
Seille à relaver*, qui servait à laver la vaisselle.
8 « Les récipients à lait doivent toujours être propres. Après usage, le trancheur [= ouvrier qui réduit le caillé en petits morceaux] les lave dans du petit-lait chaud. Pour cela, il emploie la “seille à relaver*”. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 165.
Seille à linge, grand récipient en plastique servant à transporter la lessive (cf. français de référence panière de linge, v. NPR 1993). J’ai trois seilles de lavage, de repassage à faire.
Seille garnie, panier garni qu’on gagne au loto (JU).
pleuvoir des seilles loc. verb. Pleuvoir en abondance (cf. pleuvoir à la seille dans DondaineMadProust 1991, p. 71 et DromardFrComté 1991 ; cf. encore « la pluie tombe comme si on la versait avec des seilles » déjà 1750, v. Pier).
9 « Comme il pleuvait des seilles lorsque je suis sortie de la voiture pour voir les dégâts, j’ai expédié le constat le plus vite possible. » Bouquet, 18 mai 1977, p. 112.
prendre une seille loc. verb. Se voir infliger une lourde défaite. Les deux lignes d’arrière ont mal joué ; résultat, on a pris une seille, 9 à 1 !
Remarques. Le mot désigne un référent vieilli dans certaines de ses fonctions mais encore bien connu.
Commentaire. Premières attestations en SR : 1456 (soille), 1511 (sceille), 1626 (saille), 1750 (seille) ; v. Pier. Cf. encore afrb. sillie (xve s., Z 24, 222 > FEW). Type répandu dans les parlers dialectaux du nord au sud de la Galloromania, déjà richement attesté en ancien et en moyen français (v. Gdf, FEW), dans des sources qu’il faudrait pouvoir localiser avec précision. Encore donné sans marque dans Est 1549, Dup 1573, Cotgr 1611 et Mon 1636, le mot est présenté comme vieux et régional à partir de Fur 1690 (“vieux mot qui signifioit un seau, & se dit encore en beaucoup d’endroits”). Pour désigner un seau servant à transporter la vendange, il est attesté depuis Trév 1743 (“ce mot signifie plus particulièrement, en quelques provinces, un vaisseau de bois, sans fond par le haut […], garni de cerceaux, & d’une anse de fer posée sur un gros bâton dont deux hommes se chargent chacun une épaule pour transporter le vin du pressoir dans les caves”). De nos jours, il survit en français régional dans de très nombreuses zones, et désigne divers récipients servant à transporter l’eau, le lait, le raisin, etc. (v. bibliographie différentielle ci-dessous). On relève quelques attestations du mot (de français régional) dans l’Ouest (Normandie, Touraine, Loire-Atlantique), mais c’est surtout dans l’Est qu’il est très fréquent et forme une aire cohérente d’une vaste étendue : Franche-Comté, Suisse romande, Ain, Rhône, Loire, Haute-Loire, Ardèche, Isère, Savoie, Val d’Aoste, Hautes-Alpes. Il a aussi été relevé, d’une façon plus isolée, dans le Lot et l’Aveyron. Le nord, le nord-est, le centre et le sud-ouest de la France, la Belgique et le Canada ne semblent pas l’employer dans l’usage contemporain. — Une vue d’ensemble de la représentation du mot (définitions, marquage) dans la lexicographie générale montre un grand manque d’unité dans le traitement, mais dans les sources les plus récentes il est de plus en plus souvent donné comme « vx » ou « région. » : “(vieux) seau pour porter le raisin” Boiste 1803-1829 (sans marque rég.) ; “(v. lang.) seau ; (technol.) sorte de tonneau servant à porter le vin du pressoir dans les cuves” AcC 1842 (sans marque rég.) ; “(anciennement) vase, seau de bois” Besch 1845 (sans marque rég.) ; “sorte de seau fait en boissellerie, sans cercles, avec une anse de bois ; sorte de tonneau servant à porter le vin du pressoir dans les cuves” Littré 1871 (sans marque rég.) ; “seau de bois, avec une anse en bois ; (écon. rur.) grand vase en bois servant à transporter le vin du pressoir dans la cuve” Lar 1875 (sans marque rég.) ; “(dialect.) seau, en boissellerie, sans cercles, à anse” DG 1899 ; “seau de bois, avec une anse en bois ou en corde ; grand vase en bois, utilisé dans les différentes manipulations que comporte la vinification ; récipients en bois ou en toile, en forme de seau, pour tirer et transporter de l’eau” Lar 1904, 1933 (sans marque rég.) ; “(région.) seau de bois à oreilles évidées pour y passer un cordage ; grand récipient en bois, en toile” Rob 1963 (> PR 1967, 1977, 1984, GR 1985, 2001) ; “seau de bois avec une anse en bois ou en corde ; récipient en toile servant à transporter l’eau” Lar 1964, GLLF 1977 (sans marque rég.) ; “seau et, en général, récipient quelconque en bois (vx)” PLi depuis 1980 ; “seau en bois, avec ou sans anse” Alpha 1982 (sans marque rég.) ; «  “seau de bois ou de toile, muni d’oreilles dans lesquelles on passe une corde en guise d’anse et qui sert à transporter de l’eau, du vin, du lait et, en particulier, le moût tiré du pressoir que l’on verse dans la cuve ; par ext. récipient servant de vase”, forme région., surtout de l’Ouest et de l’Est, concurrencée par seau » TLF ; “(vx ou région.) seau en bois ou en toile” NPR 1993.
Bibliographie. Bibliographie régionale : “seau d’eau” RézeauDuPinAng (1746-1748) ; “vaisseau de bois fait à peu près comme un seau, dont se servent les vendangeurs pour mettre les raisins” VurpasDuPinLyon (env. 1750) ; “seau” BrunFrComté 1753 ; “seau” SchneiderRézDoubs 1786 ; “vaisseau de bois, pour laver ou pour d’autres usages, qui a les bords fort bas” MolardLyon 1803 ; “seau, vaisseau propre à porter de l’eau” DeveleyVaud 1808, n° 127 et DeveleyVaud 1824 ; “vase à porter de l’eau” Dumaine 1810, p. 259 ; “seau” GaudyGen 1820, 1827 ; GuilleDial 1825, p. 27, 77 ; “seau de bois” GuilleNeuch 1829-32 ; “sorte de seau en bois, à oreilles, et de forme ronde, avec lequel on porte l’eau et le lait” HumbGen 1852 ; “seau ; espèce de vase en bois pour puiser ou contenir de l’eau” MègeClermF 1861 ; “sorte de seau en bois, à oreilles et de forme ronde” GrangFrib 1864 ; “sorte de seau en bois ou en cuivre, à oreilles, et de forme ronde, avec lequel on porte l’eau” BonNeuch 1867 ; « seille à cou » “très grand seau” ToubinJura 1869-70 ; “seau à traire les vaches, les brebis” ChambonVayssier 1879 ; “seau en bois” BeauquierDoubs 1881 ; “vaisseau en bois avec deux oreilles percées chacune d’un trou pour y passer le doigt et le transporter plus commodément” PuitspeluLyon 1894 ; “seau, cruche, baquet” Gdf 7, 363c-364a ; “seau en bois” ConstDésSav 1902 ; “vase en bois, cerclé seulement en haut et en bas, et dont deux duelles sont plus élevées et percées d’un trou rond qui permet de le saisir” VachetLyon 1907 ; “sorte de seau fait en boissellerie, avec cercles et deux poignées formées par le prolongement de deux douves opposées” OdinBlonay 1910, p. 525b ; “képi” RouxArgSold 1921 ; Pier ; “seau” Mâcon 1926 ; “sorte de baquet en bois de forme rondes et à oreilles” BoillotGrCombe 1929, p. 277 ; “seau en bois” RougéTouraine [1931] ; FEW 11, 665b, sĬtŬla I ; “grand récipient pour transporter de l’eau” DoillonComtois 1980 ; “seau à bec, de ton clair, en métal galvanisé inoxydable” ManteIzeron 1982 ; RézeauBibl 1986 [en fait Loire et non Auvergne-Limousin] ; “baquet en bois à deux poignées qui servait à la coulée du lait” DurafHJura 1986 ; “seau à traire” MartinPellMeyrieu 1987 ; “seau peu profond, évasé, destiné à recueillir les raisins” GassmannVully 1989, p. 182 ; “espèce de seau en bois avec douve plus haute et percée, utilisé pour porter la nourriture du cochon ; seau à traire (en fer)” MartinPilat 1989 ; “seau pour traire” RouffiangeAymé 1989 ; “grand seau évasé” BrasseurNorm 1990 ; « “seau” ; vivant en Bresse » TavBourg 1991 ; “cuve en bois” DromardFrComté 1991 ; « Courmayeur [Val d’Aoste] “récipient en bois, auge” » BessatGMtBlanc 1991 ; “seau de bois tenu par un cordage passé dans les trous des oreilles” ColinParlComt 1992 ; “seau à traire” VurpasMichelBeauj 1992 ; “grand seau à eau en cuivre, ustensile ancien [Lot] ; seau à traire les brebis [Aveyron]” BoisgontierMidiPyr 1992 ; “seau plus évasé que profond” HeitlandNeuch 1993, p. 41 (bien connu de tous les témoins) ; “seau” BrasseurNantes 1993 ; “seau, en bois en général” DuchetSFrComté 1993 ; “seau à traire en bois avec deux anses” GagnySavoie 1993 ; “seau à traire, métallique” BlancRouatVill 1993 ; “seau (autrefois en bois, aujourd’hui en métal)” VurpasLyonnais 1993 ; “seau pour traire” FréchetMartVelay 1993 ; Lengert 1994 ; “seau à traire de 15 litres” RobezMorez 1995 ; “seau ; panier à vendange” SalmonLyon 1995 ; “seau pour traire (en fer)” FréchetAnnonay 1995 ; “seau en bois” GermiChampsaur 1996 ; “seau” FréchetAin 1998.
Copyright © 2022, tous droits réservés