ban n. m.
![]() ◆ Interdiction de pénétrer (sur un terrain, un chantier, une propriété). – Le mot n’est
guère attesté en constructions libres, et se rencontre essentiellement dans des syntagmes
figés :
1.◆ Mettre à ban loc. verb. tr. Interdire l’accès (d’un terrain, d’un chantier, d’une propriété).
1 « Avec l’autorisation du président du Tribunal du district* de Boudry, M. Cl. R. met à ban le chantier de construction d’un immeuble locatif*. » Feuille officielle de la République et Canton de Neuchâtel, 8 décembre 1973, p. 889.
2 « Tout le quartier se gare chez nous, il faudra mettre la cour à ban. » Enq. CD/I, 1974 (NE Neuchâtel).
3 « Avec l’autorisation du président du Tribunal du district* de Boudry, l’Entreprise H. G. à Bevaix […] met à ban ses immeubles et terrains de Bevaix […]. En conséquence, défense formelle et juridique
est faite à toute personne de s’y introduire, sous réserve des droits des tiers. » Feuille d’Annonces du district de Boudry, 14 février 1975.
4 « Du reste, l’abbé de Saint-Maurice, seigneur temporel de la vallée, n’avait-il pas mis à ban les “à pic” [= escarpements abrupts] les plus dangereux et n’infligeait-il pas des amendes aux
contrevenants ? » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 15 avril 1976, p. 2.
5 « Avec l’autorisation du Président du Tribunal du district* de Boudry, la commune d’Auvernier met à ban toutes les vignes situées sur le territoire communal. » Feuille d’Annonces du district de Boudry, 27 août 1976.
6 « Avec l’autorisation de la présidente III du Tribunal du district* de Neuchâtel, [la compagnie X] met à ban ses terrains […]. » L’Express, 11-12 décembre 1976, p. 4.
↪ V. encore s.v. groise Rem.
◇ (En tournure passive ou en emploi participial)
7 « Le chantier de construction de l’Êcole primaire des “Prés Zuber” sera mis à ban. » Feuille d’Avis de Moutier, 27 mai 1971.
8 « En raison de travaux d’égalisation et d’ensemencement du TERRAIN DE FOOTBALL ce dernier est mis à ban jusqu’au 13 août 1971. » Le Courrier, 2 juillet 1971.
9 « Durant les semaines précédant la vendange les vignes sont mises à ban. » Enq. CD/I, 1974 (NE Neuchâtel).
10 « Les terrains mis à ban sont signalés. » L’Express, 11-12 décembre 1976, p. 4.
11 « En conséquence, défense formelle et juridique est faite à toute personne de s’introduire
dans les vignes mises à ban. » Feuille d’Annonces du district de Boudry, 27 août 1976.
12 « Le vignoble de Sion mis à ban. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 29-30 octobre 1977, p. 33.
◇ (Fig.) Interdit, aboli.
13 « Tous nous souhaitons et désirons que la violence soit mise à ban. » Nouvelliste du Valais, 19 août 1976, p. 22.
◇ Mise à ban loc. subst. Action d’interdire l’accès (d’un terrain, d’un chantier, d’une propriété).
14 « Si tous les membres connaissent le règlement qui régit cet étang, le public, lui,
en ignore les clauses, restrictives. Aussi est-il bon que chacun sache qu’un règlement
de mise à ban datant du 29 avril 1929 est toujours en vigueur […]. » Le Progrès, 15 mai 1971.
15 « À la requête des chemins de fer fribourgeois, à Bulle, le Juge de paix du 3e Cercle [= arrondissement] de la Gruyère, à Bulle, ordonne la mise à ban de l’art. 200 du cadastre de la commune de Bulle. » Feuille officielle du Canton de Fribourg, 22 septembre 1973, n° 38, f. 1138.
16 « Cette mise à ban consiste en bâtiments, terrains et gravières et est délimitée par cordon de protection. » Feuille officielle de la République et Canton de Neuchâtel, 8 décembre 1973, p. 889.
17 « Mise à ban / La soussignée Dame Br. W.-Gr., à Orvin, fait défense à quiconque de pénétrer avec
des véhicules à moteur lourds sur sa propriété […]. Les contrevenants seront dénoncés
au juge et passibles d’une amende de 1 franc à 40 francs. » Feuille officielle du Jura bernois, 24 avril 1974, p. 313.
18 « Des avis de mise à ban de ce genre sont publiés régulièrement par la Feuille officielle du canton. […] En
règle générale, le seul fait de consulter attentivement un panneau de mise à ban ne permet pas de déceler si le propriétaire a effectivement procédé dans les règles
de l’art et obtenu l’autorisation idoine. » L’Express, 26 janvier 1978, p. 3.
↪ V. encore s.v. amender.
◇ Être à ban loc. verb. Être interdit d’accès (d’un terrain, d’un chantier, d’une propriété).
19 « Ce pré est à ban. Il y a 20 fr. d’amende si on le traverse. » Enq. CD/I, 1974 (FR La Roche).
20 « Cette région est à ban, la chasse y est interdite. » Enq. CD/I, 1974 (FR La Roche).
21 « Comment savoir si un terrain ou une propriété sont effectivement “à ban” ? » L’Express, 26 janvier 1978, p. 3.
◇ À ban, formule signalant l’interdiction d’accès à une propriété.
22 « Par conséquent, le propriétaire a le droit, à partir de ce jour-là, de placer au vu
et au su de tout le monde le traditionnel panneau “À ban” interdisant l’accès à sa propriété. […] Ces fameux panneaux “À ban”, on les voit fleurir un peu partout : contre le mur d’enceinte d’une maison ou donnant
accès à une cour, contre une porte de garage, etc… » L’Express, 26 janvier 1978, p. 3.
2.◆ Lever le(s) ban(s) loc. verb. Lever l’interdiction d’accès aux vignes, quand celles-ci sont prêtes pour les vendanges,
permettre de commencer à vendenger.
23 « On levait comme ça les bans pour les vignes à raisins durs qui croissaient à mille mètres. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 171.
24 « On a levé les bans. La bossette* est placée sur les brancards d’un char à cheval. » IttÇà, 1975, p. 222.
25 « Ça y est ! Les bans sont levés. Vendangeuses et vendangeurs se sont éparpillés, dans les vignes, par bandes joyeuses,
sous le soleil ; […]. » Nouvelliste du Valais, 8 octobre 1975, p. 1.
26 « Chaque Conseil* communal lève ensuite les bans sur le territoire soumis à son administration, par une décision prise et publiée
par voie d’affichage public. » La Suisse, 14 juillet 1976.
27 « Au vu de l’état de maturité du raisin, les organisations professionnelles ont recommandé
aux communes de lever le ban des vendanges le 29 septembre pour tous les cépages. » Le Matin, 20 septembre 1993, p. 6.
◇ Levée du (des) ban(s) (des vendanges, des vignes) loc. subst. Levée de l’interdiction d’accès aux vignes, autorisation de procéder aux vendanges.
28 « Nous parlons en particulier de la garde du vignoble, de la mise [v. ci-dessus] et
de la levée des bans. » Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil, Neuchâtel, 1973-1974, p. 394.
29 « Le crieur public a annoncé la levée des bans de vendange. Une nouvelle ardeur s’empare alors de tous les vignerons du village. » E. Gardaz et al., Le Vin Vaudois, 1974, p. 118.
30 « Le problème de la levée du ban des vendanges sera examiné à cette occasion et des renseignements seront donnés à
chacun sur la séance qui a eu lieu au Château de Neuchâtel lundi 7 ct. à ce sujet. » Lettre du Conseil communal de la Commune de Bevaix (NE) à tous les propriétaires de
vignes et viticulteurs, 8 octobre 1974.
31 « Le Conseil communal a fixé la levée du ban des vignes de la manière suivante : / Rouge : dès le 8 octobre 1975 / Blanc : dès
le 10 octobre 1975. » Feuille d’Annonces du district de Boudry, 10 octobre 1975.
32 « L’an dernier, après les vendanges, plusieurs viticulteurs neuchâtelois furent traduits
en tribunal et condamnés à des amendes pour avoir vendangé avant la levée du ban prononcé par les autorités communales. » La Suisse, 14 juillet 1976.
33 « En ce début d’octobre 1927, bien avant “la levée du ban”, le matériel nécessaire pour notre journée de vendange était révisé. […] Dès la communication
officielle de la levée du “ban de vendange”, chacun participait aux divers préparatifs et travaux de la journée. » M.-F. Schenk, Notre autrefois, 1993, p. 65.
3.◆ (Par ext.) Ban n. m. Partie du territoire d’une commune dans laquelle les bans (interdiction de pénétrer)
s’exerçaient particulièrement ; finage*, partie du territoire communal qui n’est ni pâturage ni forêt de montagne.
34 « M. R. F., ingénieur, à Bienne, annonce officiellement la construction d’une maison
familiale sur la parcelle No 582, sise au lieu-dit “Sur-Montillie”, ban d’Orvin, suivant plans et profils. » Le Démocrate, 9 juin 1976, p. 11.
35 « M. J. M., conseiller, rapporta ensuite en ce qui concerne la demande de l’annulation
du droit de réméré de l’immeuble, feuillet No 1555 au lieu-dit Le Chênois, ban de Boécourt. » Le Pays, 20 janvier 1977, p. 4.
↪ V. encore s.v. aisance.
Localisation. Au sens 1 et 2, surtout 〈Canton de Neuchâtel〉 ; aussi connu dans 〈Canton de Vaud〉 (district de Grandson-Yverdon), 〈Canton du Valais〉, 〈Canton de Fribourg〉, 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉 et 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉. Au sens 3, 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉 et 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉.
Remarques. Les emplois du français général publier les bans (de mariage) et mettre (quelqu’un) au ban de la société sont aussi connus et usités en Suisse romande.
Commentaire. Emplois spécifiques à la Suisse romande d’un mot du français général. Première attestation
(sens 1, 2) : xve s., sous la forme mectre son ban pour les vendanges (v. Pier s.v. ban Hist. 1). Pour le sens 3, voir Pier s.v. ban 7° ; cet emploi a donné lieu en outre à de nombreux toponymes (v. GPSR 2, 220b).
On trouve dans TLF (s.v. ban1 II B) mettre à ban, mis à ban (en parlant d’une forêt ; cf. ci-dessus 1), mais l’unique citation (n° 11) révèle qu’il s’agit en fait d’un helvétisme
non identifié comme tel (« dans la haute vallée du Rhône »). Le français régional de France nous fournit néanmoins les données suivantes, à
rapprocher de l’emploi suisse romand (ci-dessus 1) : Grand’Combe ban “interdiction de mener paître le bétail”, Pontarlier à ban “se dit d’un sentier où il est défendu de passer”, Ramerupt à ban “se dit des bestiaux lâchés de l’écurie” (v. FEW 15, I, 50b, *ban 2 a). Le syntagme battre le ban des vendanges “publier le jour de l’ouverture des vendanges”, qui rappelle les données réunies ci-dessus 2, est cité dans TLF (s.v. ban1 I A I a) avec la marque « encore au xixe s. » ; le syntagme ban des vendanges est encore attesté de nos jours en Franche-Comté (DuchetSFrComté). Quant à l’emploi
classé ci-dessus 3, il s’approche du sens “ensemble des terres exploitables d’une commune”, donné comme régional (« Alsace, Lorraine, principalement pentes des Vosges ») par TLF (s.v. ban1 I C) ; cf. encore FEW 15, I, 50b, *ban 2 a et Pier s.v. ban 7° et DRF. On le retrouve aussi dans suissal. Bann n. m. “Gemeindegebiet” (Bâle, Argovie, Thurgovie et Zurich ; v. SchwId).
Bibliographie. SchwId 4, 1274 s.v. Bann 5 a ; Pier ; CollinetPontarlier 1925 ; BoillotGrCombe 1929 ; GPSR 2, 219a-221a s.v. ban ; FEW 15, I, 47-53, *ban ; MüllerMarécottes 1961, p. 218 ; TLF 4, 109b-111a s.v. ban1 ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; GassmannVully 1989 ; PLi depuis 1989 ; DudenSchweiz 1989 ; NPR 1993 ; DuchetSFrComté 1993 ; DRF 2001 ; GR 2001.
Copyright © 2022, tous droits réservés
|