toupine n. f.
◆ Pot en grès doté de deux petites anses et parfois d’un couvercle, servant à conserver
de la graisse, des œufs ou d’autres aliments. Une toupine en grès. Une toupine de saindoux. ⇒ toupin.
1 « Disposez au fond d’une toupine en grès une couche de 6 à 8 centimètres de choux-raves ainsi découpés. Saupoudrez
de sel, auquel vous aurez ajouté 5 % de salpêtre. Il en faut une à deux bonnes poignées
par couche. Continuez de remplir la toupine de cette même façon par couches successives et ajoutez aux choux-raves de place en
place des baies de genièvre. » M. North, J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 168.
2 « Plus tard, nous avons retrouvé dans les affaires de tante Marguerite un bon petit
matelas de billets de banque, caché sous sa voilette empesée pire qu’un plastron de
sommelier, une toupine d’œufs en conserve, un sachet de pelures d’oignons et un cuir à rasoir. » IttÇà, 1975, p. 95.
3 « Placez dans une toupine un beau morceau de cou de porc baptisé “ayette”. » M. Vidoudez, J. Grangier, A la mode de chez nous, 1976, p. 98.
4 « Je ressors d’heureux souvenirs de jeunesse avec la toupine, cette jarre ventrue en grès bleuté qui est maintenant devenue une antiquité recherchée,
et dans laquelle ma maman mettait les œufs qu’elle désirait conserver, enrobés d’un
gel de silicate. » CuenVaud, 1991, p. 166.
5 « Quand il reste 30 litres dans le chaudron, il faut faire un petit feu et quand on
voit qu’il a la consistance voulue (pas trop clair et pas trop épais), on le met dans
des toupines et des litres. Le “ vin cuit ” se garde très longtemps. » Contact week end, 14 novembre 1995.
◇ (exceptionnellement) Tonneau dans lequel on laisse tremper une préparation de choucroute.
6 « Pour cette journée de l’agriculture, une démonstration de préparation de choucroute
est proposée par […]. Pour la fabrication, les gros légumes sont râpés finement et
déposés dans une toupine (tonneau), par couches assaisonnées de sel, cumin et grains de genièvre. » L’Impartial, 14 mai 2003, Archives (Internet).
Commentaire. Attesté en SR depuis 1698 : « Tu prendras une topine de terre et mettras des feuilles de vigne au fond, et des faseoles [“fèves” ou “haricots”]. » (Livre de receptes ce 15 juin 1698 pour Madame Catherine Mey Baronne de Montricher [VD], éd. Slatkine, 1999). Dialectalisme emprunté aux patois de SR où il est courant avec le
sens de “pot en grès pour conserver le beurre”. D’origine germanique (ancien francique *TOPPĪN “pot”), apparentée à l’all. Topf n. m. “pot”, cette variante féminine de toupin* apparaît dès le xive s. dans le Midi de la France. Étayé par un substrat dialectal solide, le mot est
bien implanté en français régional dans les domaines francoprovençal et occitan.
Bibliographie. « pot à beurre » Merle d’Aubigné 1790, p. 129 ; « toupine de beurre » DeveleyVaud 1808, n° 180 ; GaudyGen 1820 ; « toupine de beurre » DeveleyVaud 1824 ; « toupine de beurre » GuillDial 1825, p. 70 ; GaudyGen 1827 ; « toupine de beurre cuit » GuilleNeuch 1829-32 ; « toupine de beurre fondu » PeterCacol 1842 ; « toupine de beurre cuit, toupine de graisse molle » HumbGen 1852 ; « toupine de beurre » CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; « toupine de beurre cuit, toupine de saindoux » BonNeuch 1867 ; « toupine du beurre » PludFranç 1890, p. 14 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910 ; « toupine de beurre » PludFranç 1918 ; Pier ; « toupine de beurre fondu, toupine de saindoux » SnellGen 1960 ; FEW 17, 348ab, *TOPPĪN ; IttCons 1970 ; ChuardVaud 1979 ; « régional romand » Alpha 1982 ; « toupine de beurre fondu » ; Had 1983 ; Pid 1983, 1984 ; Merc1990 ; CuenVaud 1991 ; BlanchetProv 1991 s.v. toupin ; « région. (Provence, Sud-Ouest), Suisse » PLi 1997 ; « toupine, teupine ou topine » DeprazChablais 1998 ; DRF 2001.
Gisèle BOERI
Copyright © 2022, tous droits réservés
|