joran n. m.
◆ Vent du nord-ouest, frais l’été et froid l’hiver, souvent violent, qui descend le
soir des hauteurs du Jura en soufflant sur le plateau ainsi que sur le lac Léman et
sur les lacs de Neuchâtel et de Bienne. Le joran se lève, le joran souffle. Les soirs de joran ; le souffle du joran. Le joran
du soir. Un coup de joran a renversé leur voilier. ⇒ bornan ; fœhn.
1 « Vers 19 heures, de gros nuages jaunes chassés par un léger joran se traînaient sur Cully [VD] et le lac. À 19 h. 15, les premiers grêlons se mirent
à tomber et devinrent rapidement très serrés. » La Tribune de Lausanne, 30 septembre 1959.
2 « Les hameçons ils les achetaient chez Recordon dans la ruelle, c’est là qu’elle allait
un panier au bras chercher du papier à lettres pour son fils en Amérique, et elle
ramenait sur ses épaules sa pèlerine de laine, car le joran se lève vers le soir, on entend de nouveau les anges, le bruit régulier de leurs
ailes puissantes. » C. Colomb, Le Temps des anges, 1962, p. 62.
3 « Au bout du lac le joran, annonciateur de tempête, faisait déjà moutonner les vagues qui s’assombrissaient.
Le phare d’alarme, à l’extrémité de la jetée, clignait par intermittence, tandis que
deux voiliers, rasant de toute leur toile la crête des lames, se hâtaient de rentrer
au port. » Fr.-Ch. Gehri, Un Sou d’or, 1974, p. 40.
4 « Ainsi, dans les phénomènes atmosphériques le vigneron craint plus que tout le joran [en italique dans le texte] qui souffle en rafales des pentes du Jura et arrache les bois naissants des ceps
comme il retourne les voiliers sur le lac […]. » CasaBevaix, 1976, p. 123.
5 « À 17 h 45, le vent se leva et prit de la force. C’était un fort joran. Rafales en saccades. […] 18 h 30 : c’est la furie. L’anémomètre du port du Nid-du-Crô
indique que les rafales de joran atteignent 80 km/heure. Les crêtes des vagues sont arrachées par le vent. La grêle
tombe. » L’Express, 16 juin 1980, p. 3.
Localisation. 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton de Genève〉, 〈Canton de Fribourg〉, 〈Canton de Neuchâtel〉 ; spor. 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉.
Commentaire. Première attestation : 1340 (v. Pier pour le détail des formes et des sens). Type
très bien attesté dans les parlers romands et relevé régulièrement depuis plusieurs
siècles en français régional de Suisse romande. Se rattache au même étymon pré-roman (probablement celtique) qui
a donné son nom au massif du Jura ; le joran est, proprement, le vent qui souffle
du Jura. — LittréSuppl 1877, p. 209a relève pour le Jura français la forme juron n. m. avec le sens de “vent d’est, dit aussi montaine” (manque à FEW 5, 82b, jŬris 2) ; en effet, de l’autre côté du Jura, le même phénomène météorologique donne lieu
à un vent qui souffle de l’est.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; GuilleDial 1825, p. 30 ; GuilleNeuch 1829-32 ; HumbGen 1852 ;
BonNeuch 1867 ; « Suisse romande » LittréSuppl 1877, p. 369c-370a ; Gdf 4, 657a ; BGPSR 1903, p. 63 et 1904, p. 14-16 ;
WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 130b ; Pier, PierSuppl ; FEW 5, 82b, jŬris 2 ; ZumthorGingolph 1962, p. 250 ; « Jura du Sud, rives du Léman » Lar 1962 ; IttCons 1970 ; ALJA q. 41, pt 24 ; « Jura du Sud, rives du Léman » GLLF 1975 ; « sud du Jura, lac Léman » GR 1985, 2001 ; « sud du Jura, lac Léman » PLi 1989 ; GPSR 5, 1120b-1122b, s.v. dzòra̩n ; Lengert 1994.
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