les citations
bedoume n. f.
(fam.) Personne sans intelligence, sotte. Vieille bedoume ! Quelle bedoume ! Bedoume, va ! Une grosse bedoume. ⇒ bobet ; bœuf ; daube ; niolu.
1 « Et ces filles catholiques vaudoises, les a qui veut, elles cèdent toujours. Des demeurées, des bedoumes ! » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 121.
2 « – Bedoume ! Si c’est pour dire des idioties pareilles, tu aurais mieux fait de rester à la maison. » R. Molliex, Chantevin, 1972, p. 111.
3 « Grand-maman Oin-Oin a 82 ans. Ne voilà-t-il pas que ma bedoume se casse le col du fémur. » E. Gardaz, Oin-Oin et ses nouvelles histoires, 1973, p. 173.
4 « Qui voudrait marier [= épouser] cette bedoume ? » Enq. CD/I, 1974 (FR Roche).
5 « Tu n’as pas compris, bedoume ! » Enq. CD/I, 1974 (NE Le Landeron).
6 « Ils ont une fille à marier, une seule, mais attention, une grosse bedoume […]. » IttÇà, 1975, p. 255.
7 « Tais-toi, “bedoume”, dit-il à la pendule. On sait bien qu’il est une heure, t’as pas besoin de le répéter trois fois… » J.-P. Moulin, L’Humour des Suisses, 1975, p. 21.
8 « Quel dommage que ce jeune homme soit amoureux de cette bedoume. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
9 « Je ne lui avais rien fait mais elle s’est mise à pleurer comme une bedoume. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
(except., en parlant d’animaux)
10 « Une fois ensonnaillées [= munies de leurs sonnailles], elles [les vaches] partent comme des sauvages. Mais si on les promène, elles font moins les folles, les “bedoumes”. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 132.
adj. (en fonction attribut). Être bedoume, avoir l’air bedoume. Elle est bedoume.
11 « Dans mon village, on en avait un de ces gars-là, un petit type un peu rougeaud, toujours tête nue, l’œil rigoleur, le visage mangé de barbe, les habits rapiécés. On disait de lui qu’il était “…un peu bedoume”. Un vieil innocent qui n’aurait pas fait de mal à une mouche et qui parlait souvent tout seul. » Courrier du Val-de-Ruz, 26 septembre 1986.
Localisation. Canton de Vaud ; également attesté partout ailleurs en Suisse romande (sauf dans le Jura), mais généralement perçu comme vaudois.
Remarques. Le mot s’applique surtout aux sujets féminins, mais plusieurs témoins affirment l’employer aussi en parlant de sujets masculins (v. par ex. dernière citation ci-dessus).
Commentaire. Premières attestations : 1867, BonNeuch (qui donne toutefois un sens différent : “femme ou fille sale, maladroite, paresseuse”) ; 1897, 1903 (avec le même sens qu’aujourd’hui, v. Pier). Emprunt au type dialectal bǝdoū̩ma, de même sens. Si le rattachement étymologique proposé par le GPSR est avéré, ce mot est apparenté à la famille de mfr. frm. badaud (FEW 1, 286ab ; ⇒ badadia) ainsi qu’à celle de mfr. bedier “ignorant, stupide” (FEW 1, 312a).
Bibliographie. BonNeuch 1867 ; OdinBlonay 1910, p. 45 ; Pier ; GPSR 2, 309-310 s.v. bǝdoū̩ma ; FEW 1, 286ab, batare IV et 312a, bed- ; ZumthorGingolph 1962, p. 242 ; IttCons 1970 (> DFV 1972 ; CuenVaud 1991) ; ChuardVaud 1979 ; Alpha 1982 ; Had 1983 ; Lengert 1994.
Pierre KNECHT
Copyright © 2022, tous droits réservés