remaniement parcellaire n. m.
◆ Réaménagement de surfaces agricoles ou viticoles, consistant en un regroupement de
parcelles morcelées et ayant pour but une exploitation plus rationnelle et plus rentable.
★ Le remaniement peut aussi faire suite à un projet de voirie, d’assèchement de marais,
etc. Remaniement parcellaire viticole. Remaniement parcellaire relatif au réseau des autoroutes.
Le syndicat du remaniement parcellaire. L’opposition au projet de remaniement parcellaire.
La commune va procéder à un remaniement parcellaire. ⇒ charmu ; parchet.
1 « C’est la ruine, Hermine. Oh ! elle a commencé par le remaniement parcellaire : la vigne qu’on m’avait donnée en échange de Combe-Vallière, elle se terminait à
un ravin, un courant d’air froid descendait de la montagne sous ces vernes* et ces bois carrés. » C. Colomb, Le Temps des anges, 1962, p. 157.
2 « On ne m’enlèvera pas l’idée de la tête : il nous faut rationaliser. Sur ce point,
oui, le remaniement parcellaire est une solution. Au lieu d’avoir cent petites parcelles on en aura deux ou trois
grandes. Ainsi, il sera possible de produire sur une plus grande échelle et mécaniquement. » M. Métral, Les Racines de la colère, 1971, p. 89.
3 « La sous-commission s’est vivement intéressée au problème des améliorations foncières
et du remaniement parcellaire, principalement dans la région du Val-de-Travers. Elle peut noter avec satisfaction
la bonne marche et l’avancement des travaux dans ce secteur. L’agriculture neuchâteloise
étant située pour la grande partie en zone de montagne, la production laitière et
l’élevage en reste [sic] l’activité principale. » Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil, Neuchâtel, 15 mai 1972, p. 66.
4 « Département* de l’intérieur et de l’agriculture / Entreprise de remaniement parcellaire des bois de Gy-Jussy-Presinge / Le comité de l’entreprise de remaniement parcellaire des bois de Gy, Jussy et Presinge, informe tous ses membres que l’assemblée générale
tenue à Jussy le 20 décembre 1972 a fixé au 1er janvier 1973 la date d’entrée en possession des nouvelles parcelles. » Feuille d’avis officielle de la République et canton de Genève, 12 janvier 1973, p. 25.
5 « Mais à l’automne, nous menions paître le bétail sur notre propre domaine. Avant le
remaniement parcellaire, chacun avait des petits champs appelés “bretelles”. Sous la pluie, avec nos longues pèlerines de loden ou nos vieilles capotes militaires
gorgées d’eau, nous devions être partout à la fois pour protéger un plantage [= carré]
de choux ou un champ de betteraves. » IttÇà, 1975, p. 129.
6 « Les remaniements parcellaires, introduits au xxe siècle, permettent de rationaliser le travail. Le vigneron qui avait 25 parcelles,
se retrouve avec deux ou trois surfaces beaucoup plus faciles à cultiver. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 91.
7 « Les remaniements parcellaires décidés en 1957-1958 sont maintenant terminés. La législation fédérale* prévoit que dans les régions extrêmement morcelées, aucun subventionnement [= subvention]
n’est accordé pour la création de chemins, de routes, sans qu’un remaniement parcellaire ne soit décidé. Actuellement, avant d’entreprendre un remaniement parcellaire, on exige un relevé du cadastre existant avec la liste de tous les propriétaires.
Si le remaniement parcellaire est décidé, les frais pour ce relevé de cadastre sont considérés comme des avances
de crédits ; en cas de refus, c’est le Service cantonal* du cadastre et la commune intéressée qui prennent à charge les frais occasionnés.
Aujourd’hui, il ne doit plus y avoir de remaniement parcellaire sans un plan d’aménagement du territoire. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 12 mars 1975.
8 « Puis, un jour, des hommes ont travaillé à la réalisation d’un remaniement parcellaire : calamité pour certains, ouverture pour d’autres. Bref, il y a quelques mois, les
220 ha de terre étaient remis définitivement à leurs propriétaires lors d’une sympathique
sortie. Voici l’histoire de ce remaniement parcellaire qui dura 17 ans et toucha 4 villages qui, aujourd’hui, ont repris goût et espoir
dans ce Valais où rien ne s’obtient sans peine. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 29 octobre 1976, p. 29.
9 « Le vigneron valaisan se distingue par son amour, hors mesure, du patrimoine. Très
attaché à l’héritage des pères et mères, de la parenté. La parenté de sang, de chair,
au village, dans les vignes, la parenté de terre. Cela explique ces nombreuses parcelles
formant des parchets*, des lieux-dits, appartenant toutes aux familles parentes et alliées. Cela explique
également les nombreuses oppositions aux remaniements parcellaires, rasant les murs, effaçant les limites, portant atteinte aux paysages de nos pères. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 116.
10 « [titre] Cortaillod attendait son remaniement parcellaire viticole depuis 1935. C’est fait aujourd’hui… » L’Express, 11 février 1977, p. 3.
11 « Durant le repas, il fut question d’un autre secteur important des améliorations foncières :
les remaniements parcellaires relatifs au réseau autoroutier. » La Gruyère, 10 septembre 1977, p. 9.
↪ V. encore s.v. consortage.
◇ (par ellipse) remaniement.
12 « Selon les plans présentés, il n’y aurait plus qu’une seule parcelle, une même pente,
les mêmes échalas à l’infini. Par principe j’étais en faveur du remaniement, mais je désirais qu’un minimum de plaisir esthétique soit prévu. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 15 septembre 1976, p. 15.
◇ (dans un contexte métaphorique)
13 « D’où nous viennent-ils, ces masques ? Sécrétés du plus profond de nous comme cire
d’abeilles ? Remaniement parcellaire instinctif de ceux et celles à qui on a appris à ne pas être soi-même ? Ou, au contraire,
décollés en fines pellicules de la surface de ceux qui nous font face et reconstitués
sur notre propre visage pour offrir à l’autre, dans toute la mesure du possible, un
visage où il se sente comme chez lui ? » A.-L. Grobéty, La Fiancée d’hiver, 1984, p. 419.
Remarques. Cf. encore réunion parcellaire n. f. “regroupement de parcelles morcelées” (« Le taux du subside peut être majoré lorsque la reconstitution ou la plantation est
combinée avec un remaniement ou une réunion parcellaire ou encore avec l’exécution en commun d’autres travaux de culture. » Journal de Sierre, 8 mai 1973, p. 2). — Correspond au français de référence remembrement n. m. “aménagement foncier qui consiste à grouper de petites parcelles, pouvant appartenir
à différents propriétaires, en parcelles plus grandes, de manière à obtenir une utilisation
plus rationnelle et plus rentable des sols” (TLF), terme inusité en Suisse romande ; on a aussi relevé regroupement parcellaire, attesté une fois dans Frantext (« La question de savoir si une terre inculte ou un bâtiment abandonné est susceptible
d’être remis en valeur est soumise à une commission communale de regroupement parcellaire, composée en partie d’agriculteurs intéressés à cette opération. » La Forêt française, 1955, p. 25).
Commentaire. Première attestation : 1907 (« Voulant éviter, au moyen de remaniements parcellaires, le dommage que cause à l’agriculture un trop grand morcellement de la propriété rurale
[…] » Bulletin officiel des lois du canton de Fribourg, loi du 17 mai 1907, p. 86). Innovation
de la langue administrative de Suisse romande ; emploi non critiqué par les puristes
et non ressenti comme régional. — À ajouter à FEW 6, I, 292a, manus I 1.
Bibliographie. Nic 1987, 1990.
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